Chronique

SÓLSTAFIR - Í Blóði og Anda (IN BLOOD AND SPIRIT) / Season of Mist 2013

Où se situe exactement la frontière entre le black metal et le reste ? A quel moment considère-t-on qu'on a décroché d'un des deux registres fondateurs de ce mouvement que sont le punk hardcore et le deathmetal ? C'est un peu à cause de cet album que les questions se bousculent dans mon cerveau quand c'est avec le terme "black metal" bien entre guillemet que Season of Mist présente la ré-édition de l'album de ce groupe islandais, sortis en 2002.
Alors, reprenons les racines, les fondamentaux. Parmi les philosophies du black metal, une des plus connus est celle de Mayhem et consorts : faire la musique la plus violente et la plus bruyante possible. Et il faut dire qu'ici le contrat semble de prime abord, totalement remplit.

Cet album commence effectivement "Undir Jokli" qui démarre par un genre de stoner/crust punk pour matraquer très rapidement une musique haineuse et bruyante. Le son reste très léger, bien que produit dans le garage de grand mère, apparaît sans aucune forme d'esotérisme propre au black, mais envoit simplement un concentré de rage avec une voix qui s'égosille dans les aigues. A ce stade, que cela soit en islandais, en yiddish ou en indi, ça n'a plus réellement d'importance. Bref, une sorte de cliché de la catharsis dans le métal ; à s'en demander ce que Season of Mist a voulu montrer en ré-éditant cet album sortit en 2002. Mais il ne faut pas longtemps pour déceler les riffs dissonants et mélancoliques qui entre-croisent cette cacophonie verbale et aborder la seconde couche de cette musique qui se veut plus riche que cela. Alors, on continue !

Le titre éponyme "Í Blóði og Anda" développe un univers parallèle à la brutalité sauvage du premier titre. Un départ qui rappelle certains morceaux de Nirvana, un pont qui va faire apparaître des guitares claires, un solo complètement tordu (très loin du métal) ; on peut dire qu'il y a à boire et à manger.

Le décrochage continue avec "The Underworld Song" qui rajoute une grosse dose de post-rock à cet environnement pour un effet mélancolique bien marqué, pour au final un clin d'oeil très lointain à Bathory. Une intro magnifique de 2:30 pour un morceau de 4:22 qui se trouve essentiellement instrumental. Un recette qui marche et qui sera peut dénaturée par les quelques secondes sur lesquels notre ami chanteur s'égosillera un bon coup. Pour lui, de toute façon "Tormentor" fera office de session de rattrapage avec un morceau de Crust Punk imbibé de note sombre de black metal bien sale !

"2000 Ár" permet l'assimilation de l'univers musical du groupe avec ni plus ni moins que la reprise de l'ensemble des éléments précédents. Fin de la première partie. A partir de là, il ne reste encore quatre titres, mais de minimum 8:30 chacun et qui représentent ni plus ni moins que le gâteau... sous la cerise. Ce que fait de mieux le groupe se trouve ici. "Ei Við Munum Iðrast" fait une première transition avec l'incorporation d'inombrable passage à la guitare claire et à la mise en avant de la base, pour une atmosphère hypnotique. "Bitch in Black" voit débarquer... la voix claire ! type grunge/stoner dépressivo-alcoolique et qui va se superposer au reste. Un effet magique et qui ne marche bien qu'après avoir gober le torrent de violence de la première partie.

Intégralement instrumentale, si on omets le "chant parlé" qui s'y est inséré, "I Viking" verse dans un registre bien étrange, hypnotique et répétitif, et pourtant tellement accrocheur. Du Bathory se cache encore par-ci, par-là... "Árstíðir Dauðans" achève le bal avec un appui synthé pour un côté plus métal, plus classique, plus dark. Une sorte de digestif.

Conclusion : Solstafir est un groupe à découvrir pour ceux qui sont ouverts d'esprits et enclin à écouter une musique inventive dans la brutalité qu'on pourrait qualifier de Rock Extrême. La prod, très moyenne, fait parfaitement sortir le côté organique et vivant de la musique et ne génera plus dès la fin de la première écoute.

Enfin il me paraît important de signaler que "Svartir Sandar", album sortit en 2011, est disponible à l'écoute sur deezer. Avec une dizaine d'année de plus, le groupe s'est un peu calmé, un peu trop même, mais n'hésitez pas à poser vos oreilles dessus !


Tracklisting :
1. Undir Jokli
2. Blodi og Anda
3. The Underworld Song
4. Tormentor
5. 2000 Ár
6. Ei Við Munum Iðrast
7. Bitch in Black
8. Í Víking
9. Árstíðir Dauðans
 
Critique : Weska
Note : 7.5/10
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