Interview

CYLEW (2017) - Tout le groupe

Le nouvel album de Cylew, « Mot3l » qui sort dans quelques jours est une vraie réussite. Un très bel album qui fleure bon le meilleur du rock US et les grands espaces. Un disque qui montre que les groupes français n’ont pas de complexe à avoir par rapport au meilleur de la production américaine. Le groupe au grand complet, Lady Cylew, Kriss Kilong et Arno Bascuñana nous ont parlé de sa genèse.

« Il s’est passé cinq ans depuis « Black lace prophecy ». Pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps pour voir la sortie de ce nouvel album ? »


« C’est d’abord une question de timing. Arnaud a son boulot d’ingénieur- son et il est nécessaire de trouver du temps. On a aussi pas mal tourné après « Black Lace ». Il y a aussi le fait qu’on a senti que pour cet album, on avait mis le doigt dans un processus qui serait assez long. Les chansons sont passées par plusieurs étapes. On a eu la chance d’avoir du temps devant nous ce qui nous a permis d amener les titres aussi loin que ce que l’on voulait. Le temps de création a duré trois ans mais en cumulé cela ne représente que six mois. »

Comment voyez-vous le disque par rapport à « Black Lace Prophecy » ? Quelle a été l’évolution du groupe ?

« C’est une continuité même si avec « Mot3l », on a davantage travaillé à trois. Le disque est plus classique dans ses sonorités. Il n’y a quasiment pas de son de synthé alors qu’il y en avait sur « Black Lace ». C’est un disque plus brut. Aujourd’hui, Cylew est vraiment devenu un groupe à part entière. Avant c’était plus Lady Cylew accompagnée de musiciens de studio. »

« Le disque sonne très rock US. Cela vient-il du fait que tu as vécu aux Etats-Unis ? »

Lady Cylew : « J’habitais aux Etats-Unis lorsqu’il y a eu l’explosion grunge. Cela m’a marqué et reste ancrée en moi. Je ne sais d’ailleurs pas si je pourrais faire un style musical différent. Arnaud a également beaucoup d’influences US, donc oui c’est sûr qu’il y a ce côté là dans le groupe. Nous avons des influences grunge mais plutôt le côté mélodique du grunge, plus Soundgarden que Nirvana. »

« Et la ville de LA où tu vivais t’influence-t-elle musicalement et dans ton écriture ? »

Lady Cylew : « Cette ville m’a forgé. J’y ai passé mon enfance et une bonne partie de mon adolescence. J’y ai de la famille. Mais je suis plus inspirée par le désert, les grandes étendues que LA. »

« A propos de grandes étendues, on peut voir le disque comme un road-trip. »

« Il y a dans l’album la notion d’états, comme les différents Etats américains. Cette idée de changer d’état par la route mais aussi de façon métaphorique, de changer d’état mental. Nous sommes conscients qu’il y a des couleurs différentes tout au long des plages qui composent l’album. Beaucoup trop de disques restent dans le même style musical d’une chanson à l’autre. Nous voulions un univers de road-trip mais également évoquer les différentes étapes ou moments de la vie. »

« Le disque est rock mais il y a aussi des ballades comme « Sun ». Es-tu dans un état d’esprit différent lorsque tu composes une ballade ? »

« C’est une histoire de ressenti. Il n’y a aucun calcul dans ce groupe. On a trouvé tout de suite l’âme de ce morceau. On a gardé beaucoup de spontanéité tout au long de l’enregistrement de l’album. Les guitares de « Sun » viennent de la première prise. On a souvent voulu garder la fraicheur des premières prises. »

« Pourquoi ne pas être allés enregistrer le disque aux Etats-Unis ? »

Arnaud : « Nous sommes à Paris et en plus j’ai mon propre studio. Je connais bien les Etats-Unis, le son US. Le matériel étant le même partout, cela ne change rien de produire un album ici ou là-bas. On serait allés à l’étranger si on avait pris un producteur étranger. Autrement, ce n’est pas la peine. Mais même si je suis producteur, le travail sur ce disque a vraiment été collectif. »

« Vous composez tous les trois au moment de l’écriture ? »

« Lady est venue avec un paquet de chansons déjà écrites. Sur cette base, on jamme. Dès que l’on sent qu’un truc se passe, on restructure la chanson. Les morceaux peuvent bouger. Une ballade peut devenir un morceau mid-tempo. La technique que nous avons nous permet d’expérimenter à l’intérieur des morceaux. Rien n’est figé. »

« Arnaud, tu as travaillé avec des gens aussi différents que Deportivo, Luke, M. En quoi ce travail te sert dans ce que tu fais avec ton propre groupe ? »

Arnaud : « J’ai eu la chance de travailler avec pas mal d’artistes. Cela me nourrit. Une bonne chanson reste une bonne chanson quelque soit le genre musical. Je suis en train de finir un album de musique cubaine. A la base, je ne suis pas branché cuivres mais ça m’apprend beaucoup. J’aime beaucoup les producteurs aux goûts éclectiques comme Rick Rubin qui peuvent produire aussi bien du rap que les Red Hot ou Johnny Cash. »

« Pourquoi avoir choisi l’auto-production ? »

« Il aurait été difficile de faire l’album autrement. On a eu une plus grande liberté ainsi que si nous avions été sur un label. En plus, on aurait difficilement pu trouver le budget nécessaire pour « Mot3l » chez un label sauf peut être sur une major, mais les majors ne signent plus d’artistes. On a crée notre propre label, on s’occupe de la distribution. L’étape d’après sera de tourner au maximum, d’autant plus que ce disque a été fait pour la scène. »

« L’art-work est superbe. »

Lady Cylew : « C’est une photo que j’ai prise. On a trouvé que ça marchait bien pour l’album. J’ai faite cette photo sur la route 66. Elle résume bien l’esprit du disque. »

« Vous avez déjà eu, avant même la sortie du disque, de très bons retours »

« Nous sommes très contents de ça. Ca fait vraiment plaisir. On ne fait ce groupe que par envie et je pense que les gens le sentent. Il n’y a aucune tricherie chez Cylew. Notre démarche est à 100% honnête et authentique. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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