Interview

EXCEPT ONE (2022) - Estelle (Chant)

Trois ans après « Fallen » Except One revient avec un disque encore plus dur et sombre : « Broken ». Un album qui mélange habilement balck, death, death-core. Entretien avec Tim, guitariste du groupe et Estelle, chanteuse.

« Broken » est encore plus sombre que ne l’était « Fallen » votre disque précédent. »

« C’est une autre forme de noirceur. Après « Fallen » on avait défendu l’album sur scène lors d’une tournée européenne avec Hatesphere. On a commencé à écrire le nouvel album au moment de l‘épidémie. Nous nous sommes rendus compte à ce moment-là que le monde était plus fragile que nous ne le pensions. « Fallen » parlait des choses d’une manière assez général, « Broken » est plus personnel. »

« Il arrive trois ans après « Fallen ».

« On l’a repoussé à cause du covid. On trouvait que sortir un album sans pouvoir le jouer live n’avait guère de sens. C’est encore une fois une auto-production. Nous n’aimerions pas être sur un label qui nous dise faites quelque chose de plus commercial. »

« Dans « Fallen » il y avait déjà les interrogations sur un monde qui va mal. On les retrouve dans « Broken ».

« A l’époque on pouvait déjà constater cela. Le Monde va mal et il va de plus en plus mal. »

« Broken » est un disque très brutal. »

« Il est très rentre dedans, c’est vrai. On a pris notre temps pour travailler sur les arrangements. On a voulu quelque chose de plus profond dans l’écriture. La rage y est peut-être plus viscérale. Nous avons travaillé avec un directeur artistique qui nous a coaché du début à la fin pour que l’on sorte le meilleur de nous-mêmes. Le son en post-prod a été travaillé pour qu’il reflète le mieux possible notre univers. Il y a eu peu de retouches dans ce disque ce qui donne ce côté viscéral que nous voulions. »

« Il y a plein de styles de metal différents dans le disque. »

« On évolue dans différentes familles du metal selon les membres qui composent le groupe : indus, metal-core, death/core, black. Il est logique que cela se retrouve dans notre musique. »

« Même quand il y a du death black ce n’est pas un death black classique. »

« On arrive assez vite à avoir une cohérence. Nous n’avons pas envie de nous cantonner à un style. Ce qui importe c’est ce que tu racontes, pas le style.

« L’influence black est bien présente sur ce disque. Je pense en particulier à « In Nomine ».

« Oui mais dans « In Nomine » il y a aussi des éléments qui n’appartiennent pas au black. »

« Que signifient ces chœurs religieux dans le morceau ? »

« Il y a du latin dans ce titre. On y exprime les travers de la société à travers les prismes de la religion. Nous exprimons le fait que le capitalisme est comme une religion. C’est le premier morceau que nous avons composé pour l‘album. Il a imposé le ton du disque. Nous trouvons que c’est un titre majestueux qui en impose. »

« Il y a des sonorités arabisantes dans « Broken ». »

« Nous aimons les musiques de films. « Broken » montre la pause qui permet de contempler les choses avant le chaos. »

« C’est un disque brutal mais en même temps aérien. »

« On a appris notre temps pour l’élaborer. On a eu une vision globale des choses. Nous avons travaillé sur des sons d’ambiance. Ce disque a une intelligibilité qui vient de l’arrangement. »

« Est-ce que les titres de l’album parlent de ce qu’est l’individu dans la société contemporaine ?»

« Chaos » parle de rester soi-même malgré le chaos, de dompter celui-ci. C’est un disque très personnel du fait que nous nous sommes retrouvés face à nous-mêmes. Cet album parle des démons que nous avons en nous. « Still alive » évoque par exemple des failles personnelles, du fait d’exorciser celles-ci. »

« Seeds of Revolt » lui est un clair appel à la révolte.

« C’est la rage de la rue. « Wake up » était un cri d’alarme. Là cela va encore plus loin. »

« Le groupe existe depuis dix ans. Comment voyez-vous son évolution ? »

« On est soudés. La tournée européenne, à être ensemble H24 sans tension nous a encore rapprochés. Nous savons, plus que jamais, que nous sommes un groupe costaud au niveau humain. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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