Chronique

KILLING JOKE - LORD OF CHAOS (EP) / Spinefarm Records 2022

Killing Joke est de retour ! Qu’on se le dise, certes avec un EP mais il paraît qu’il ne faut jamais dire du mal de quelque chose qu’on attendait même si ça ne prend pas la forme qu’on souhaitait sous peine de briser l’élan positif enclenché. Donc soyons heureux soyons fous et remercions les cieux vu que depuis 2015 on n’avait plus rien à se foutre sous la dent de la part des 4 Britanniques.

Alors certes je suis enthousiaste mais c’est en partie par superstition. Vu le nombre de fois ou Jaz Coleman (démiurge s’il en est de la meilleure blague qui soit depuis celle imaginée par Monthy Python – et qui elle aussi était meurtrière) a finalement choisi de se concentrer sur ses autres activités (littéraires, conférencières, symphoniques, politiques, dramatiques, magiques, mystiques, autocentrées,… T’en veux ? Il en a), maintenant qu’on a ces 4 titres, NE GACHONS PAS LE PLAISIR !

OK gâchons-le.

Déjà il n’y a pas 4 titres mais 2 nouveaux plus 2 remix à la noix de boudin. Des versions, pseudo Electro dub, de « Delete » et « Big Buz » viennent étoffer ce retour sur la pointe des Doc Martens et soyons clair, on s’en tape autant que d’une version two steps du « Suffer the Children » de Napalm Death ou d’une parodie disco Metal de « You’re in the Army now » de Status Quo (On me glisse à l’oreille que Sabaton l’a fait et que finalement ça vaut largement le reste de leur discographie mais… On s’en fout quand même). Les deux titres en question donc, issus du dernier album « Pylon » de 2015 sont excellents et le sont dans leur forme originale, la version « Ibiza Indie Club » est au mieux rigolote, en réalité… dispensable, sauf pour faire une blague à vos amis qui aiment la Dance Music. On a tous les loisirs qu’on peut je ne juge donc pas (j’admets je juge un peu).

Concentrons-nous donc sur les miettes qu’on nous envoie (2 titres en 7 ans c’est toujours mieux que ce que Robert Smith propose aux fans de The Cure). « Lord of Chaos » et « Total » sont deux titres totalement en dehors du temps qui pourraient tout à fait dater de 1979… avec une prod qui lorgne vers «  Extremities, Dirt, etc ». A part « Fire Dances » (et encore pas tout) je n’ai que rarement été déçu par la disco de Killing Joke (sauf quand il y a des remix de merde qui font que le mot « remplissage » prend un sens envahissant). Mais là, j’ai l’impression de rajeunir de 30 piges en un coup de baguette magique, merci pour l’acné. Les toms de Paul Fergusson accrochent en mode obsessionnel avec ces coups de boutoir caractéristique façon cavalcade effrénée, la basse de Youth (un surnom devenu embarrassant depuis un moment admettons-le) oscillant entre contre-temps pseudo simplistes et martèlement indispensable et les guitares de Geordie Walker noyées dans des nappes de chorus et flangers hypnotiques alternant accords frappés et arpèges déliquescents… Du Killing Joke qu’on pourrait penser scolaire mais qui se réinvente tout en revenant aux sources. Jaz restera toujours Jaz et la scansion chamanique sur à-plats de clavier reste un plaisir que seuls les initiés connaissent et ne seront donc pas déçus bien au contraire.

Alors voilà c’est très bon, c’est très peu, c’est déjà beaucoup, « c’est » comme disait Heidegger qui en connaissait un rayon sur les verbes à potentiels philosophiques. On va pas se plaindre parce que c’est comme retrouver un vieux pote qu’on n’espérait plus croiser et ça fait un bien fou. Mais oui, ça c’est les petits fours, donc vivement le plat principal parce que là, on en bave de joie.

8/10 (techniquement on devrait noter sur 2 mais faites la règle de 3 et pi basta)
 
Critique : Thomas Enault
Note : 8/10
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