Chronique

AMORPHIS - QUEEN OF TIME / Nuclear Blast 2018

Dire qu’AMORPHIS ne fait pas comme les autres est un doux euphémisme. Album après album le groupe repousse les frontières de sa musique. Évoluant vers le folk, le progressif, le groupe fait de tout. Et après l’excellent « Under The Red Cloud » il est clair à présent que ce « Queen of Time » amorce un nouveau cycle pour le groupe.

Dès le premier extrait « The Bee » mêlant claviers plus électro avec orchestrations et ce chant guttural sublime de Tomi Joutsen, le ton est donné. On a même droit à du « chant de gorge » c’est dire. Mais vient ensuite le deuxième extrait « Wrong Direction ». Excellent certes mais très classique pour AMORPHIS, on peut facilement le rapprocher de « Sacrifice » de l’album précédent.
Ainsi je m’attendais à un album somme toute assez classique. Et bien pas du tout.
On a évidemment des morceaux qui restent du bon métal mélodique puissant, type « Message in The Amber », très mélodieux, doux et brutal à la fois, avec un piano envoûtant. Même le dernier extrait, le duo avec Anneke van Giersbergen sur « Among Stars » est superbe mais moins surprenant car on en a déjà eu un sur l’album précédent. Je tiens à dire que j’adore ce morceau mais le chant de Anneke m’agace toujours autant.

Mais alors où sont les changements que le groupe nous a promis ? Et bien par exemple sur « Daughter of Hate » où on aura un saxophone, sortie de nulle part et qui apporte une ambiance jazzy magnifique. Bluffant car pour le coup vraiment inattendu, même au niveau du chant. On aura un solo de oud sur « The Golden Elk » avec une orchestration orientale très belle. Depuis « Death of a King » le groupe semble vouloir explorer ces sonorités et ils font ça à merveille je dois dire.
Pour cela ils ont fait appel à un orchestre qui m’était familier. En effet quand j’ai entendu les chœurs sur tout l’album ça me faisait penser à ceux du dernier Orphaned Land. Et bin comme quoi je suis pas con : c’est les même !
Le Orphaned Land Orchestra et les chœurs de Hellscore ont participé au dernier Orphaned Land et ce AMORPHIS. Et le résultat du travail de ces chanteurs a-capela Israéliens est époustouflant. Écoutez juste « Heart of The Giant » pour avoir une idée de la puissance que le groupe arrive à dégager avec son orchestre. Le son de l’album est parfaitement équilibré mais il vous faudra un bon système pour profiter entièrement de la qualité des compositions.
D’une manière générale, AMORPHIS a trouvé son son. Vous saurez que c’est eux à chaque note mais le groupe mue, grandi et les résultats sont toujours inattendus et réussis. « Pyres on The Coats » en est une bon exemple. Parfois brutal, parfois posé, parfois symphonique, mais toujours beau et cohérent dans son exécution.

On retrouve aussi notre cher Chrigel Glanzmann et ses flûtes sur une bonne partie de l’album et il joue toujours aussi bien le gonze, surtout sur « Among Stars ».
La version digipack dispose de deux morceaux bonus « As Mountains Crumble » et « Brothers and Sisters » » qui sont pas mal pour le premier et excellent pour le deuxième.

En un mot comme en cent, cet album est une réussite. L’ajout de l’orchestre apporte beaucoup mais sans éclipser la musique des finlandais. Ils ont su incorporer intelligemment d’autres instruments pourtant pas commun dans la sphère métal et arriver à quelque chose de cohérent et racé.
Alors oui cet album est plus complexe, plus brutal mais aussi plus mélodieux, beau, riche. Il m’a fallu plusieurs écoutes avec un bon son pour finalement apprécier toutes les subtilités de ce monument. Respect.
 
Critique : SBM
Note : 9/10
Site du groupe : Site Officiel
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