Interview

SATAN JOKERS (2018) - Renaud Hantson (Chant)

Avec Symphönïk Kömmandöh, Satan Jokers devient le premier groupe de hard-rock français à sortir un album symphonique. L’entreprise est une totale réussite et démontre une fois de plus tout le talent de Renaud Hantson. Satan Jokers est un groupe de hard qui n’a jamais hésité à s’aventurer vers des territoires pop et ce mélange fait tout le charme du disque. Rencontre à Paris avec le charmant Renaud Hantson.

« D’où t’es venu l’idée de faire un best-of en version symphonique ? »


« C’est venu d’une rencontre avec Florent Gauthier après un concert de Satan Jokers au Korigan à Aix en Provence où j’avais dit que si je n’avais pas une idée lumineuse, j’arrêterai le groupe. Après le concert, il vient me voir et me dit l’idée lumineuse c’est moi. Il me dit avoir une vision globale de ce qu’il pourrait amener et les titres qu’il voulait pour l’album. Il m’a envoyé très vite les partitions pour quarante musiciens et là je me suis dit le mec ne rigole pas. Avec mes musiciens, on s’est dit le mec est aussi fou que nous, il faut y aller. »

« Le budget a dû être énorme ».

« Pas tant que cela car Florent s’est engagé à mort dans le projet. Il avait pensé à un orchestre qui lui a filé entre les pattes. L’orchestre phocéen qui joue sur le disque est un orchestre qu’il a monté avec des amis musiciens à lui ainsi qu’un certain nombre de ses élèves. »

« Ce qui m’a étonné pour ce disque c’est que l’on y entend plus le côté hard-rock que le côté symphonique. »

« Tu es le quatrième à me dire ça. Cela m’étonne car moi j’entends plutôt le côté symphonique. Je suis ravi que cela reste un disque de hard-rock car Satan Jokers est un groupe de hard-rock. »

« Tu as deux publics, l’un pour ta carrière chanson et l’autre pour Satan Jokers. Se mélangent-ils ?

« J’aime réunir mes deux publics mais c’est très dur. Mon public Renaud Hantson ne connaît pas Satan Jokers et vive-versa. Ce sont deux chapelles différentes. Le public qui m’a connu via Michel Berger ne connaissait pas la carrière de Satan Jokers. J’aimerais métisser les deux car il est important de métisser les cultures. »

« As-tu choisi « Quand les héros se meurent » en ouverture du disque en hommage à France Gall et Michel Berger ? »

« Non. Quand j’ai terminé le disque, France Gall était encore vivante. Je n’ai plus beaucoup de gens vivants autour de moi dans le milieu de la musique. Une fois Johnny était invité sur RTL. On était sur la même maison de disque et on lui a demandé si cela ne le gênait pas qu’un groupe de hard-rock soit invité. Il a dit non au contraire. Il avait tout inventé. »

« Est-ce que les comédies musicales de Berger sont ce dont tu es le plus fier dans ta vie ? »

« J’en suis fier, comme je suis fier d’avoir fait le Hellfest avec Satan Jokers ou d’avoir joué avec Glenn Hugues. Berger reste aujourd’hui encore un mentor pour moi. »

« Tu es nostalgique des débuts de Satan Jokers ? »

« Je suis nostalgique de tout. J’ai écrit de nombreux morceaux sur ce thème. »

« Dans l’album, tu as un morceau sur du sexe joyeux « Fetish X » puis un sur le sexe triste « VIP HIV ». C’est voulu ?

« Je n’y avais pas pensé. J’ai pensé à l’ordre chronologique des morceaux mais pas à ça. »

« Qu’est-ce qui t’a fait reformer Satan Jokers en 2009 »

« Pascal Mulot qui voulait ainsi rendre hommage à Laurent Bernat, notre bassiste décédé en 2004. Ce ne devait être qu’one-shot et l’aventure a continué. »

« On trouve sur le disque USA (Union Sacrée des Assassins). C’est rare les groupes hard politique. »

« J’ai toujours pensé que les américains étaient des voleurs de terrain et cela depuis le massacre des indiens. Trust aussi était politisé. Ils sont d’ailleurs ceux qui m’ont donné envie de faire du hard en français. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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