Chronique

ORAKLE - Eclats / Apathia records 2015

Certains albums prennent la poussière sur mon bureau après une première écoute non probante. Parce qu'il faut de l'ouverture d'esprit, parce qu'il faut aussi apprécier la musique sous un autre angle, plusieurs écoutes intrigantes et beaucoup de temps ont été nécessaires avant de pondre ce billet. Il vous faudra au moins cette maturité pour accrocher à ce simili black metal progressif que je vais vous décrire, mais surtout à ce chant en français parfaitement déroutant. Bref voyage avec Orakle.

Opeth à la française
Un titre bien réducteur, mais non moins un compliment. Issu de l'underground parisien avec un black métal relativement conventionnel, cette fine équipe développe désormais une musique à la structure sophistiquée, massivement dopée au rock progressif avec un soupçon de pop, d'acid jazz et de doom. (L'effet Solefald ?)

Et s'il est un gros K I F F, c'est bien la virtuosité des instruments et ce plaisir d'encaisser dissonances, mélodies lentes ou rapide, ruptures, contre-temps, le tout dans une harmonie, une cohérence qui scotche écoute après écoute. A ce titre, Bouffon existentiel qui serait une torture pour n'importe quel novice, se mute en une pure pépite de métal lors de la lecture en boucle. Riche, puissant, varié et surtout... jamais entendu !

Orakle chante en français, je dis OUI !
En plus de la nouveauté dans le son, il y a ce fameux chant en français. Lorsque l'album démarre, Solipse met particulièrement mal à l'aise, mais le phénomène s'évanouie dès l'excellent Incomplétude(s). A partir de là, l'expérience devient unique et personnelle. Je trouve la musicalité des textes et leurs mises scènes très réussie, surtout comparée à toutes les horreurs dont le métal francophone est pourvu. Mieux, l'impression de qualité incite à aller consulter les paroles, ce dont on se moque en général, en particulier dans le métal extrême. De quoi parle Mayhem ? Tais-toi et monte dans le bus !.

Production too much ?
Je pourrais être dithyrambique sur la production si je ne craignais pas l'expérience live. Le résultat si bon que la musique se transforme en comédie musicale, au décor palpable. L'album entier est enrobé d'un grand nombre de détails, de surperpositions de voix, de jeux à 2 guitares, d'interventions du claviers, de choeurs qui pourrait donner une expérience décevante en live. Mais quand on imite du suédois, il faut le faire jusqu'au bout hein ! (Petit tacle à In Flames et Soilwork, et paf !)

Conclusion : J'ai écris ces lignes en faisant tourner en boucle une merveille de 12minutes appelée Humanisme vulgaire. A l'image de l'album, c'est du pur bonheur de musique progressive extrême. Besoin d'un bol d'air frais, écoutez Orakle. Je vous invite vraiment à découvrir ce petit bijoux sur deezer pour vérifier mes dires.

Tracklisting
1.Solipse
2.Incomplétude(s)
3.Nihil incognitum
4.Apophase
5.Le sens de la terre
6.Aux éclats
7.Bouffon existentiel
8.Humanisme vulgaire

 
Critique : Weska
Note : 8/10
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