Interview

LUCA TURILLI (2006)

Dans le monde du métal il y a des personnes qui ont la grosse tête, d’autres qui se la jouent spirituels, mais aussi d’autres personnes qui sont simples, souriantes et accueillantes. Et bien Luca Turilli fait parti de ces personnes qui n’ont pas la grosse tête (comme certaines personnes peuvent le dire). Bien au contraire c’est avec un grand plaisir qu’il m’a reçu pour réaliser cette interview par rapport au dernier volet de sa trilogie, je parle bien sur de l’album ‘The Infinite Wonders Of Creation’.
SDM : Bien. La première chose qui me vient à l’esprit c’est le titre de l’album. Pourquoi as-tu choisis des titres aussi longs ? Je veux dire: ‘King of the nordic twilight’, ‘Prophet of the last eclipse’ et bien sur ‘The infinite wonders of creation’.


Luca : C’est à cause de la saga et la trilogie. J’ai voulu avoir des titres qui avaient les mêmes longueurs, qui étaient similaires: ‘King of the nordic twilight’, ‘Prophet of the last eclipse’ et bien sur ‘The infinite wonders of creation’. Parce que pour représenter chaque album et chaque concept j’ai voulu utiliser trois mots clefs comme ‘Prophet last eclipse’ ‘King nordic twlilight’. C’est plus explicite non ? Pour moi trois mots c’est beaucoup mieux que ‘Warrior of ice’ ou d’autres choses comme ça, plus particulièrement pour un titre d’album. J’adore les titres de Rhapsody comme ‘Symphony of enchanted lands’ plus que ‘Dawn of victory’. Ce sont plus des titres de chansons : ‘Dawn of victory’, ‘Power of the dragonflame’, ‘Legendray tales’.
Je préfère plus des titres comme Bal Saggoth qui utilisent cinq mots. Je n’ai pas de titres en tête mais ils sont bien longs. Alors j’ai préféré décrire au mieux l’esprit de l’album, comme par exemple avec le premier album‘King of the nordic twilight’ où j’ai voulu avoir le même son alors que là avec le troisième album j’ai complètement changé de registre non ? C’est pareil, si tu regardes bien les structures de chaque albums sont les mêmes sur la trilogie : intro, le même nombre de chansons.

SDM : Et que penses tu maintenant d’avoir finit cette trilogie ?

Luca : pour moi c’est quelque chose d’incroyable d’avoir pu finir cette trilogie parce que j’ai eu trois ans de batailles juridiques avec mon ancien label et j’ai cru que la trilogie n’allait jamais se finir. Ca m’a beaucoup embêté mais maintenant c’est fini et je suis content que tout ces problèmes soient définitivement réglés, et j’ai pu sortir mon album solo un an après la sortie de l’album ‘Symphony of enchanted lands part 2’ (ndlr : album de Rhapsody) pour le nouveau label dont la priorité était de jouer sur scène et maintenant j’ai la place pour mes deux albums. Bien sur je ne pouvais pas réaliser le Luca Turilli et le Dreamquest avec six mois entre chaque sortie.

SDM : Avec ta trilogie, tu as trois style de musique différentes : le premier étant très Rhapsody, le second très électronique et le dernier très space metal par rapport à ses sonorités.


Luca : Oui oui c’est ca. Oui a une autre approche de la guitare, les rythmiques sont différentes c’est plus ‘powerfull dance’ que du speed metal en effet. Cela reflète mes influences, mais aussi ma volonté de m’éloigner du style de Rhapsody pas comme avec le premier album bien sur. Parce que maintenant si je compose des chansons comme ça (ndlr : style King of the nordic twilight), je les garde pour Rhapsody. Il ne faut pas croire que je vais faire du Rhapsody sur mes albums solos. C’est faux. C’est très clair pour moi. Je préfère composer différents style de musique : un futuriste, un puissant, un médiéval. J’ai bien sur compris que le médiéval était plus pour Rhapsody. Maintenant c’est beaucoup plus facile pour moi de composer autre chose que du Rhapsody.

SDM : Sur cet album tu es aux claviers. Pourquoi as-tu choisi de pratiquer cet instrument ? Pourquoi n’as-tu pas laissé Miro joué sur cet album comme c’était le cas sur les deux premiers ?

Luca : Miro jouait toujours les lignes de clavier. Je composais les lignes sur l’ordinateur et lui les retouchés. Mon rêve était aussi de devenir claviériste pas seulement pour jouer quelques solos mais surtout pour la fin de la trilogie pour créer et jouer les solos moi-même. C’est très important parce que pendant ces trois années de batailles juridiques j’ai eu le temps de revenir sur le piano et le synthé. Mais plus spécialement sur le piano car le son est meilleur, et les touches du piano sont plus dures. Alors quand tu sais jouer du piano il est plus facile de jouer sur un synthé.
Et cela m’a permis de m’exprimer complètement parce qu’avec la guitare tu peux produire un son, avec le synthé tu peux créer beaucoup de sons différents et je voulais composer avec le son du synthé, avec des sons de violons, des sons plus modernes quoi. J’avais de grandes possibilités de compositions avec cet instrument. Je voulais me présenter dans mon intégralité.

SDM : Dans l’album tu abordes des thèmes comme la vie et la mort, le bien et le mal, les sentiments. Pourquoi as-tu choisis ces thèmes là ?

Luca : Parce que pour moi c’était la seule manière possible de conclure cette trilogie, de rendre cette trilogie temporelle. Je bien sur dire que le premier représente le passé, le second représente le futur et le dernier le présent. Je voulais parler des raisons qui me font composer ma musique parce que ‘Mother Nature’ pour moi représente l’inspiration que j’ai pour la musique en ce moment. Si tu lis les paroles de Rhapsody depuis le début il y a toujours une description de la nature avec les vallées et les plaines de notre mère la Terre.
C’était donc bien mieux de faire ça que de faire un album tribute où j’exprime mes sentiments pour la Terre et la nature, la vie, le bien et le mal. J’ai aussi voulu explorer l’aspect scientifique et psychologique. J’adore ce genre de travail ? J’ai lu plusieurs livres pour m’informer et puis c’est toujours attrayant d’apprendre ce genre de choses. Et c’est intéressant de faire la connexion entre les mystères de Mère nature et le cosmos parce que c’est un moyen de faire comprendre aux journalistes et aux gens quels sont les concepts de mes albums quand ils me le demandent. C’est comme si tu prends l’univers et que tu mets un doigt entre la Terre et la lune. Il y a un effet satellite, tu vois à peu près l’image ?! Et si tu zoom sur cette planète avec google earth par exemple (ndlr : grosse rigolade car due à la gestuelle de Luca) tu peux voir des personnes qui vont au Mac Donald ou qui vont au supermarché. Tu peux donc voir le contraste qui est flagrant. En plus tu as l’impression que nous sommes comme des poupées. Alors qui si tu regardes avec une vue plus large, tu as quelque chose de plus spirituel, de plus astral avec les galaxies.
C’est vraiment quelque chose d’infime dissimuler quelque part dans notre esprit. Tu essayes toujours de comprendre quel genre de connexion ou lien il peu y avoir entre tout ça. Et donc pour les chansons j’ai voulu faire un album qui parlait totalement de ça, parce que tu ne sais pas combien de temps il me reste à vivre. Comme j’en avais la possibilité j’ai voulu exploré ce domaine parce qu’avant de mourir tu veux beaucoup plus en parler car c’est une forme de préparation mentale, de faculté à ouvrir les portes car tu ne sais jamais ce qu’il va se passer. C’est peut être quelque chose de formidable à explorer.

SDM : Il y a quelque chose qui m’a choqué sur ta biographie, c’est le fait que Bridget Fogle soit annoncée comme invitée alors qu’elle chante autant qu’Olaf Hayer. Pourquoi ce choix ?

Luca : C’est une décision venant du management en fait car pour moi c’est plus un duo qu’un chanteur et une invitée. On en a beaucoup parlé avec le management et c’est aussi par rapport à Dreamquest que la décision s’est faite (ndlr : le nouveau groupe de Luca). En plus Olaf Hayer n’était pas capable de chanter sur les lignes les plus hautes que j’avais composé pour lui. J’ai eu quatre mois de production pour cet albumen Allemagne et ce de septembre 2005 jusqu’en janvier 2006. Et au début de l’enregistrement Olaf a enregistré toutes les lignes de chant basses car pour les voix hautes ça n’allait pas. Alors je lui ai dit qu’il les réenregistreraient et que ça serait mieux. Et puis au bout de trois semaines, c’était toujours pareil, Olaf n’arrivait pas à avoir le timbre nécessaire.. Alors pour sauver mon album j’ai eu l’idée d’appeler cette choriste qui avait déjà participée à mon album ‘Prophet of the last eclipse’ car je me suis rappelé qu’un jour je l’avais entendu chanter un air de pop un peu comme du Madonna ou quelque chose comme ça.
Et je me suis dit, wow quelle voix ! Alors j’ai voulu la contacter et faire un test sur la chanson ‘Mother Nature’ car elle la ligne de chant est très haute et que Olaf n’était pas du tout capable de la chanter. Je voulais impérativement sauver cet album car après quatre ans d’attente dont trois ans de bataille juridique (rires) je ne pouvais pas annuler ou repousser la sortie de l’album car le nouveau Rhapsody va bien sortir donc je n’avais pas beaucoup de temps pour le réaliser. Le test fût concluant et l’idée d’un album duo m’est venue. C’est une chanteuse hors pair. Elle chante parfaitement la chanson ‘Phantom of the opera’ de Andrew L. Weber, elle chante du gospel, elle chante du jazz. Elle apparaît même sur la chaîne de télévision italienne Rai Uno (rires). (ndlr:elle est la choriste d'Al Bano (un chanteur italien très celebre )depuis des années et vu qu'il fait beaucoup de programme de variétés ,on la voit souvent à la télé avec lui :-) (merci pour l'info Nadia)). C’est vraiment une grande chanteuse. Elle peut chanter trois heures non stop sans perdre sa voix grâce à son entraînement de chanteuse d’opéra. Elle est fantastique. On peut lui faire un standing ovation sans problèmes. En plus sa voix colle parfaitement avec mes chansons, un peu comme dans mon autre concept.

SDM : Quelle est ta chanson préférée sur cet album ?

Luca : Hum…. Ah… (ndlr : Luca réfléchit un petit moment). Le truc c’est que chaque chanson est vraiment différente. Il y a ‘Mother Nature’ et ‘Miracle of life’ qui sont plus proches de mes anciennes productions et donc plus proches de me premiers fans : des refrains toniques, une musique assez ouverte avec beaucoup d’énergie. Il y a une grande dynamique, avec l’exploration des violons et aussi avec l’aspect symphonique. ‘Mother Nature’ et ‘Miracle Of Life’ reflètent cet aspect de l’album alors qu’il y en a d’autres plus symphoniques comme ‘Cosmic Revelations’ par exemple qui se rapproche du style de Carmina Burana.
Bien sur j’aime ‘Altitudes’ grâce à… je ne sais pas comment le dire. C’est surtout grâce à la voix de Bridget qui a beaucoup apportée. Il y a un quelque chose d’innocent dans sa voix. C’est pour ça que je l’aime car elle a été écrite pour accomplir ma satisfaction surtout quand tu as cette vision des montagnes, des nuages, du vert des forêts ou bien quand tu marches dans les chemins dans les hauteurs où tu peux voir les rivières, entendre le son des rivières, le superbe son de l’eau. C’est quelque chose d’incroyable pour moi. Imagine ce son, imagine ce vert.

SDM : Tu as parlais de toutes les chansons sauf de celle que je préfère : ‘Mystic and Divine’ (rires) avec l’introduction au synthé et ce superbe duo plein de puissance.


Luca : Oh, oui oui. Il est vraiment bien. Mais tu sais il est vraiment difficile de dire celle que je préfère car tu sais j’ai eu temps de temps pour choisir quelle chanson j’allais mettre dans cet album. Car la démo de cet album était prête depuis quatre ans. C’était prévu que je le réalise après l’album ‘Power of the dragonflame’ de Rhapsody (ndlr : en 2002). Imagine, j’ai don eu le temps de faire d’autres chansons, de les retravailler. Il m’a était difficile de dire quelle chanson j’allais prendre quelle chanson j’allais laisser de côté.

SDM : Et maintenant, qu’elle est ta chanson préférée sur la trilogie ?

Luca : Oh, oui je pense pouvoir le dire. Ce que j’aime à coup sûr sur le ‘Prophet…’ par exemple, il y a trois chansons ‘War of the universe’, ‘Demonheart’ et ‘Prohpet of the last eclipse’. Ces trois chansons représentent pour moi l’album. Et dans l’album ‘King of the nordic twilight’.. ouf ça fait longtemps ! Bien sur il y a la chanson ‘King of the nordic twilight’ qui a été très populaire lors de sa sortie, et … (ndlr : petite réfléction) ah oui, la chanson médiévale, celle qui devait être au début pour Rhapsody : ‘Warrior’s Pride’ et …. Hop hop hop (rires). Je ne m’en souviens pas. Ah oui, pour moi le plus fort symbole de l’album pour moi ‘The ancient forest of elves’ c’est certain car on a fait une vidéo. Je choisis trois chansons pour représenter chaque album.

SDM : Tu as fait une vidéo pour ton premier album. Pourquoi n’as-tu rien fait pour les deux autres ?

Luca : Tout d’abord car le second album est sortit au pire moment pour moi. J’étais en pleine bataille juridique (rires) entre mon actuelle maison de disque et mon ancienne maison de disque. Par exemple le second album n’a jamais été réalisé en France. Ca a été vraiment dommage pour moi. (ndlr : le Demonheart n’a pas été réalisé en France en effet mais le Prophet … est bel et bien sortit chez N.T.S en verion digibook). Je n’ai fait aucune promo pour le deuxième album en France, j’ai juste du faire une interview. Ca a été quelque chose de dur pour moi. J’en ai souffert pendant un certain temps car tout est fini et il m’est impossible de faire quoi que ce soit pour la promo de mon album. Mais le second album a eu le même résultat au niveau des ventes que le premier et ce même sans la promo.

SDM : fin de l’interview. Il n’y a pas de mot de fin car un autre interview s’est faite juste après pour son album Luca Turilli’s Dreamquest – Lost Horizons.
 
Critique : Lionel
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