Live Report

TYRANT FEST 2023 - JOUR 1 - 21/10/2023

 
TYRANT FEST SAMEDI 21 OCTOBRE

J’arrive, pour cette nouvelle édition du Tyrant Fest, pile à l’heure où débute le set du premier groupe programmé, les Parisiens de Deliverance. Si le combo a démarré sa carrière dans le post- black metal son dernier album en date, le très bon « Neon Chaos in a junk-sick dawn » montre une évolution vers des territoires plus sludge et doom. C’est encore plus manifeste sur scène avec un son lourd et poisseux. Le combo rappelle à certains moments de son set le Black Sabbath première période voire Pink Floyd lors d’envolées cosmiques du meilleur effet comme sur cette « Odyssey » longue de dix-sept minutes. Si Deliverance a évolué avec les années il reste un groupe toujours aussi intéressant qui mériterait de toucher un public bien plus large.

Suit le set des Américaines de Witching que je ne connaissais pas avant ce soir. Le groupe évolue au confluent du sludge et du metal 80’s avec en sus une grosse influence punk. La chanteuse du groupe a un charisme dingue et une voix extraordinaire. Un excellent groupe et une bien belle découverte.
A quelques jours de la sortie de leur troisième album Pénitence Onirique donne un excellent set. Le groupe évolue dans un registre entre black classique et post-black. On pense aux portugais de Gaerea tant musicalement que visuellement. Les blasts sont dévastateurs et d’une efficacité diabolique. Pénitence Onirique sait à la fois garder les fondamentaux du black tout en apportant au genre une approche plus contemporaine. Ce groupe, album après album, construit une carrière qui devrait faire d’eux l’un des fers de lance du black français.

On rate malheureusement ensuite le set des pourtant excellents Nature Morte la salle de l’auditorium étant blindée.
Puis vient Karras qui réunit trois poids lourds du metal : Diego Janson, Yann Heurtaux (Mass Hysteria) et Etienne Sarthou (Deliverane). Leur set est grandiose, peut-être le meilleur de la journée. Le groupe sonne deathn’roll. Ca joue à cent à l’heure avec une énergie folle héritée du punk. Les lignes de basse de Diego Janson sont sublimes, les parties de guitares de Yann d’une efficacité démoniaque et les plans de batterie de Etienne sont tout simplement phénoménaux. C’est bien simple : on croirait vivre en direct la résurrection de Slayer. Un set monstrueux.

Les Bordelais de Otargos sont des habitués du Festival car ils étaient déjà présents l’an dernier. Vingt ans après leurs débuts le groupe montre qu’il est toujours un groupe aussi excitant, peut-être moins black qu’à leurs débuts mais toujours aussi dark et extrême.

Suit ensuite le groupe tchèque Cult of Fire qui porte bien son nom car le combo a un statut culte depuis déjà de nombreuses années. Un privilège que d’assister à ce concert car les Pragois en donnent peu. La scénographie est assez kitsch avec deux guitaristes lovés dans des serpents avec en arrière fond un décor digne des Mille et une nuits. Musicalement le groupe évolue dans un black un peu grandiloquent qui pourrait là aussi être kitsch mais qui s’avère hyper jouissif. Un super concert de la part d’un groupe qui mérite clairement son statut culte.

Et on termine en beauté avec Enslaved. Depuis leurs débuts les Norvégiens ont pas mal changé musicalement. On est en effet loin aujourd’hui du black originel. Le groupe sonne presque classiquement heavy rappelant même souvent le heavy metal 80’s. On est d’autant plus loin du black que le groupe plaisante et s’amuse avec le public ce qui paraitrait incongru pour un groupe black. Un super concert de la part d’un groupe qui ne vieillit pas et qui a su se renouveler sans se trahir.

Une première journée parfaite s’achève.

 
Critique : Pierre Arnaud
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