Chronique

DAGOBA - TALES OF THE BLACK DAWN / Verycords 2015

Après un très bon Post Mortem Nihil Est et un non moins excellent cd/dvd live au Hellfest (tous deux chroniqués dans votre webzine préféré), Dagoba revient sur le devant de la scène (même si le combo ne la quitte que très rarement, hormis pour composer) avec un Tales Of The Black Dawn attendu pour le 22 juin.
Encore plus qu'avant, par la qualité de ses prestations scéniques et de ses produits, le groupe est très attendu. La rançon de la gloire, dirons-nous.

Ce qui est sûr, c'est que le groupe a franchi un palier, que même les plus sceptiques ne peuvent que constater. A la fois sur le fond et sur la forme, Dagoba frappe de plus en plus fort et est de plus en plus précis. Clips, photos promos, présence sur les réseaux sociaux, festivals, tournées à venir (notamment en ouverture de Moonspell), il est difficile de ne pas succomber à la vague (méditerranéenne bien entendu) Dagoba !

A l'instar de Poseidon et Post Mortem Nihil Est, ce Tales Of The Black Dawn n'est pas un concept album à proprement parlé, mais c’est presque tout comme, car il est impossible de ne pas être saisi par l'ambiance homogène du disque. Dix titres (dont une intro) composent cet opus pour une quarantaine de minutes de furie (contre les vampires).
En effet, vous l'aurez compris, nous sommes ici en terrain vampirique, sentiment appuyé par la (finalement officielle) pochette de l'album. Cependant, ce n'est pas vers le côté romantique de « Entretien avec un vampire » qu'il faut (s'at)tendre, mais plutôt vers la violence du film « Une nuit en enfer ».

Vu qu’on ne change pas une équipe qui gagne, Shawter a une nouvelle fois confié son bébé (musical) à Logan Mader ; tout comme il l’avait fait pour le précédent album (idem pour les enregistrements des instruments principalement gérés par le chanteur marseillais). De ce fait, même si le sujet principal est différent, nous restons en terrain connu et ce Tales Of The Black Dawn pourrait même être assimilé à la part. II de Post Mortem Nihil Est. Attention, je parle bien là de la forme et non du fond.

Justement, au niveau du fond et des qualités intrinsèques de l’album, on peut dire que le groupe a tout compris en terme d’« effet catchy ». Ainsi, le premier titre dévoilé fut « The sunset curse », et ses magnifiques alternances chant guttural / chant clair d’un Shawter au top de sa forme et de ses vocaux. Via le sampler Rock Hard ou le « official lyric video clip », ce morceau est un des plus accessibles de la galette, tout comme l’étaient « Black smokers » (Poseidon) ou « The great wonder » (Post Mortem Nihil Est). Malins les Marseillais ! Et n’en déplaise peut-être aux fans de la première heure, sachez que cela fonctionne impeccablement. A l’instar d’In Flames, par exemple, Dagoba a adapté son style et sa musique à son époque, et même si l’évolution avec l’album précédent ne crève pas les yeux, force est de constater que si la formule fonctionne, autant l’utiliser avec talent et intelligence. Ce que font Shawter et sa bande ici.

Plus en détails, « Epilogue », l’intro de l’album fera sourire les Provençaux, car cette atmosphère leur rappellera assurément les nuits d’été qui commencent à arriver chez nous.
« Half damn life » matraque à tout va, comme si le groupe voulait remettre les pendules à l’heure chez ses fans moins réceptifs à l’aspect catchy du track précédent. Circle pit à l’horizon les amis ! On enchaîne avec « Eclipsed » qui envoie également du très lourd avec des blasts dont Franky a le secret. Mais finalement ce ne sont pas ces derniers qui font la force de ce titre, en effet, le côté mid-tempo sur le refrain permet de renforcer la puissance de ce titre. De plus, passées les deux minutes, une superbe ambiance instrumentale se met en place avec un lointain esprit Jedi et une sublime mélancolie. Beau travail tout en subtilité et émotions.

Tel un pieu planté par une célèbre chasseuse de vampires, « Born twice » déboule à toute vitesse. Le jeu de Z est rock et entraînant à souhait, quelle énergie ! C’est d’ailleurs en cela que l’arrivée de ce nouveau gratteux a amplifié la puissance du groupe, mais l’a également énormément variée. Si le public veut de nouveau faire un circle pit sur ce titre, les metalheads ont intérêt à cavaler ! Dans un tout autre registre, « The loss » suit. Je n’irai pas jusqu’à parler de ballade, mais Dagoba s’essaie à un exercice beaucoup plus lancinant et émotionnel, même si le début du morceau tend vers tout l’inverse (intro rapide et indus). Un exercice que l’on doit peut-être à Logan Mader, tant l’ensemble sonne très ricain. L’ambiance de l’intro est de retour pour « Sorcery ». Dans un esprit plus traditionnel chez le combo, quelques sons et effets viennent ajouter de l’originalité. Le refrain, quant à lui, est plombé de chez plombé ! Franky et Werther n’y sont pas étrangers, car ça cogne fort et sec, mais sur d’autres passages, les musiciens font montre d’une vélocité incroyable.

On reste dans la puissance et la rapidité d’exécution avec « O inverted world ». Hormis la maîtrise des trois musicos, c’est surtout vers Shawter qu’il faut se tourner. En effet, son chant est tout simplement parfait (comme sur tout l’album d’ailleurs). Puissance, tenue de notes, mélodie, justesse, il gère tout et très bien. Pour ceux qui le connaissent un peu, vous ne serez pas surpris, car le gaillard n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Autant dans sa vie perso que pro, Shawter est un gars de défis, qui ne rechigne pas à la tâche et qui se donne les moyens de progresser et de réussir. En vrai passionné et acharné, il peut être fier de son boulot, tant le résultat est bon. Tout simplement. On passe à « The dawn » qui marque le retour du chant clair, que, vous l’avez compris, j’affectionne tant. Profondeur, richesse et mélodie sont tant de valeurs ajoutées et c’est pour cela que j’aimerai en entendre beaucoup plus souvent… On termine cet album avec « Morning light », dont il est le titre le plus long avec plus de six minutes au compteur. Le chant de Shawter semble mixé différemment car il ressort beaucoup plus brut de décoffrage que sur les précédents. Musicalement, des effets de synthés indus feront penser à Rammstein par moments, pendant que la deuxième partie du refrain possède un côté très heavy et tandis qu’un passage mélancolico-atmosphérique au piano clôt ce titre. Preuve que jusqu’au bout, le groupe joue la carte d’un mélange d’ambiances certes risqué, mais assumé et assuré avec maestria.

Conclusion :
Finalement, même si à la première écoute, vous ne serez pas énormément surpris, ce disque est beaucoup plus riche et profond qu’il n’y paraît. En effet, cette non surprise est un leurre, tant une certaine subtilité se dégage au fur et à mesure des écoutes. Le groupe a franchi un nouveau palier, cette fois-ci dans la maîtrise, la composition et l’exécution de morceaux de plus en plus variés. Ces derniers possèdent, effectivement, plusieurs niveaux et intérêts qu’il vous faudra découvrir, puis appréhender pour, au final, les apprécier à leurs justes valeurs. Qu’on se le dise, Dagoba a encore les crocs et vous saignera jusqu’à la dernière goutte. Ail, pieux, croix, rien n’y fera. Vous aurez été avertis !
 
Critique : Secret Sfred
Note : 9/10
Site du groupe : Myspace du groupe
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