Chronique

KRUGER - ADAM & STEVE / Listenable records 2014

Le sludge et le post-hardcore sont une denrée rare chez les seigneurs du métal, et pour cause, l'hyper agressivité et/ou l'hyper dépressivité font des morceaux dur à avaler et souvent très longs. Le quintet suisse que forme Kruger maîtrise cependant très bien cet art grâce à des riffs dissonants qui tapent dans le bide et à une batterie qui claque bien dans les dents.

Par contre, en plus d'adhérer au registre, il faut se faire aux vocalises de Renaud qui ont tendance à exploser le micro. On en sait quelque chose puisque nous avions eu l'opportunité de les croiser à l'occasion d'un concert de Gojira en 2012, et visiblement, c'est pas du goût de tout le monde.

C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de commencer par "Farewell", l'instrumentale outro qui permet aux oreilles sensibles de s'immerger dans l'univers musical de Kruger et d'apprécier les compositions du groupe sans la chant abrasif. Avec quelques arrangements synthétique, la musique gagne en profondeur tout en restant organique, donc dans le thème de l'album.

Après cette cure de riff, il vous faudra retenir une minute votre respiration des oreilles pour encaisser "Bottoms up" et sa décharge de rage. Ce chaos post-hardcore ne laissera certainement pas indifférent mais il ne faudra pas bloquer sous peine de passer à côté de quelques pépites. Je parle ainsi des incontournables "Discotheque", "Charger" et "Herbivores". Etirée sur une durée de 6 à 8 minutes, la musique prend une dimension progressive tant il est difficile de raccorder les thèmes entre eux. Herbivores propose l'expérience la plus insolite car il vire la notion de refrain et pousse encore plus loin la sensation de liberté et de chaos, ce qui n'est pas sans rappeler ce qu'on trouve chez des groupes comme Neurosis et Tool qui mangent bien le cerveau.

Si dans la plupart des titres, l'ajout de chant clair ou semi-clair fait bien passer la pilule, j'aurais en revanche eu plus du mal sur "The wild brunch" plus orienté RADIO EDIT. Cela signifie donc qu'on peut survivre au mur de son et apprécier le chaos musical qui est dépeint. Finalement, le retour à la normalité est difficile tant la mayonnaise prend bien.

Conclusion : Sur ce cinquième album, Kruger propose de bien plus progressif et fouillé que ce sur quoi j'ai posé mes oreilles. L'agressivité exacerbée de Renaud au chant peut causer quelques chocs esthétiques, mais réserve quelques surprises intéressantes. Voici donc un skeud sur lequel il vous faudra absolument poser les oreilles. Pour le meilleur, je vous le souhaite !

TRACKLISTING :  
1)BOTTOMS UP
2)DISCOTHEQUE
3)ADAM AND STEVE
4)CHARGER
5)MOUNTAIN MAN
6)THE WILD BRUNCH
7)HERBIVORES
8)FAREWELL



 
Critique : Weska
Note : 8/10
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