Chronique

THREAT SIGNAL - DISCONNECT / Agonia records 2017

Threat Signal, c'est la voix Jon Howard. Une voix unique et reconnaissable entre mille dans la sphère métal pour une certaine similitude avec feu-Chester Bennington de Linkin park. C'est aussi une attente de six ans pour ce quatrième album, une véritable éternité. Changements de line-up, projets parallèles et problème de label ont inlassablement repoussé l'enregistrement en studio. Cependant le résultat avec est sans appel : ça en valait la peine ! Moins un baroud d'honneur qu'un travail d'orfèvre, Threat Signal signe avec Disconnect son œuvre la plus aboutie, taillée pour relancer le groupe sur les routes. Metalcore, Death mélodique, ou Djent, peu importent les étiquettes. Threat Signal est au-dessus de la mêlée. Et va le rester.

Pas de hasard dans cette introduction pleine d'emphase. Les canadiens ont toujours réussi dans le mélange du répertoire de leur continent avec celui, très singulier, et surtout très technique de la Suède. Depuis l'album éponyme sorti en 2011, leur musique cumule une approche très mélodique typée Soilwork, les puissants groove cyber-metal de Fear Factory, et, avec l'acquisition de la guitare sept cordes, Travis Montgomery s'est vu inspiré d'une flopée de riffs djent Meshuggah-esque qui s'allient à ses talents de soliste.

Dès le premier titre Elimination process, Disconnect mets tous ces ingrédients sur la table avec toujours des mélodies accrocheuses et directes ainsi que cette dualité groove/thrash qui entraîne irrémédiablement du headbang. Mais c'est certainement Exit the matrix qui met la barre le plus haut avec de multiples changements de breaks, pour ne pas dire des fractures sur fond de riff pachydermiques. Là-dessus, le solo tient une tirade importante, presque aussi centrale que le refrain qui fait office de cerise sur le gâteau. Ah ça, le nouvel album profite pleinement des passages aériens sans équivoque développé par Jon Howard dans ces projets parallèles, et tout particulièrement avec Vise Versa, le groupet Nu-metal fondé en 2014 avec l'ex-Dagoba Eddie Chaumulot.

Cet excellent début demeure sans grosse surprise à la première écoute. Pourtant il y souffle déjà un vent frais de progressif qui devient une évidence à partir de l'autre titre phare de l'album : Aura. Avec une structure plus complexe, il parvient à effectuer une série de transition qui transforme un assaut furieux en un récit plus posé sur lequel repose un pari risqué. Une ambiance déprimante très Nu-metal croise le fer avec un jeu à deux guitares inspirés du heavy metal. Ironiquement, la fin termine sur une explosion, une image de chaos induite par un arpège qui offre une transition naturelle vers Betrayal, moment de mélancolie parfaitement inattendu guidé par la guitare sèche.

A bien y réfléchir, dans l'artwork comme dans la musique, Disconnect annonce le changement de cap. Le chaos et la fatalité sont devenus en un coup de peinture le monde des possibles, un monde de technologie et de science. Le bleu domine la page, évoquant tant la précision que la complexité technique. Threat Signal a franchi un cap important sans rien sacrifier du caractère accessible de sa musique. Aux plus audacieux de découvrir ce que cachent les dix minutes de Terminal madness.

Line-up :
Chant - Jon Howard
Guitare - Travis Montgomery
Basse - Pat Kavanagh
Guitare - Matt Perrin

Tracklist :
01. Elimination Process
02. Nostalgia
03. Walking Alone
04. Exit the Matrix
05. Falling Apart
06. Aura
07. Betrayal
08. Go Thine Own Self Be True
09. Dimensions
10. Terminal Madness

 
Critique : Weska
Note : 9/10
Site du groupe : Page Facebook
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