Chronique

FEAR FACTORY - GENEXUS / Nuclear Blast 2015

Voici une sortie qui m'a laissé bien perplexe. Qu'est-ce que l'usine de la peur a forgé qui n'a pas déjà fait et refait ? Depuis le retour de Dino Cazares en 2009, les californiens labourent nos oreilles avec le death métal industriel le plus puissant et le plus surproduit de toute leur carrière. Recyclant leurs meilleurs idées depuis Demanufacture, sorti en 1995, j'ai été surpris de lire sur le communiqué de Nuclear Blast "We wanted to create a new hybrid[...]It's the next evolution of Fear Factory". Ouais... et donc ?

La connexion entre l'homme et la machine
Le concept Genexus

Comme pour marquer une nouvelle ère, le double F stylisé quitte la pochette au profil du thème de l'album, la Singularité. Cette nouvelle étape dans notre évolution, où l'homme deviendrait de plus en plus machine, et la machine plus humaine au point que plus personne ne soit capable de déceler la différence.
A travers la production la plus organique de toute l'histoire du groupe, cette singularité trouve sa meilleure expression. Le 5ème homme, Rhys Fulber, propose un synthé beaucoup plus présent tant sur le plan orchestral que sur le plan industriel. L'auditeur est capté dès le début de l'album sur les arrangements d'Autonomous Combat System où le synthé porte le titre jusqu'à se fondre avec la guitare.

De ce côté là, Dino Cazares développe la froideur avec un son plus claquant, puis compense grâce à un grain beaucoup plus gras et ample, à la limite du son brûlant de Meshuggah. Il est d'ailleurs possible de dénicher quelques belles syncope qui décollent la rétine. Et cela serait aussi deshumanisé que les suédois s'il n'y avait pas eu cette effort d'insérer plus d'accord de puissance qui rajoute encore de l'amplitude par rapport au son monocorde, faisant d'un titre comme Genexus un pur bonheur. En bout de course, cette nouvelle panoplie permet de donner une nouvelle dimension à des titres très classiques comme le très teenager et jumpy Soul Hacker.

Un peu de self-plagiat, mais du bon Fear Factory
Voilà d'ailleurs le reproche global que j'ai à faire à l'album. Malgré un fabuleux outil de production, les américains font du sur place dans la composition musicale. Un point qui me surprend toujours alors que Dino Cazares a transcendé les frontières du death/indus dans son projet Divine Heresy. Je vais même jusqu'à dresser un carton jaune pour Protomech, un pur self-plagiat du surpuissant Powershifter de l'album Mechanize... GrRrRrrR.

Heureusement, tout le monde ne sera pas aussi tatillon. Il faut tout de même noter que Genexus est beaucoup moins linéaire et répétitif que ces deux prédécesseurs car il ratisse large dans les expériences passées du groupe. Par conséquent, la lecture en boucle est tout à fait envisageable. Alors que les hits commerciaux sont comme toujours en début d'album, la fin de l'album garde une certaine tenue. Church of execution sonne comme un pur single Nu Metal, et c'est justement ce qui en fait le charme. Regenerate dispose du refrain au chant clair-semi clair le plus accrocheur du groupe et d'un pré-refrain typé Machine Head qui décoiffe. Que dire encore du titre Expiration date qui conclut l'album sur un slow atmosphérique pénétrant et doux interpété par un duo synthé voix magistral.

Conclusion : Le duo C.Bell/Cazares franchit à nouveau un cap en terme de production tout en restant fidèle à sa musique. Et donc si l'évolution était leur objectif, une simple optimisation de process ne suffit pas à camoufler le métal industriel qu'on leur connaît. Pour le meilleur ou pour le pire, Genexus est "juste" un excellent Fear Factory.

Track list:
1. Autonomous Combat System
2. Anodized
3. Dielectric
4. Soul Hacker
5. Protomech
6. Genexus
7. Church Of Execution
8. Regenerate
9. Battle For Utopia
10. Expiration Date
Bonus Track
11. Mandatory Sacrifice (Genexus Remix)
12. Enhanced Reality
 
Critique : Weska
Note : 8.5/10
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