Interview

FUATH (2021) - Andy Marshall

Après un premier album sorti en 2016 qui avait fait l’unanimité dans la communauté black, Fuath sort aujourd’hui son second opus. Avec ce II Fuath nous délivre un grand disque de black atmosphérique influencé tant par Mayhem que Darkthrone. Entretien avec Andy Marshall, l’homme derrière Fuath.

« Ton album devait sortir en Octobre dernier. C’est le Covid qui a fait que la sortie a été repoussée à aujourd’hui ? »


« Oui, en grande partie. Cela a aussi pris plus de temps car j’ai changé de label en signant avec Season of Mist. »

« Le disque est dans la continuité de I. Tu l’as pensé ainsi ? »

« Définitivement. C’est comme un livre. Il y a le premier chapitre, le second. Avec de la chance il y aura un chapitre trois. Ce nouvel album est dans la continuité du premier mais la production est meilleure. »

« Tu joues du black atmosphérique. Tu sembles influencé par les groupes classiques du black norvégien 90’s. »

« Clairement. J’adore encore aujourd’hui ces groupes : Darkthrone, Mayhem. J’aime aussi beaucoup un groupe comme Windir. »

« La partie atmosphérique est très importante dans ce que tu fais. »

« Oui, j’ai toujours préféré le black atmosphérique au black pur. J’aime le fait qu’il y ait des claviers dans ce que je produis plutôt que de ne faire que du black sauvage basé uniquement sur les riffs. J’ai plus de plaisir à écouter et à produire du black atmosphérique. »

« J’imagine que tu as passé du temps sur le mix ? »

« Pas trop, en fait. J’ai mis un mois pour faire ce disque. Je l’ai écrit en hiver car je trouve que c’est la saison qui convient le mieux au black. »

« Les paysages jouent un rôle important dans les albums de black norvégien. J’imagine que c’est la même chose dans ce que tu fais avec les paysages écossais. »

« Tout à fait. Je suis influencé par les paysages et l’histoire écossaise, par les mystères de ce pays. J’utilise cela dans ma musique. J’essaie de trouver quelque chose d’émotionnel dans ce que je produis que l’on peut trouver dans la nature écossaise. »

« Quand on écoute ta musique on imagine que tu vis loin des villes. »

« Pas tant que cela car je vis en dehors de Glasgow, mais pas très loin de cette ville. Dans un petit village. Je suis entouré de nature. »

« Tu es seul dans ce groupe. C’était une évidence pour toi que de n’être que dans un one-side project ? »

« J’aime avoir ma propre vision de ce que je vais produire. J’ai été dans des groupes auparavant. Je n’aime guère le fait que quelqu’un amène les riffs, qu’un autre amène les mélodies. C’et plus simple d’être seul à maitre à bord. Mais il y a quand même d’autres musiciens que moi sur le disque. Je m’occupe de l’essentiel : vocaux, guitares. »

« Tes autres projets musicaux influencent-ils Fuath ? »

« Non Saor fait du black/folk et n’influence pas Fuath de quelque manière que ce soit. Ce projet Fuath a été pensé pour me concentrer uniquement sur l’aspect purement black de ma musique. »

« Tu as eu plein de bonnes critiques pour I. Cela t’a surpris ? »

« Je n’y fais pas attention. C’est sûr que c’est plus agréable d’en avoir de bonnes que de mauvaises mais cela n’a aucun impact sur ce que je fais. Je ne lis pas vraiment ce que l’on écrit sur moi. »

« C’est en partie grâce à ces critiques que tu as signé avec Season of Mist ? »

« Oui bien sûr ça a joué. J’ai discuté de Fuath avec le boss de Season of Mist et cela l’a intéressé. Le fait d’être sur ce label pour Fuath me permettra d’avoir de nouveaux fans. Season of Mist est un super label, très pro. Je suis très heureux d’être chez eux. »

« Tes morceaux sont très longs. C’est pour développer le côté atmosphérique de ta musique ? »

« Je ne sais pas vraiment. J’aime les morceaux longs. Cela vient naturellement. Sur ce nouvel album les titres sont quand même un peu moins longs que sur le premier. »

« Les titres sont hypnotiques surtout « Endless Winter » qui clôt l’album. C’est ton désir d’hypnotiser l’auditeur ? »

« Bien sûr. Le black atmosphérique possède ce côté hypnotique. J’aime créer cela. »

Tu aimes la première et la seconde vague du black. Tu écoutes ce qui se fait dans le black actuellement ?

« Pas tellement. Je préfère écouter d’autres genres musicaux dans ce qui sort en ce moment. J’écoute tous les genres de metal : heavy, death, prog, power-metal. J’aime aussi le rock, le grunge, la musique électronique, la musique folk. »

« Tu es proche de la scène black écossaise ? »

« Pas trop. Je fais mon truc de mon côté sans trop faire attention à ce qui se passe autour de moi. »

« La pochette de l’album est très belle. C’est la même personne qui avait fait celle de I, Luciana Nedelea ? »

« Tout à fait. Une artiste roumaine. Elle est très talentueuse. »

« Le premier tirage du disque a été épuisé avant même sa sortie. J’imagine que cela t’a fait plaisir. »

« Oui, tout à fait. C’est incroyable. Tu ne peux rien espérer de mieux en tant que musicien. »

« La nouvelle édition est un vinyle bleu. Tu accordes de l’importance à l’art-work de tes productions ? »

« Je pense que c’est cool de sortir des disques de couleur plutôt qu’un simple vinyle noir. Après, personnellement, je n’ai pas beaucoup de disques, seulement mes albums préférés de black. Je ne suis pas un collectionneur. »

« Est-ce qu’il y aura des concerts pour ce projet ? »

« On a déjà joué live dans le passé. Dans un festival black à Glasgow. On a joué également dans un autre festival, en Allemagne cette fois. Pour le moment nous n’avons donné que ces deux concerts mais nous espérons dès que nous le pourrons en faire de nouveaux. »

« Il y a des groupes black qui ne sont que des projets studio. Tu aimes la scène ? »

« Je n’étais pas trop fan des live dans le passé mais aujourd’hui c’est quelque chose qui me plait assez, même si les voyages sont stressants. Live nous jouons plus dur que sur disque même si cela reste assez proche de l’atmosphère générale des albums. »

« Fuath » signifie haine en gaelique. Tu parles cette langue ? »

« Non je ne la parle pas, malheureusement. J’aime la sonorité du gaelique. Fuath sonnait bien pour ce projet. »

« Il y a de la haine dans ce que tu fais mais pas seulement. »

« C’est vrai. Il y a un côté haineux dans l’intensité. Mais également un aspect mélancolique. J’ai toujours voulu faire des choses tristes. J’ai envie de faire une musique agressive mais qui soit en même temps atmosphérique. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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