Chronique
MESHUGGAH - THE VIOLENT SLEEP OF REASON / Nuclear blast 2016
Les pendules à heure
Jusqu’ici personne parmi les Seigneurs du Métal ne s’était risqué à chroniquer Meshuggah. Véritable laboratoire musical, les suédois développent depuis près de 30 ans un metal extrême progressif et avant-gardiste. Leur approche rythmique très complexe, amélodique, n'a vraiment percée que sur le marché U.S., aboutissant à un nouveau genre : le djent. En référence au son caractéristique d'un coup sur la 8ème corde de leur guitare.
Mis bout-à-bout, Meshuggah est froid, mécanique, torturé, en opposition au traditionnel naturel et harmonieux. Pourtant, rien ne semble dépeindre avec autant de pertinence la réalité de la condition humaine dans la société moderne. J'en veux pour preuve cette huitième contribution au titre très évocateur...
The violent sleep of reason
...qu'il aura fallut une fois de plus attendre quatre longues années. Le processus de production est d'autant plus long que le groupe a tenu à effectuer des échantillonnages live afin de les incorporer en studio. C'est ce que prend le temps d'introduire Clockworks qui dévoile alors un son bien plus organique et chaud que le standard du groupe. L'innovation en soit est maigre, mais donne un sacré coup de groove à la musique, surtout quand des titres comme MonstroCity travaillent des riffs plus accessibles mais particulièrement lourd.
Autre élément en toile de fond, les solis malsains et les mélodies stridentes.
Systématiques, ces singularités en comparaison de la carrière du groupe sont le reflets de la contribution de Dick Lövgren, le bassiste, aux compositions du batteur Thomas Haake. Que cela soit tiré ou non de sa formation jazz, le résultat est au final un ressenti encore plus torturé et encore plus progressif. La musique prend enfin vie, même si c'est pour prendre la mesure du monstre éponyme Violent sleep of reason qui colle la chair de poule.
Dix titres, et pas une seule fausse note. Tout instrument confondu. Ou pour le dire autrement, le frontman Jens Kidman fait encore des merveilles. Rappelant le Meshuggah de Destroy Erase Improve et Nothing, il s'est appliqué à être lui aussi un instrument à percussion qui assène sa verbe comme autant de coup de bambou dans la face. S'il arrive à sublimer le riffing pachydermique de By the ton, il transforme le dernier titre Into decay en véritable fin du monde.
Conclusion : Il suffit de se pencher sur Nostrum pour comprendre que Meshuggah a encore un train d'avance. Vétéran, mais loin d'être has been, les suédois coiffent au pilori les Animals as leaders, Textures et autres Periphery. The violent sleep of reason représente l'équilibre parfait entre le parcours d'une carrière, la course à l'innovation, et ce qui semble une évidence, l'apport d'un certain degré de mélodie qui leur permettra enfin de conquérir ces marchés européens et japonais qui leur échappe.
Jusqu’ici personne parmi les Seigneurs du Métal ne s’était risqué à chroniquer Meshuggah. Véritable laboratoire musical, les suédois développent depuis près de 30 ans un metal extrême progressif et avant-gardiste. Leur approche rythmique très complexe, amélodique, n'a vraiment percée que sur le marché U.S., aboutissant à un nouveau genre : le djent. En référence au son caractéristique d'un coup sur la 8ème corde de leur guitare.
Mis bout-à-bout, Meshuggah est froid, mécanique, torturé, en opposition au traditionnel naturel et harmonieux. Pourtant, rien ne semble dépeindre avec autant de pertinence la réalité de la condition humaine dans la société moderne. J'en veux pour preuve cette huitième contribution au titre très évocateur...
The violent sleep of reason
...qu'il aura fallut une fois de plus attendre quatre longues années. Le processus de production est d'autant plus long que le groupe a tenu à effectuer des échantillonnages live afin de les incorporer en studio. C'est ce que prend le temps d'introduire Clockworks qui dévoile alors un son bien plus organique et chaud que le standard du groupe. L'innovation en soit est maigre, mais donne un sacré coup de groove à la musique, surtout quand des titres comme MonstroCity travaillent des riffs plus accessibles mais particulièrement lourd.
Autre élément en toile de fond, les solis malsains et les mélodies stridentes.
Systématiques, ces singularités en comparaison de la carrière du groupe sont le reflets de la contribution de Dick Lövgren, le bassiste, aux compositions du batteur Thomas Haake. Que cela soit tiré ou non de sa formation jazz, le résultat est au final un ressenti encore plus torturé et encore plus progressif. La musique prend enfin vie, même si c'est pour prendre la mesure du monstre éponyme Violent sleep of reason qui colle la chair de poule.
Dix titres, et pas une seule fausse note. Tout instrument confondu. Ou pour le dire autrement, le frontman Jens Kidman fait encore des merveilles. Rappelant le Meshuggah de Destroy Erase Improve et Nothing, il s'est appliqué à être lui aussi un instrument à percussion qui assène sa verbe comme autant de coup de bambou dans la face. S'il arrive à sublimer le riffing pachydermique de By the ton, il transforme le dernier titre Into decay en véritable fin du monde.
Conclusion : Il suffit de se pencher sur Nostrum pour comprendre que Meshuggah a encore un train d'avance. Vétéran, mais loin d'être has been, les suédois coiffent au pilori les Animals as leaders, Textures et autres Periphery. The violent sleep of reason représente l'équilibre parfait entre le parcours d'une carrière, la course à l'innovation, et ce qui semble une évidence, l'apport d'un certain degré de mélodie qui leur permettra enfin de conquérir ces marchés européens et japonais qui leur échappe.
Critique : Weska
Note : 10/10
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