Chronique

NAHEMAH - A NEW CONSTELLATION / Lifeforce Records 2009

Mesdames et messieurs, bien le bonjour. Allons de ce pas écouter la musique de voisins proches. Tapas y cerveza au programme. Niveau ambiance, faut pas s’attendre aux bodégas et leur fanfare de cuivres. Le quartet de NAHEMAH nous distille du black métal atmosphérique venu tout droit d’Alicante. Une formation créée en 1997, trois albums derrière eux pour en arriver à A NEW CONSTELLATION. De prime abord, chapeau bas pour le nom du groupe. Faut creuser très loin pour réussir à en connaître le sens ! Dans la démonologie du Livre des Splendeurs (Zohar pour le puriste), il existe 4 reines de démons qui mettent au monde leurs propres légions : Igrat, Mahalath, Nahemah et Lilith. Lilith, la femme ultime qui précéda Eve. Cette dernière était d’ailleurs l’épouse d’un certain Asmodée (dont j’ai récemment chroniqué une démo, TOTEMS OF AFFLICTION, petit clin d’œil pour vous, les gars). Trèves de galéjades et let’s go and rock’n’roll.

Tiens ? On m’a filé le mauvais cd. Intro super douce, avec un son travaillé de guitare, plein d’effets, ca va partir en électro. Ou en funk, au choix. ET BEN NON. Avec MUCH US, ils nous font glisser très finement vers un morceau mélodique en ternaire de la grande époque des Blackend et leurs SATYRICON, OPETH, DIABOLICAL MASQUERADE et j’en passe et des meilleurs. D’ailleurs le son, la voix, l’esprit me font vraiment penser à l’époque début 90 de la bande au fou génial Mikael Akerfeldt. La musique est magnifique, l’interprétation sans faille. On enlève le chant black et on a du rock progressif atmosphérique qui nous fait planer dans de très hautes sphères divines (peut être même une NEW CONSTELLATION). Vite, piste suivante pour voir si le joyau continuera de briller.
Joli nom, ABSYNTHE. On part sur le même ton mélodique, aérien, subtil dans les mélodies. Niveau composition, le choix n’est pas à l’alambiqué. On fait utile, efficace, judicieux. C’est vraiment beau et agréable à écouter. Le morceau coule sans aucune anicroche. Une fluidité rare dans ce style. Même un non initié au black tilterait sur la qualité des morceaux et des ambiances. OUI MESSIEURS DAMES, DU SAXOPHONE ! ! Du black jazz atmosphérique progressif avec des voix claires poignantes, qui viennent du fond des tripes. On plane réellement. La constellation n’est pas loin.
FOLLOW ME. Ca reste quand même du rock alors INTRO BATTERIE. Toujours ce son limite lounge en son clair qui émerveille par ce côté féerique. Le black n’est jamais bien loin mais les mélodies, même si, souvent du même acabit, imposent leur griffe, leur empreinte. Les nappes synthés utilisées magistralement, les chœurs « clairs » passent tout seuls. On ne sait même plus qu’on écoute un album de black. On est en plein DARK SIDE OF THE MOON sur les passages atmosphériques.
REACHING THE STARS enfonce le clou. Un ternaire fluide, doux, léger comme un vent astral. Les passages clairs me font penser à AEON SPOKE. Même qualité, même son planant. Que du bonheur.
Même quand ils s’énervent, ca reste beau. THE PERFECT DEPTH OF THE MERMAIDS. Caisse claire sur le temps, on balance. Mais non, toujours ce côté surréaliste au milieu des cieux. Les passages instrumentaux sont de vraies photos de ce voyage astral.
AIR. Ca confirme l’envol. Une instrumentale au saxophone. On navigue en plein délire de compositeurs géniaux et inspirés. Je m’éclate.
L’album suit ainsi cette magnifique ligne aérienne (haute tension). UNDER THE MOURNING RAYS, THE TRIP. SMOKE’S MEN nous surprend. Plus de chant black. Du chant parlé (un slam comme y dirait l’autre). Des nappes de clavier magiques, des petits oiseaux en fond. C’est féérique. Enchaînement sur un OUTER qu’on arrive même pas a différencier du morceau précédent tant la fluidité est présente.

Pour conclure, coup de cœur pour un groupe qui m’a fait renouer avec le black que je pensai à l’ancienne. C’est tout sauf du produit brut sans intelligence. Pas de solos, pas de blast. On s’en cague. Des alternances saturation - son clair si intelligemment joués qu’on a l’impression que ça a toujours été comme ca. On penserait même connaître déjà tant c’est fluide et savamment articulé. L’alternance des chants black et clair est aussi finement calculé mais le résultat n’en est que plus riche de simplicité. Les claviers, les passages jazz progressif atmosphérique. Le saxophone. Les instrumentales. Sincèrement, pour résumer, c’est beau, aérien, léger, frais, féérique, magique, astral. Le titre parle tellement : A NEW CONSTELLATION. CQFD. Mille mercis au combo espagnol qui m’a montré que ce style n’est pas propriété scandinave et qui m’a fait découvrir un black métal que je peux faire écouter à n’importe quelle oreille non initié pour prouver la musicalité régnante dans le métal. Niveau composition, recherche des mélodies et des sons, je les mets bien au dessus de beaucoup de groupes. J’attends la prochaine envolée astrale avec mes 4 bouffeurs de chorizo aux commandes. Impatiemment.
 
Critique : Burno
Note : 8.5/10
Site du groupe : My Space officiel
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