Interview

GOOD CHARLOTTE (2018) - Joel et Benji Madden

« Generation Rx » qui sort ce vendredi est le septième album des américains de Good Charlotte. Un disque réussi, ambitieux et leur plus personnel à ce jour. On est toujours un peu stressé à l'idée de rencontrer des stars qui ont vendu des millions d'albums de par le monde mais les frères Madden se révèlent aussi sympathiques que chaleureux.

« Vous avez fait un break entre 2010 et 2016. Quelle en était la raison ? »

« On en avait besoin. On avait l'impression que le groupe appartenait à tout le monde sauf à nous mêmes. On a eu besoin de disparaître et de respirer un peu. On ne savait même pas si on referait de la musique un jour. On s'est alors concentrés sur nos vies de famille. En 2016, nous nous sommes sentis de refaire un disque. On aime faire de la musique ensemble, mais on avait envie d'en faire tranquillement sans se mettre de pression. On aurait peut être pas pu faire « Generation Rx » il y a dix ans. Notre label nous aurait sans doute dit « les gars vous ne pouvez pas faire ça ». Aujourd'hui, nous faisons les choses comme nous le voulons. »

« Pourquoi aurait-il été impossible de sortir cet album il y a dix ans ? »

« Il aurait été impossible à produire. Notre label nous aurait dit vous ne passerez pas en radio avec des morceaux aux paroles aussi sombres. On est fiers de ce disque. Nous pensons que musicalement c'est le disque le plus rock que nous ayons jamais fait. »

« Comme vous le dites, les paroles de cet album sont dark. Elles parlent du grand nombre d'overdoses liées aux opiacés aux Etats-Unis, de la solitude, des stars mortes trop jeunes. »

« Oui, et aussi de la dépression, des maladies mentales, du fait d'être un enfant dans une famille où les membres ont des problèmes psychotiques. Cela a eu un effet cathartique pour nous d'écrire ces morceaux. La pochette de l'album est aussi dans cet état d'esprit avec ces gens qui se cachent. On voit comment dans l'Amérique d'aujourd'hui les gens se masquent la réalité des choses. On a voulu exprimer cela de manière complexe et émotionnelle.Il est important d'essayer de se comprendre les uns les autres, de voir ce qu'il y a derrière le masque. J'espère que le disque permettra aux gens de s'interroger là-dessus. »

« Voulez-vous exprimer à travers cet album la crise que vit actuellement les Etats-Unis ? »

« On veut poser des questions. On voit tellement de souffrance aux Etats-Unis aujourd'hui. On vit là bas et donc forcèment on s'interroge sur ces choses. La vie est dure qui que tu sois. Il nous a fallu pour produire ce disque sentir au plus profond la douleur.On veut savoir comment les gens se voient dans le miroir.

Comment t'y vois-tu toi d'ailleurs ? »

« Ca dépend des jours ».

« C'est cela. Ca dépend des jours. Ce disque exprime d'une certaine façon le reflet que chacun peut avoir de lui même en se regardant dans le miroir. »

« C'est le disque le plus ambitieux que vous ayez produit ? »

« Absolument. Il y a dix ans nous étions jeunes et vulnérables. Nous n'aurions pas pu faire ce disque. On ne savait pas comment réagir aux critiques. C'est sans doute la première fois que nous prenons autant de risques. »

« Que signifie le titre de l'album « Generation RX » ?

« On voulait un titre un peu provocateur. C'est aussi le reflet des gens de notre génération. »

« Le premier single qui a été tiré de l'album « Actual Pain » exprimait aussi cela. »

« Les paroles de ce morceau ont l'air simple en apparence mais elles sont tellement vraies. Comme la sensation d'aimer quelqu'un. Quand tu es enfant, tu ne sais pas encore ce que seront plus tard les émotions d'une relation amoureuse. Cela parle de cela aussi. »

« Le groupe existe depuis plus de vingt ans. Qu'est-ce qui vous motive encore ? »

« La connexion avec les gens. La connexion la plus honnête possible qui soit. Se sentir compris par les gens est un feeling tellement fort. Et une autre chose importante : ce que tu peux léguer aux autres. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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