Interview

PRINCESSES LEYA (2021) - Groupe au complet

Après leur hilarant spectacle, Princesses Leya nous revient avec un premier album, « L’Histoire sans fond ». Le passage de la scène au disque est une vraie réussite. Un premier opus fort drôle mais qui n’oublie de faire passer des messages bien sentis. Entretien.

« Au départ le projet n’était pensé que pour le live. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire un album ? »


« L’argent. L’appât du gain. Le fait qu’après les concerts on nous demande du merch. On était surpris que les gens s’intéressent à ça. Le Warm-Up du Hellfest a été un gros succès. On voulait répondre à cette attente. On voulait faire des tee-shirts. Ils sont là depuis mi-mars. »

« Vous avez été surpris que le live marche autant ? »

« Oui. On était contents. Lorsque l’on crée un spectacle on a envie qu’il y ait du monde. On a fait notre première date officielle dans un théâtre à Nantes où il n’y avait que des metalleux. L’impact a été super fort. Cela a pris dès le départ. On a vu un Wall Death dans un théâtre à l’italienne, joué au Zénith de Nantes devant 7000 personnes. Tout ça fait super plaisir. »

« Vous venez du stand-up ? »

« Dedo vient du stand-up. Il était au Jamel Comedy Club avec Blanche Gardin et Fabrice Eboué. C’est le premier humoriste qui a cette image de métalleux. On s’est rencontré et on a commencé à discuter de ce projet. »

« Vous avez été surpris que le public metal adhère autant au projet ? »

« Oui et non. Il y a déjà eu Ultra Vomit avant. Le but de ce projet est de fédérer autant le public metal que non metal. Cela peut plaire aux fans de metal comme à ceux qui n’en écoutent pas. Peut-être que le côté chanson à la Brassens plaira moins aux metalleux. En tout cas le public metal aime le projet car les metalleux ont beaucoup d’humour. Les médias se moquent souvent d’eux mais c’est un public qui connait l’auto-dérision. »

« Même si le projet est humoristique vous faites quand même passer des messages sérieux. »

« Bien sûr. L’idée est de faire passer des idées sans faire donneurs de leçons. L’absurde est un bon moyen pour faire passer des idées. Si les gens chopent ce que l’on dit, c’est tant mieux. On a envie d’utiliser la dérision pour faire passer certains messages. »

« Vous parlez beaucoup de sexualité dans l’album. »

« Oui il y a beaucoup de vannes de cul. Nous sommes quatre obsédés. Le cul c’est la vie. C’est un sujet qui nous passionne réellement. La sexualité est à l’origine de l’Humanité. J’adore Sacha Baron Cohen qui joue Borat. C’est potache et politique à la fois avec son personnage raciste, homophobe. Nous interrogeons tout cela. »

« Vous travaillez la question du genre d’ailleurs. »

« Oui, on la travaille, tout comme celle de la sexualité. On le fait sur un mode léger pour que les gens ne se braquent pas. On essaie là-encore de faire passer des messages à travers les personnages que nous avons créés. »

« Comment avez-vous écrit ces personnages ? »

« Il y a bien sûr un peu de nous chez eux. On a écrit un script autour duquel s’articulaient les sketchs et les chansons. Tout a du sens même les choses qui peuvent paraitre superficielles. »

« Comment les choses s’articulent-elles entre sketchs et chansons ? »

« On a écrit une liste de chansons que l’on voulait tous mettre. On a pensé : quel sketch peut amener telle chanson. Cela forme un puzzle mais qui est différent de celui de la scène. On voulait mêler podcasts et musique. Par ailleurs l’’histoire est différente de celle que nous développons sur scène. »

« Vous semblez aimer autant le metal que Sabrina. »

« Tout à fait. On voulait faire un mash up à partir de « Boys Boys Boys ». Cela a donné « Balls, Balls, Balls ». Tout le monde a fantasmé sur ce clip. »

« En dehors du côté metal il y a également un côté punk chez Princesse Leya. »

« Clairement. Le punk fédère. Nous en écoutons pas mal. »

« Et dans le groupe vous écoutez de tout ? »

« Dedo est peut-être celui qui a le plus la culture metal. Il adore Meshuggah. Dans le groupe nous écoutons Nine Inch Nails, des trucs groove, de la chanson à texte. Le batteur est fan de hard-core. »

« Vous vous sentez proche d’un groupe comme Ultra Vomit, j’imagine. »

« Oui. Ultra Vomit est un groupe symbole par rapport à ça. C’est quelque part dans la même veine. Mais avant Ultra Vomit il y avait déjà des trucs dans cet esprit dans le metal. Il n’y a qu’à voir le faux docu Spinal Tap ou Steel Panther, un groupe qui a beaucoup d’humour, qui joue avec les codes du metal. »

« Spinal Tap » semble vous avoir marqué ? »

« Oui c’est une référence que l’on avait en tête lorsque nous avons monté le projet. »

« Comment avez-vous eu l’idée de prendre Pierre Danel de Kadinja à la production ? »

« Parce que si le projet est basé sur l’humour, ce n’est pas que cela. Nous sommes des musiciens. Et à ce niveau sommes exigeants. On voulait un bon producteur, un mec qui connaisse la musique parce que l’on prend celle-ci au sérieux. »

« L’album est un concept-album avec une thématique SF ? »

« Tout à fait. On voulait y trouver un côté aventure. Il y a des références à des films comme l’Histoire sans fin ou Stargate. On a voulu faire un truc parodique de l’univers heroic fantasy. »

« C’est d’ailleurs une aventure en elle-même que ce disque. »

« Exactement. On voulait que la personne qui l’écoute vive la même aventure que celle qu’il vit lorsqu’il va au cinoche. D’ailleurs la durée de l’album est presque celle d’un film. Une heure quinze de chansons et de sketchs qui permettent à l’auditeur de s’évader. »

« Vous avez des dates à venir ? »

« On avait des dates qui ont été décalées à Avril. On a normalement une Maro les 14 et 15 Juin. Si l’on peut jouer et que le public est assis, cela nous va. On propose un spectacle. Aux spectacles les gens sont souvent assis. On croise les doigts. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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