Chronique

RAGARAJA - EGOSPHERE / Autoproduction 2019

Rãgarãja est un combo venant tout droit de la capitale. Formé en 2014, leur premier EP Sheïtan est sorti en 2015. Avec son style metal prog et son chant rap, en français, on peut clairement constater qu’ils savent se démarquer.

Est-ce que ce mélange sortant de l’ordinaire fonctionne sur ce premier album Egosphere ? La réponse est incontestablement OUI ! (à condition d’adhérer au style évidemment)

Une petite intro à l’atmosphère pesante, puis nous passons aux choses sérieuses avec Premier souffle, dès les premières notes, ça s’annonce lourd, mélange de djent et de prog pur et dur, un chant plein de hargne, une diction saccadée, appuyée, ça prend direct aux tripes ! C’est à la fois violent et très mélodique, j’ai vraiment hâte de découvrir la suite. Vagabond, avec ses quelques touches plus électro, offre une espèce de férocité supplémentaire, j’ai l’impression de me prendre une tempête en pleine face (n’ayons pas peur des mots !) Riffs, plus « simples » sur Chrysalide, mais ces notes au synthé apportent une ambiance plus lugubre, presque malsaine pour accompagner parfaitement ses paroles. Martyr reste dans le même ressenti, des lyrics toujours aussi prenantes, une instru toujours aussi puissante. Les débuts de Pornocratie sont presque « aériens » … mais dès que le refrain se lance, on se retrouve pris dans une espèce d’aura oppressante et paradoxalement, on s’y sent bien ! Egosphere est tout aussi intéressante bien que plus légère musicalement, jusqu’à l’outro massif et son chant oriental ; déconcertant ! Le combo excelle vraiment dans l’art de nous transmettre toute une palette de sensations, rage, souffrance, mal-être, etc… c’est subtil et différent au fil des morceaux. Fractale balance tout autant ! Ce qui est surprenant avec Rãgarãja, c’est que les morceaux ont la même structure et que sincèrement, on aurait pu trouver le tout redondant à la longue, mais pas du tout ! Les titres se suivent mais ne se ressemblent pas ! Naufrage est plus posée lors de la première partie mais une sorte de souffrance, de mal-être, prend alors le dessus sans qu’on s’en aperçoive et nous laisse cois. Le dernier morceau (officiel) Sarcophage, semble être une sorte de condensé de ce que le groupe nous a proposé lors de ses 8 précédents morceaux, avec un supplément de riffs orientaux, tout y est bien dosé, bien exécuté, un titre vraiment bon ! En parlant de supplément, vient la « bonus track » Singe suprême. Et là, bim ! Surprise ! on avait déjà parlé du côté rap, on le ressent encore plus présent ici avec un petit extra de metalcore. Personnellement, j’ai moins accroché sur ce morceau, peut-être à cause de ces nombreux mélanges de style. Mais soyons honnêtes, mon avis est subjectif, certains le trouveront meilleur que les autres !

Conclusion : Effectivement, ce mélange metal prog, voire néo-metal et son chant rappé, fonctionne vraiment bien, c’est à la fois entraînant, puissant, brutal et mélancolique. Pour un premier album, le groupe a tapé fort ! Je pense que cet album est franchement conçu pour la scène, il doit y avoir un sacré partage d’énergie entre le combo et son public, en tout cas, les morceaux s’y prêtent. Je conclurai par le fait qu’il faut en avoir une sacrée paire pour écrire ses paroles en français, peu de groupes se risquent à l’exercice, probablement parce qu’en règle générale, on est moins exigeant lorsqu’ils sont dans une autre langue. Rãgarãja a osé et ils ont bien fait, lorsqu’on se penche dessus, on se rend compte que les textes sont très poétiques et à la hauteur de leur musicalité, c’est-à-dire, pleine d’émotions.
 
Critique : Anais
Note : 7.5/10
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