Interview

SAAR (2021) - Yann (Guitare)

« Gods » le troisième album de SaaR est un magnifique album au confluent du post-rock et du post-metal. Un disque inventif et d’une grande richesse musicale. Entretien avec Yann, guitariste du groupe.

« L’album est basé sur le « Ulysse » de Homère ? »


« Tout à fait. Je voulais aussi parler de la mort des dieux qui est une métaphore de la vie. Au moment où cet album s’est mis en place il y avait des tensions dans le groupe. Celui-ci a failli péricliter. On sent d’ailleurs cela dans le disque. »

« C’est Ulysse de Homère mais dans une version contemporaine. »

« C’est juste. Dans cette histoire, Ulysse à la fin est anéanti. Je trouvais ce cheminement intéressant. On peut transposer cette histoire dans nos sociétés modernes où tout se mélange. Cette quête peut se retrouver dans plein de choses. La photo de cette tour qui monte vers ce ciel menaçant fonctionne bien avec ce que nous proposons musicalement. »

« Il y a eu des changements dans le groupe. »

« Oui, Constantin est parti en 2020. Cela a remis beaucoup de choses en question car il était important pour nous. Julien de Outrenoir nous a rejoint. C’est super de l’avoir. »

« Je trouve que l’album démarre de façon post-rock lumineuse avant d’aller vers quelque chose de metal plus sombre

« C’est cela. On voulait créer une boucle. Le côté metal alimente le côté sombre. Le dernier titre ramène à quelque chose de plus lumineux. Le début et la fin de l’album sont d’ailleurs la même chose mais joué à l’envers. »

« Vous êtes au confluent du post-rock et du post-metal. »

« Nous sommes instinctifs dans notre démarche. On ne se refuse pas d’aller vers des territoires post-rock, post-metal ou même doom

« Est-ce que le fait d’être instrumental vient du post-rock ? »

« Cela s’est fait par la force des choses. Le groupe existe depuis 2006. On a commencé comme un duo. On cherchait un chanteur mais on ne trouvait pas. Après cela on a trouvé un bassiste, un guitariste et on a fait un groupe sans chant. On a découvert Year of No Light qui a été comme un cataclysme pour nous. »

« Le dernier titre de l’album est chanté. »

« Julien, le chanteur de Wolve chante sur ce titre. Cela s’est fait très rapidement. Cela a été comme une évidence. Ce chant amène quelque chose d’ à la fois de maussade et d’ apaisé. »

« J’ai trouvé ce disque à la fois sombre et aérien. »

« La première partie est lumineuse puis cela devient sombre. « Tiresias » tire vers le doom. Il y a même des passages qui peuvent évoquer la désolation à certains moments du disque. »

« Qu’est-ce que Francis Caste qui a produit le disque vous a apporté ? »

« Francis nous a apporté le son et la rigueur. Il sait où il va. Il t’emmène là où il faut aller avec son savoir-faire et sa bienveillance. Il respecte la vision des artistes. Il a respecté notre côté organique. »

« Il fait plein de trucs différents. »

« Complètement. Il a été connoté hard-core mais il adore la pop. Il est fan de Radiohead. Quand tu écoutes son groupe tu t’en rends compte car il y a un truc très aérien chez eux. »

« Vos influences cela reste Pelican, Russian Circles ?

« Oui. On est très fans de ce groupe. On aime Russian Circles mais entant que compositeur cela m’a moins impacté. Je suis un gros fan de Gojira et cela s’entend sur « Bridge Of Death » par exemple. »

« C’est seulement votre troisième album en dix ans. Pourquoi ? »

« Il y a eu plein de changement de line-up dans SaaR et à chaque fois à des moments clés du groupe. On avait évolué vers le post-metal avec Mounir. En 2012 Mounir, mon batteur qui était le pilier du groupe avec moi est parti. Constantin est arrivé. Si tu écoutes « The Last Day » et « Sol » notre premier et notre deuxième album tu entends une grosse différence. Il y a même eu un chanteur à un moment avec Arthur le chanteur de Parlor mais on trouvait que l’on devait rester un groupe instrumental. »

« Vous sortez l’album chez Source Atone. »

« On avait signé avec Parlor avec Source Atone donc on les a branchés pour SaaR. On fait une coréalisation avec Source Atone et Klonosphère qui s’occupe de la promo. »

« Vous sonnez un peu moins dur que la plupart des groupes de Source Atone. »

« Junon est aussi post-metal. Nature Morte que j’ai vu en live a un côté onirique. Il y a un chant black chez eux mais c’est très lumineux aussi. »

« Vous avez joué récemment à la Médiathéque Marguerite Duras à Paris. »

« C’était une première pour eux que de faire jouer un groupe de post-metal. Mais ils ont apprécié. Cela faisait vraiment un beau spectacle avec de supers lumières. »

« Vous allez le sortir en vinyle ? »

« En Janvier-Février. »

« Il y a des concerts à venir ? »

« La période tourne un peu au vinaigre. On laisse passer l’Hiver. On verra en Mars-Avril. On veut faire un plateau avec Maudits et Outrenoir. On a une date sûre calée en Belgique en Septembre 2022. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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