Chronique

GHOST B.C - INFESTISSUMAM / Spinefarm records 2013

Le gros BOUM de l'année 2013 est sans aucun doute celui du groupe Ghost dans l'univers métal. Renommé Ghost B.C pour des affaires administratives pour l'export aux states, les suédois n'ont rien changé à la formule : Papa Emeritus au chant, devenu Papa Emeritus II, avec sa tenu de cérémonie et maquillage blanc de rigueur, et ses cinq "Nameless ghouls" masquées, limite camouflées, pour assurer l'instrumentation. Si le choc est esthétique, il est aussi musical car la musique proposée par le groupe est du doom metal, largement édulcorée au rock et au heavy metal des années 70, parfois même emprunté d'inspiration aussi "ridicule" que les Beach Boys.

L'introduction, nommée tout bonnement "Infestissumam" donne le ton. Des choeurs d'église, une batterie bien présente, limite punky, et une guitare principale à la mélodie douce et envoutante ; qui vont être suivi par un riff assassin sur le titre "Per Aspera Ad Inferi" (des sentiers battus jusqu'aux enfers, ndr) et bientôt la voix de Papa Emeritus qui se pose le temps d'un couplet sur une musique "bom patapom" complètement surréaliste dans le métal. Pour enfoncer le clou, il pousse les vocalises en choeurs, telle une messe, sur le refrain, et quand vous pensez avoir tout vu, vous avez de la dissonance, des textures inattendues, des effets aussi ridicule qu'efficace et un solo tout aussi saugrenu ; et dites-vous bien que ce mot là, je l'utilise pas souvent !

Mais quand on ne connait pas Ghost, c'est plutôt le terme qu'on utilise pour le titre "Secular Haze", le premier single du groupe. La brume séculaire est une expérience musicale unique et extrêmement difficile à apprécier. Comment peut-on donner du crédit à une musique qui reprend version horreur de la musique mécanique qu'on entend dans les manèges ? A coup d'orgue et d'effet multi-voix lancinante pour le chant, le groupe nous propose le metal le plus improbable que vous n'ayez jamais écouté.

Ce n'est pourtant pas fini, un peu plus loin le double titre "Ghuleh / Zombie Queen" démarre sur une poésie accompagné de piano, et de musique façon variété français des années 70 (!!!!), qui donnerait facilement des leçons au groupe My dying bride. La suite ? On reprend la rhytmique "bom patapom", comme les Beach Boys en enfer, pour atterrir sur le refrain monstrueux qui scande Zombie Queen avec un orgue et un effet vocal à couper le souffle.

BELIAL, BEHEMOTH, BEELZEBUB

ASMODEUS, SATANAS, LUCIFER

Voilà qui entame la procession du second single du groupe "Year Zero" à coup de Hail Satan et de répétition de cette incantation qui ne sortira plus de votre crâne. Le morceau est plus classique dans sa construction, mais n'en reste pas tout bonnement monstrueux avec des riffs accrocheurs, un solo entêtant et un décor apocalyptique sublime. Le chant, très année 80, new wave, donne un charme particulier à ce titre. Tout simplement génial.

Alors qu'est-ce qu'avons-nous omis à ce stade ? Peut-être la balade "Body and Blood" qui utilise le "clap" façon kitch sur le refrain, alors que les couplets pourraient ressembler à du Marilyn Manson. Ou alors peut-être le morceau le plus entêtant "Monstrance Clock" qui appelle à une seule et unique chose : apprécier l'album jusqu'à la dernière seconde et attendre la relecture !

Conclusion : Replay après replay après replay Ghost ne cesse de surprendre. L'ultra-cliché dans lequel s'est enfoncé le groupe tant au niveau costume que parole est contre-balancé par une musique inventive et accrocheuse qui saura ravir ceux qui aiment la musique facile d'accès ou qui ont envie de sortir de l'ordinaire.

Tracklisting :
1. Infestissumam
2. Per aspera ad inferi
3. Secular Haze
4. Jigolo har meggido
5. Ghuleh / Zombie Queen
6. Year Zero
7. Idolatrine
8. Body and Blood
9. Depth of Satan's Eyes
10. Monstrance Clock
 
Critique : Weska
Note : 10/10
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