Chronique

MONOLYTH - A BITTER END - A BRAVE NEW WORLD / Season Of Mist distribution 2018

Monolyth est un quintette picard qui officie, certes un peu en dents de scie, depuis 12 ans, sous des line-up fluctuants. Donc, comme le groupe n’a finalement pas produit grand’chose pendant tout ce temps, (un album avec un line-up diffèrent, deux maxis avec juste un bout du groupe actuel et donc cet album avec pas moins de trois petits nouveaux) j’ai presque envie de l’écouter comme un premier essai. Nous sommes donc dans la catégorie melowdeath (bien plus sympa que sa cousine popbrutal qu’il faudra songer à inventer un jour) un genre dont le fer de lance incontesté reste In Flames (cette décision est personnelle certes, mais je ne suis pas le seul à le penser donc zut). Le groupe a l’avantage de ne pas être constitué de débutant et on sent bien que tout le monde sait de quoi il parle et que le langage du groupe est plutôt très affirmé. La voix, mélange hurlé-chanté avec des chœurs, se tient très bien et l’anglais ne fait pas peur à ces Français capables de se frotter à des productions européennes de qualité sans rougir une seconde.

On est dans le registre sophistiqué et agressif de A à Z avec une palette de jeu plutôt ouverte et variée, qui sans révolutionner le genre donne envie de les voir sur scène vu que ça joue très bien, mais vraiment très bien. « Alors ? » Me direz-vous (vous qui me connaissez surtout car oui, en effet, il est facile de se laisser embarquer par un album mais ça mérite toujours de pointer ce qui déconne, non pas pour faire chier mais dans le cas présent, pour justifier que cet album qui dans l’absolu mériterait un bon 8/10 ne récolte finalement qu’un injuste 6). Alors, le souci c’est le son. Autant le groupe est très au-dessus du metal moyen français (oui), autant ils sont allés faire faire leur album aux States (parce que c’est classe) par un mec qui mixe à vue de Google maps dans le pavillon de banlieue de ses parents… et ça c’est moins classe. Soyons clair, si vous voulez profiter de cet album, mettez le loudness à fond parce qu’il n’y a pas de bas dans le mix (mais vraiment pas) et au bout d’un moment ça tire les oreilles.

Donc c’est certes super classe sur le dossier de presse de dire qu’on a fait mixer son album à Philadelphie, mais franchement mes oreilles auraient préféré un studio à St-Ouen qui bosse bien à un amateur éclairé qui a ses quartiers dans une banlieue pavillonnaire à une grosse demie-heure de caisse de Phillie. Ne vous laissez donc pas rebuter par une prod’ qui mériterait clairement un remix tant ce qui est sur le disque est bon. Allez les voir sur scène, payez-vous des vacances en Picardie pour leur payer des verres (ou leur filer des adresses de studios en France, même moi j’en ai pleins et pas plus chers que le guignol qui sous-traite dans son garage et leur a pris leur pognon). Attention donc : groupe méritant.
 
Critique : Thomas Enault
Note : 6/10
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