Interview

PARLOR (2021) - Groupe

Avec « Comments » Parlor s’éloigne du punk chaotique de leurs débuts pour quelque chose d’à la fois plus posé et plus expérimental. Cette évolution montre un groupe plus novateur et intéressant que jamais. Entretien.


« Le nouvel EP est dans la continuité de ce que vous avez fait dans le passé mais il est aussi un peu différent, moins punk chaotique. »


« Oui on s’est un peu éloigné de nos premières influences que sont Butch, Breach, les premiers Converge. On cherchait des choses plus composées et le travail avec Francis (Caste) a amené à cela. Il nous a aidé à structurer les morceaux. »

« Les influences semblent plus diverses qu’autrefois. »

« C’est une évolution du projet. On se cherche. Instinctivement on va faire un truc avec plus de riffs. Avec Francis on a à la fois complexifié et simplifié les choses en se disant ça ou ça n’est pas nécessaire. »

« Vous restez quand même un groupe noise. »

« On va tous se retrouver dans un groupe comme Jesus Lizard. En même temps on ne se considère pas comme un groupe noise. »

« Converge est une influence du groupe ? »

« Une grosse influence. On s’éloigne un peu de cette influence aujourd’hui mais cela reste un groupe que nous aimons beaucoup. »

« L’influence post hard-core semble plus importante qu’autrefois. »

« C’est vrai. Les américains appellent post-hard-core des trucs assez mélodiques alors que pour nous ce serait plutôt un groupe comme Neurosis. »

« Le dernier titre du EP, « Pervitin » est expérimental et long. »

« On assume de plus en plus d’essayer de nouvelles choses. On peut faire aujourd’hui des trucs plus simples et fédérateurs. »

« Cela casse avec le climat des titres de deux, trois minutes qui précédent. »

« Oui cela permet d’asseoir quelque chose. C’est bien quand tu ne produis pas que de l’énergie brute. »

« Le format est plus celui du mini-album que du EP. »

« Oui on l’a réalisé dans cet esprit. »

« Les premiers titres du Ep sont bruitistes. »

« Oui on veut clairement brutaliser l’auditeur, faire un truc très rentre dedans. Après il y a des titres plus posés mais on veut que cela reste violent. »

« C’est un concept EP autour des réseaux sociaux. »

« On aime le metal mais on ne va pas parler de châteaux, de dragons, ce n’est pas notre quotidien. Nous ne sommes pas les premiers à parler des réseaux sociaux. Ceux-ci changent nos comportements. On s’en moque mais sans se prendre au sérieux. »

« Le clip de « Instacat » est plein d’humour. Je pensais que votre critique n’était que sérieuse. »

« Oui on s’amuse. On parle de l’addiction aux réseaux sociaux. Tu dépenses une énergie folle là-dedans à attendre la validation des autres ce qui est quelque chose d’effrayant. « Instacat » se moque au passage des influenceurs. »

« Le clip est super drôle. »

« On veut que ça nous fasse marrer. Cela dénonce des choses mais avec légèreté. On ne veut pas être un étendard politique. »

« Il est ultra Do It Yourself »

« Clairement. On a un chef op dans le groupe ce qui aide. On voulait un clip qui raconte quelque chose, qu’il y ait une petite narration. »

« Vous critiquez les réseaux sociaux mais en même temps vous êtes dessus. »

« C’est vrai. On joue le jeu des réseaux sociaux. On s’amuse à faire des trucs ringards, des trucs déjà devenus obsolètes. Tik Tok sera ringard dans cinq ans, c’est sûr. On ne fait pas une critique sociologique des réseaux sociaux. Nous ne sommes pas anti promo. »

« Qu’est-ce que vous amené à travailler avec Francis Caste ? »

« On l’a travaillé au corps pour qu’il nous accompagne en résidence. Il nous a aidé à dégraisser nos morceaux, nous a amené vers d’autres directions. Il a produit des tonnes de trucs super de Regarde les Hommes tomber à Hangman’s Chair. Dans Parlor des membres du combo ont un autre groupe, Saar, dans un style post-metal qui travaillent aussi avec Francis. »

« Ses deux projets se nourrissent l’un l’autre ? »

« Totalement. Parlor à la base était un side-project qui est devenu un projet à part entière. Saar est plus sérieux musicalement. »

« Vous êtes sur Source Atone Records. »

« Oui qui est aussi le label de Nature Morte, de Junon. On va bientôt un faire un plateau Source Atone avec d’autres groupes du label. Source Atone nous accompagne vraiment bien. Ce label croit en notre projet. C’est du super travail qu’ils font. On se sent super bien chez eux. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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