Interview

SUPERSCREAM (2017) - Le trio

Six ans après un premier album prometteur, « Some Strange Heavy Sound », les rouennais de Superscream nous reviennent avec un disque encore plus abouti, « The Engine Cries ». Un superbe album de metal-prog, varié et intelligent. Nul doute qu'avec ce second opus, Superscream va devenir un groupe incontournable de la scène française.

« Vous venez de Rouen. Ce n'est pas très métal comme ville, non ? »

Superscream : « Détrompe toi. Il y a une vraie scène métal à Rouen mais malheureusement peu de lieux pour jouer. C'est carrèment difficile pour un groupe de metal de trouver de bons lieux de concerts dans cette ville, surtout depuis que l'Exocet n'existe plus. »

« Pourquoi a-t-il fallu attendre six ans pour que « Some Strange Heavy Sound » trouve enfin un successeur ? »

Superscream : « Le premier album était un projet sur lequel on a travaillé avec des musiciens de studio, des amis avec lesquels ils nous arrivent de jouer. Après, il y a eu des changements de line-up dans le groupe. L'écriture nous a pris neuf mois. L'enregistrement a été long parce que nous avons d'autres activités musicales en dehors du groupe. Et aussi parce que nous avons voulu la perfection tant pour le son que pour la pochette. »

« Vous faites un metal-prog très original dans lequel on trouve des éléments world même s'il y en a moins sur ce disque que sur le précédent. »

Superscream : « Au contraire, il y en a plus dans cet album que dans le précédent. Le théme de « Pandora » en lui même est world. Les percus sont plus présentes sur ce disque que sur le premier. Après les éléments world apparaissent de façon moins évidente que sur le premier mais il y en a davantage. C'est vrai aussi que sur cet album l'identité hard-rock est plus évidente que sur le premier. »

« On entend l'influence Faith No More, surtout au niveau des vocaux. »

Superscream : « Oui, c'est vrai. Au chant il y a des trucs gueuler comme des trucs plus nasals. Des évolutions vocales comme le faisait Mike Patton. »

« La production du disque est extrêmement soignée. »

Superscream : « Le mix fait partie de notre vision. Il y a eu trois mix au total pour cet album. La façon dont on l' a masterisé a permis de le magnifier mais c'est un travail énorme. »

« Votre disque dépasse le genre metal. Il peut sûrement même plaire à un public bien plus large que le public metal. »

Superscream : « Le premier album était plus expérimental. Ce disque est plus accessible pour le grand public. Les mélomanes ne sont pas tous métalleux. Il y a des gens qui nous écoutent qui n'écoutent pas de metal. Il y a des idées reçues comme quoi le metal serait forcèment violent ce qui n'est pas le cas. Nous, on est un peu différent de cette scène. Quand tu vois un groupe comme Ghost il y a aussi cette influence 70's que nous avons. Des influences rock classique à la Led Zep. »

« Il y a même un côté jazz sur « Wise Out ».

Superscream : « De par nos boulots de musiciens, nous sommes très eclectiques dans ce que nous jouons. On a joué dans des groupes de jazz, des groupes latino-festif. On se nourrit des projets les uns des autres. »

« Le morceau fait aussi penser aux Goblins, le groupe prog italien qui faisait les BO des films d'Argento. »

Superscream : « C'est un hasard absolu. On ne connait pas ce groupe. Tu nous feras écouter ? Les gens voient plein d'influences dans l'album que nous ne voyons pas toujours à part Led Zep bien sûr, je te rassure. »

« Où l'album a-t-il été enregistré ? »

Superscream : « Nous l'avons enregistré chez nous. On a emmenagé notre appart en studio d'enregistrement. Cela prend plus de temps que dans un studio classique mais le son est aussi bon. On ne voulait pas comme sur le premier album de programmations. On avait du bon matos ce qui nous a permis d'arriver à ce résultat. »

« Il y a aussi un côté New Wave of British Heavy Metal dans ce disque. »

Superscream : « Nous avons baigné là dedans donc obligatoirement. Nous avons été influencés par Judas Priest. La découverte de ce groupe lorsque nous étions au lycée a été énorme pour nous. »

« Le visuel est super soigné et fait très prog 70's ».

Superscream : « Nous voulions faire un bel objet avec des matières nobles, des matières en carton. Nous sommes allés voir des gens qui faisaient des trucs surréalistes. Nous cherchions quelque chose dans le style Dream Theater mais différent néanmoins. Nous voulions une pochette à l'esprit très prog. Nous avons construit tout un univers autour de cela, univers que nous reproduisons sur scène de manière différente. »

« Que signifie le titre de l'album « Angel Cries » ?

Superscream : « Difficile à expliquer. En gros, cela parle de la dépression, d'être dans un cercle vicieux où l'on ne voit pas la lumière avant de sortir enfin la tête de l'eau. Il y a aussi l'idée de faire hurler le moteur, l'idée des difficultés à naviguer dans les remous. Nous savons pourquoi cela nous parle mais c'est dur à définir de manière explicite. »

« Dans vos concerts, le côté visuel est très important. »

Superscream : « En voyant Alice Cooper au Hellfest il y a deux ans, nous avons eu un choc. Il y a autant à regarder qu'à écouter lorsque tu le vois sur scène. On voulait faire un truc dans ce genre. Aujourd'hui c'est le cas dans nos concerts. Nous les scénarisons, changeons de costumes tous les 2,3 morceaux. Les morceaux eux mêmes sont reliés entre eux par une ambiance. Nous avions également l'ambition d'illustrer nos morceaux. »

« Quels groupes appréciez-vous dans le metal français ? »

Superscream : « Même s'ils sonnent très différents de nous, nous aimons beaucoup Gojira et Mass Hysteria. Nous ne connaissons pas trop la scène metal française en fait car elle est en général beaucoup plus extrême que le style que nous faisons. Nous aimons bien Nightmare aussi. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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