Interview

CARCARIASS (2023) - Pascal (Guitare)

Après le déjà très bon « Planet Chaos » sorti en 2019 les bisontins de Carcariass nous reviennent avec un superbe disque, « Afterworld ». Un album qui voit le groupe poursuivre dans une veine de plus en plus mélodique. Entretien avec Pascal, guitariste et compositeur du groupe.

« Je trouve le nouvel album dans la continuité de « Planet Chaos » votre précédent disque. »


« Planet Chaos » était un disque très long. Il arrivait après une longue période sans que nous ayons sorti le moindre album. C’était comme une page blanche. Nous repartions de zéro. Après « Planet Chaos » j’ai eu beaucoup d’inspiration. Nous n’avions pas vraiment d’objectif pour ce nouvel album. Le groupe évolue de façon naturelle. »

« Planet Chaos » était déjà un disque très mélodique. Celui-ci l’est encore davantage. »

« C’est vrai. Je veux creuser cet aspect mélodique au maximum, garder le style metal/death mais en accentuant la part mélodique. »

« Pourquoi la mélodie devient-elle si importante chez Carcariass ? »

« Peut-être parce qu’on vieillit (rires). On a eu envie ces dernières années de faire quelque chose de différent. Nous n’avons pas la capacité à jouer hyper vite ni le niveau technique des jeunes groupes de death/tech. Dans le futur nous allons continuer dans cette veine mélodique. »

« Le dernier titre de l’album « Afterworld » est tellement mélodique qu’il est plus proche de Alan Parsons que du metal. »

« Tu as raison (rires). C’est un titre à part. J’avais envie d’un truc atmosphérique. Cela donne une fin tranquille au disque. Ca marche bien je trouve. »

« Il y a quelques morceaux de l’album qui ont une coloration gothique. »

« C’est nouveau et complètement inconscient. C’est la voix de Jérôme qui donne cette touche gothique. Il aime bien Sisters of Mercy, Cure, Depeche Mode, Editors donc il est logique que cela s’entende. Plus le fait que nous avons ajouté des synthés. J’avais déjà commencé à en mettre dans « Planet Chaos ». J’écoute des trucs plus atmosphériques, des musiques de films. J’ai toujours voulu mettre des synthés dans le groupe mais n’en possédais pas. Je faisais les parties synthés à la guitare auparavant. »

« Il y a aussi une influence heavy metal sur certains titres. »

« Clairement. Maiden a été une grosse influence pour moi. J’ai passé des heures sur ma gratte à refaire leurs plans de guitare. Ca m’a passé mais ça reste en moi. Death ou Coroner m’ont aussi beaucoup marqué. Les parties instrumentales de Maiden racontent des histoires. J’ai toujours aimé la musique qui fait voyager. »

« Le groupe a près de trente ans d’existence. Qu’est-ce que cela représente pour vous ? »

« On ne pensait pas que l’on durerait aussi longtemps. On est plus qu’un groupe, nous sommes une bande d’amis. On a eu un passage à vide après « E-Xtinction » dû en partie à un contexte familial. Pour Carcariass l’amitié est quelque chose de fondamental. On aime se retrouver pour faire la fête ensemble. »

« Après « E-Xtinction » le groupe avait splitté ? »

« Ce n’était pas vraiment un split. Plutôt une très longue pause. On avait ressenti à ce moment-là un ras le bol général. Certains d’entre nous ont fondé une famille, d’autres ont eu des contraintes professionnelles : d’un commun accord le groupe a périclité. Petit à petit il s’est endormi. On a fait un autre groupe ensemble qui a donné l’envie de poursuivre Carcariass. On a senti un certain enthousiasme à l’idée de continuer l’aventure. On s’est en plus de cela rendu compte que nous n’avions pas été oubliés. Cela a été une grande source de motivation pour faire « Planet Chaos ». On était gonflé à bloc. Nos gamins ont grandi. On pouvait de nouveau se lancer à fond dans le groupe. »

« Comme pour « Planet Chaos » Drop a produit l’album. »

« Tout à fait. On s’entend bien avec lui. Son studio, le Dowtone Studio, n’est pas très loin de chez nous. Il joue dans Samael et l’on retrouve ce son dans ses prods. Cela colle bien avec notre style musical. Après avoir produit l’album il a envoyé le mix à Jens Bogren avec qui il a l’habitude de travailler. Ce dernier est une référence et qui plus est, il bosse super bien. »

« A la base vous étiez un groupe death/tech. Avec le son que l’on trouve sur vos deux derniers albums il est de plus en plus dur de vous classifier. »

« On ne sait pas nous-mêmes ce que nous sommes. Nous n’avons plus rien de technique. La musique technique n’a aujourd’hui plus rien à voir avec celle de l’époque. C’est pour cela que l’on accentue sur la partie mélodique. »

« Vous vous éloignez chaque fois un peu plus du death. »

« Même si étrangement on a toujours cette étiquette death. Le fan de base de death peut être déçu en écoutant ce disque. »

« Vous continuez de faire des instrumentaux dans vos disques mais il y en a moins qu’autrefois sur cet album. »

« Oui il n’en y a que deux, beaucoup moins que dans le passé, c’est vrai. C’est peut-être parce que je compose plus pour le chant. »

« Il y a une scène metal qui bouge par chez vous ?

« Pas tant que cela et en tout cas pas plus qu’ailleurs. Tu peux trouver de bons restos (rires) par chez nous mais pas des masses de clubs metal. »

« Il y a des dates à venir ? »

« On va rejouer bientôt et se placer sur les festivals. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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