Interview

BUKOWSKI (2022) - Groupe

Après la disparition de leur bassiste l’an dernier on ne savait pas ce que serait le futur de Bukowski. Le groupe a décidé et c’est tant mieux de poursuivre l’aventure. Le combo nous revient aujourd’hui avec un nouvel album éponyme, le dernier enregistré avec Julien. Un grand disque de la part d’un grand groupe.

« Après la disparition de Julien l’an dernier avez-vous pensé à arrêter le groupe ? »


« Nous nous sommes bien sûr posé la question. On s’est pris une grosse baffe dans la gueule avec sa disparition. Julien aurait aimé que l’on continue et pour notre part nous en avions envie. Donc nous avons décidé qu’il fallait continuer. »

« Cet album est le dernier enregistré avec Julien ? »

« Oui, le disque était dans nos petits papiers depuis longtemps. C’est le dernier avec Julien, effectivement. On a fait ce disque entre deux covid. On l’a enregistré à Clisson au Vacarama Studio »

« Vos sorties d’album sont assez espacés dans le temps : « On the rocks » en 2015, « Strangers » en 2018 et celui-ci aujourd’hui. »

« On a pris plus de temps avec cet album. Avant nous n’avions que trois semaines pour enregistrer. Là on a eu plus de temps, notamment pour les prises guitares. »

« C’est votre album le plus varié musicalement, je trouve. »

« C’est vrai. On est fier de ce disque. Il y a pas mal de styles différents dans cet album. On se considère comme un groupe alternatif à tendance metal mais on est ouvert. »

« Même si vous n’êtes pas un pur groupe metal vous êtes super appréciés dans cette scène. »

« Il y a quelques morceaux phares que nous faisons sur scène comme « Condor » ou « Scarecrow » qui sonnent metal. Et puis notre énergie en live est assez metal. »

« Je trouve ce disque très dans la veine du punk américain des 80’s. Il me fait penser à Hüsker Dü. »

« Ah ben merci. J’aime beaucoup Hüsker Dü. Si l’on sent cette influence c’est inconscient, nous n’avons pas pensé à ce groupe en enregistrant l’album. On aime faire des choses dans lesquelles il y a une assise costaude mais avec de la mélodie. Nous aimons les refrains chantés. »

« Vous avez bossé avec HK pour l’album. Comment cela s’est-il passé ? »

« Cela s’est super bien passé. HK est relax dans sa façon de bosser. Il a compris ce que l’on voulait. Le premier mix était différent. On a beaucoup appris avec lui. On a fait l’ossature là-bas (au Vacarama Studio ndlr) et le reste à la maison. »

« Cela a été difficile la période covid pour le groupe ? »

« Pas trop car cela nous a servi pour avoir du temps devant nous. On se sentait comme ces gros groupes ricains qui disposent de longs mois pour bien peaufiner leurs disques. C’est sans doute pour cela que l’album est aussi ouvert. Après il ne faut pas tomber dans le piège d’écouter et réécouter toutes les prises car tu risques de ne jamais finir ton disque. »

« Comment voyez votre carrière rétrospectivement ? »

« Avec fierté. Cela a pris de l’ampleur dès le début, ce à quoi on ne s’attendait pas. »

« Le single « NCFYC » est sorti en juin dernier. C’est un morceau sur l’addiction ? »

« Oui, cela était malheureusement un peu prémonitoire de la perte de mon frère. Cela parle des excès en tout genre. Cela signifie « No Cure for your condition ». Il ne faut pas que le plaisir devienne un suicide lent. Je ne souhaite à personne de partir trop tôt. »

« Tu penses que le morceau peut aider des gens ? »

« Si cela peut donner un coup de main, tant mieux. Il est important tant pour les musiciens que pour le public de faire attention aux excès. »

« Il y a un titre sur l’album, « Arcus » avec Wojtek, champion de la ligue de battle a cappella rap contenders. C’est la connexion du Val d’Oise qui fait que vous l’avez invité sur le disque ? »

« Oui. Il y avait la volonté de travailler ensemble depuis longtemps. On voulait faire ça avec lui, on l’a fait. Il est hyper ouvert musicalement. C’est un pro de l’impro. Il a un lien avec le rock’n’roll. Il est d’ailleurs très rock dans sa tête. »

« Vous écoutez du rap ? »

« Oui. Il y a plein de trucs bien dans le rap français. »

« Vous pourriez aller encore plus loin dans cette direction dans le futur, faire des morceaux avec des beats hip/hop ? »

« Complètement. »

« Et le feat avec Toni Rizzotti sur « Vox Populi » ? »

« Il est le chanteur de notre autre projet, Perfecto. Il faisait du rap metal autrefois. C’est également un pote du Val d’Oise. »

« Il y a donc deux titres orientés rap dans un album très punk rock. »

« C’est vrai mais cela s’est fait comme ça. On ne cherchait pas spécialement de feat mais on se fréquente tous entre musiciens dans le Val d’Oise. Il n’y a pas de barrières musicales. En plus les feats t’inspirent à avoir d’autres idées. C’est bien »

« Avant Bukowski vous étiez dans des groupes de hard-core. Il y a cette touche hard-core dans le disque. »

« C’est vrai. Il y a quelques riffs hard-core dans cet album. J’ai beaucoup écouté du new-york hard-core. C’est comme un retour à la base. Il y a cela et beaucoup d’autres choses dans le disque. On voulait que cela mélange plein de genres tout en restant digeste. On a voulu prendre le plus de risques possibles avec cet album. »

« Vous avez signé avec At(Home). Vous vous sentez bien chez eux ? »

« Oui, ils ont un catalogue très large. On est très fiers d’être chez eux. Au niveau promo ils ont super bien bossé. Ils sont à la hauteur de leurs promesses et même au-dessus de ce que l’on espérait. »

« Bukowski c’était un hommage à l’écrivain, je suppose. »

« Tout à fait. Julien était accro à cet auteur. Il était énormément influencé par cet écrivain. »

« Vous avez des concerts de prévus bientôt ? »

« Oui on jouera le 15 Octobre au Forum de Vauréal puis le 25 Novembre à St Dizier. Il y aura ensuite plein d’autres dates annoncées. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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