Interview

MAUDITS (2021) - Olivier (Guitare)

Un an après un excellent premier album, Maudits poursuit sa route. Leur EP « Angle Mort » est un disque extrêmement riche et intéressant. Entretien avec Olivier Dubuc, le fort sympathique guitariste du trio.


« Vous aviez sorti un premier album l’an dernier. Vous revenez avec un EP maintenant. Vous êtes super productifs. » 


« Oui, on avait commencé à travailler sur cet EP au moment de la sortie de notre album. On ne pouvait pas donner de concerts à ce moment-là. J’avais bossé sur une vidéo de « Résilience 2021 » puis on a eu l’idée de faire des titres pour Bandcamp. Et puisqu’on ne sait pas faire les choses à moitié on a finalement fait ce gros EP de 35 minutes. »

« Tu le considères comme un Ep, comme un album ? »

« Dans le thrash ce pourrait être un album mais dans notre style à nous, atmosphérique-prog cela ne peut pas être considéré comme un album. Je le considère dès lors comme un gros EP. »

« Comment vous est venue l’idée de réenregistrer trois titres du premier album ? »

« J’étais en télétravail durant le deuxième confinement. On a échangé des fichiers avec le batteur. On a rencontré un violoncelliste, Raphaël de Spectrale qui nous avait acheté notre premier album. On est devenu ami. On s’est super bien entendu. Il joue sur tous les morceaux, a travaillé sur les arrangements. »

« J’ai trouvé le EP dans la continuité de l’album mais encore plus cohérent. »

« Il est plus calme que le premier. Plus trip-hop et atmosphérique et moins metal. »

« Vous avez eu de très bons retours pour votre premier album. Est-ce que cela vous a aidé pour ce disque ? »

« Ce qui est sûr, c’est que cela nous a donné confiance, nous a motivé. »

« On parle souvent de vous comme d’un groupe post-metal mais je trouve le EP plus prog et atmosphérique que post-metal. »

« Post-rock ambient va bien à ce disque. On peut l’appeler de plein de façons différentes, en fait. On a pris un risque car l’album avait été bien reçu et là on sort un truc plus contemplatif. Cela reste énergique malgré tout. On a fait le truc comme ça venait sans réfléchir plus que ça. Le prochain album sera sans doute différent. »

« Le prog est un élément important de votre musique. »

« J’en ai joué beaucoup dans ma vie. Prog c’est un terme hyper large. Prog c’est enrichir sa musique donc ça peut aller aussi bien pour le metal extrême, le post-rock, l’ambient, plein de trucs en fait. »

« Vous êtes prog mais sans le côté chiant du prog. »

« Les deux autres membres du groupe sont assez techniques pour pouvoir faire du prog technique. Moi non. Mais même si j’en avais la capacité cela ne m’intéresserait pas. »

« Que signifie « Angle Mort » ?

« C’est un problème que tu ne vois pas venir. C’est une angoisse personnelle, celle de l’imprévisibilité de la vie. Même si le Covid ne m’a plus traumatisé que cela c’était quelque chose d’imprévisible. »

« Et Résilience 2021 » c’est pour parler de ce que nous vivons ? »

« C’est exactement cela. On écrit en fonction de la vie et de nos vies personnelles donc c’est logique que nos titres reflètent cela. »

« L’EP est comme une longue plage. »

« Oui d’autant plus qu’il y a des morceaux qui s’enchainent. J’écoute toujours les albums du début à la fin. Même s’il y a des titres que j’aime moins dans un disque je ne peux écouter un disque que dans son intégralité. »

« Je trouve le disque assez lumineux. »

« Moi je le trouve plus sombre que l’album. Mais oui il a également des côtés lumineux. »

« Les trois titres que l’on trouve sur cet EP et qui étaient sur l’album ont été renommés. Parce que les versions sont totalement différentes ? »

« Oui. Le premier morceau de notre premier album, « Maudits » on en offre cette fois une version dont le titre est en flamand, « Verdoemd » et inversement, « Verloren Strijd » qui est du flamand devient ici « Perdu d’avance ». Vu que l’on est un groupe instrumental j’aime bien trouver des noms qui correspondent à l’atmosphère des morceaux. »

« Le dernier titre, « Epäselvä », c’est du finlandais ? »

« Oui. Au moment de chercher un nom pour ce morceau j’ai fait des traductions. Je cherchais quelque chose qui corresponde à flou. Ce mot finnois veut dire à la fois flou et ambigu. Cela correspond bien à l’ambiance du morceau. »

« Tu joues toujours avec Outrenoir ? »

« Oui avec eux et avec Throane. Là j’ai rejoint un groupe de black en tant que bassiste, KRV. »

« Tu arrives à concilier tous ces projets ? »

« Je suis un mordu de musique. Dès qu’il y a un projet qui m’intéresse j’y vais. Même si cela ne s’entend pas trop dans Maudits je suis un gros fan de black-metal. Je n’osais pas me lancer dans le black. Et là j’ai KRV et un projet black très orienté années 90. On va sortir un disque chez Chien Noir. »

« Il y a eu un changement de line-up dans Maudits. »

« Oui, l’ancien bassiste a lâché peu avant l’enregistrement du EP. Le nouveau bassiste est arrivé deux semaines avant l’enregistrement. Il a enregistré ses parties de basse très rapidement. Il a tout fait en deux semaines. Il est très bon donc cela a été vite. »

« C’est Dehn Sora qui a fait l’artwork ? »

« Oui il bosse beaucoup avec des groupes extrême et black. Je voulais quelque chose de dessiné. Lui ne dessine pas trop au crayon. Le résultat est fantastique. Il avait déjà fait l’artwork du premier. Le graphisme est important pour nous. J’y prêtais moins attention autrefois. Pour notre style, une musique assez contemplative, ça l’est d’autant plus. »

« Vous avez joué récemment au Nancy Jazz Pulsations. »

« C’était notre tout premier concert. On ne savait pas si l’on pouvait reproduire live la masse sonore de nos disques. On jouait avec Klone et Seven Weeks. C’était une belle affiche. »

« Vous avez des projets d’autres concerts ?

« Oui et non. On essaie de caler des affiches avec Outrenoir et Saar mais c’est très embouteillé. On va faire une résidence pour améliorer quelques petits trucs. On va bosser avec notre ingé son sur les boucles pour qu’elles aient un bon rendu en concert. On espère donner des concerts au printemps 2022. »

« Vous vous sentez bien chez Klonosphère ? »

« J’aime bien leur catalogue. Klone partage d’une certaine manière la même approche de la musique que nous. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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