Interview

SIDILARSEN (2019) - Tout le groupe

Trois ans après « Dancefloor Bastards », les Toulousains de Sidilarsen reviennent avec un album au son surpuissant, « On Va tous crever ». Un disque massif et compact, sans fioritures, qui va droit au but. Rencontre avec le groupe à Paris.

« On va tous crever » le titre de l'album annonce la couleur. C'est un constat sociétal ? »

« Il y a de cela. Il y a également l'idée d'aller plus loin. »

« Le son est plus dur que sur vos précédentes productions. C'est à l'image de la société qui est elle-même plus dure ? »

« C'est carrément ça. C'est un album de 2019. Nous sommes un groupe de metal, un groupe de metal français qui est là depuis 20 ans. On ne peut pas tricher. On ne renie pas les albums précédents mais on avait envie pour celui-là d'un ton plus dur. On avait une envie adolescente pour ce disque. On était en osmose tous les cinq sur la direction artistique à prendre. »

« Il y a moins que sur vos précédentes productions le mélange électro-metal. Le disque est plus ouvertement metal. »

« Oui, on voulait mettre le côté metal en avant. Il y avait aussi l'envie de se reconnecter aux instruments. Notre batteur a ressenti le besoin d'être plus libre par rapport aux machines. La partie électro est cependant toujours là, peut être de manière moins évidente mais elle est là. On a placé les machines de manière différente. L'identité Sidi n'est pas le mélange machine-guitare, c'est celle de l'efficacité. »

« Le fait d'avoir sorti un live récemment a sans doute aussi contribué à avoir ce gros son. »

« Exactement, même si la prod du disque est léchée. Nos live sont de plus en plus puissants. Il y a eu des albums avec des versants plus rock et électro et des gens n'y retrouvaient pas toujours notre puissance live. On voulait avoir pour ce disque un son massif. On a privilégié dans nos derniers live les morceaux les plus rentre dedans. On voulait retrouver cela dans l'album. C'était un doux rêve d'avoir un son aussi compact pour un disque. Dans nos albums précédents, il y avait différentes approches. Là on a choisi une direction et on a décidé d'aller à fond dans cette direction. »

« Est-ce que le succès de «Dancefloor Bastards » vous a donné les coudées plus franches ? »

« Oui, ca a joué. Nous étions plus sûrs de nous dans la direction à prendre. Cet album illustre cette confiance. »

« Il y a plein de titres du disque qui montrent votre engagement. »

« Le fait que l'on chante en français fait que ça paraît toujours plus frontal. Nous sommes des humanistes avec une conscience sociale. Si les textes permettent de marquer les gens, c'est bien. Le metal est engagé. C'est une musique extrême, en marge. Il y a de la colère, de la rage. Un groupe comme les Clash a eu une résonance avec son époque. Une société où il y a des artistes dissidents ne peut être que quelque chose de positif. Sinon, on est en dictature. Plus jeunes, cela nous rassurait d'écouter les Beru ou Rage Against the Machine. C'est le rôle de l'artiste que d'être un lanceur d'alerte. Sidi est une communauté très ouverte avec des valeurs humanistes et positives. »

« Il y a aussi des titres sur l'intime comme « Dans tes bras ».

« Oui, il y avait le besoin de mettre des choses poétiques. Il est nécessaire d'avoir des bulles d'air dans un album. On ne s'interdit pas de parler de l'intime. »

« Le clip de « A Vif » fait très film d'horreur. »

« On voulait jouer avec les symboles « clichesques » du metal comme les têtes de mort avec en parallèle cette petite fille qui représente l'espoir et l'avenir. Même si elle peut aussi être l'enfant du diable. On a des choses très contradictoires en nous et ce clip l'exprime bien. On peut se dire c'est la fin et on en profite de façon nihiliste ou au contraire on essaie de changer les choses. »

« Le master a été fait par Drew Lavyne. Comment vous êtes-vous connectés avec lui ? »

« Depuis deux, trois albums, on avait envie d'un master américain parce qu'ils savent faire ce son massif. On voulait quelque chose d'agréable à écouter et puissant. Drew a aimé bosser sur cet album. Il était très content du mix qu'il avait reçu. Il est resté en contact avec nous, nous demande régulièrement quand sort l'album. »

« Ce doit être impressionnant de bosser avec un mec de ce calibre. »

« On ne l'a pas vu. On a bossé via retours de mail. C'est vrai qu'il a un CV impressionnant de Snoop Dog aux Red Hot. »

« Le groupe a plus de vingt ans d'existence. C'est une fierté pour vous ? »

« Oui. On sait que le combat est difficile. On a travaillé pour ça, ce n'est pas dû au hasard et on est content de ce que l'on a réussi à faire. »

Photo (c) Lionel Pesque
 
Critique : Pierre Arnaud
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