Interview

STRYKER (2012) - Gérant de la boutique Sabre-Tooth

Le gérant de la boutique Sabre-Tooth (Dent de sabre) à Marseille, Philippe Galas -alias Stryker- figure emblématique de la scène metal-punk marseillaise se livre sans détour.

Comment en es-tu arrivé à écouter du metal ?
J'ai eu mon premier disque de hard-rock il y a 30 ans. Pour mon anniversaire, j'avais demandé Kim Wilde et ma tante m'a offert « For those about to Rock » d’AC/DC. Je venais d'avoir 13 ans et j'avais mis le doigt dans l'engrenage du Rock'n'Roll. Pendant des années, j'écoutais les émissions de radio (6 marseillaises et 2 nationales). Dès que je le pouvais, j'achetais les magasines Enfer Magazine, Metal Attack, et aujourd'hui Rock Hard, Hard rock, Metallian. Un peu plus tard, je me suis mis à écouter du punk et du hard-core. Mais aujourd'hui, je préfère toujours le Heavy Metal et le Thrash, tout en étant ouvert à bien d'autres styles, tels que l'électro-metal, surtout en live.

Quelle est ton implication dans ce milieu?
En 1989, j'ai intégré l'association Rocklife : concerts à La Maison Hantée (un par mois pendant 4 ans), déplacements en cars pour aller voir les gros concerts à Paris, soirées (comme "Ondes de Choc" du label Roadrunner) et fanzine.
En 1995, Rocklife s'est arrêtée et le Club Hard Rock Marseille est né, avec des concerts plus importants (Nightwish, Morbid Angel, Dark Funeral, Moonspell...).
De 1996 à 1999, j'ai tenu le bar metal associatif Codex Demonicus, où j'organisais également mes propres concerts.
De 1989 à 2011, j’ai fait la sécurité et le roadie sur plus de 200 shows metal punk régionaux.
Depuis 1999, j’ai ouvert le magasin spécialisé metal punk « Sabre-Tooth », où je propose plus de 5000 références en disques Vinyls et CD, et en accessoires.
Je participe souvent à la promotion de concerts et d'évènements, et pas mal de groupes viennent aussi me faire écouter leurs démos pour avoir mon avis.

Quelles ont été tes meilleures rencontres ?
Lemmy et Phil Campbell de Motörhead, Nina de Skew Siskin, Mike Muir et Steve Brunner de Suicidal Tendencies, Tony MacAlpine, Charlie Harper de UK Subs (qui m'a dédié un concert à Londres car je lui avais amené des habits de l'OM pour son fils supporter du club), Paul Di Anno premier chanteur d’Iron Maiden.
Il y a aussi de nombreux jeunes qui venaient à nos premiers concerts et qui passent régulièrement me voir au magasin. C’est vraiment un milieu musical où il y a beaucoup de gens fidèles.

Comment juges-tu la scène metal sudiste ?
Notre scène est un peu comme toutes les scènes. Il y a ceux qui se bougent pour la faire vivre, il y a ceux qui supportent beaucoup en achetant les articles des groupes et en allant aux concerts. Et enfin, il y a ceux qui ne font rien d'autre que de se plaindre qu'il n'y a rien. Quand tu vois les affluences à certains concerts, c'est affolant : AC/DC vient pour la première fois ici, le stade n'est pas complet. Marilyn Manson, Metallica, n'ont pas rempli le Dôme. Le public se bouge de moins en moins pour aller aux concerts. D'ailleurs de nombreuses tournées nous évitent soigneusement.
Outre le gros noyau d'irréductibles qui sont présents depuis de longues années sur les événements, j'ai souvent l'occasion de rencontrer des jeunes hyper motivés qui ont vraiment envie de voir le plus de groupes possible et de faire avancer les choses. Certains créent même des associations pour s'impliquer et organiser des concerts. Il y a 10 fois plus de concerts de nos jours, mais le public n'a pas augmenté dans les mêmes proportions.
Nous arrivons aussi à avoir des groupes comme Dagoba et Eths qui ont une présence internationale et qui tirent dans leur sillage de nombreux groupes se disant : "c'est possible de réussir !". A Marseille se trouve aussi un des plus gros labels français Season Of Mist qui produit des groupes d'envergure mondiale.
Je pense qu'il suffirait de quelques bonnes volontés de plus pour pouvoir inverser la tendance.
 
Critique : Secret Sfred
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