Live Report

MOTOCULTOR 2019 - JOUR 4 - 10/9/2019

 
Suite et fin de la Motocultade en ce dimanche 18 août de l’an de grâce 2019. La journée démarre sur les chapeaux de roue puisque le premier concert est une heure plus tôt que les deux jours précédents, mais que j’avais un peu laissé de côté cette information avec la fatigue et un oubli de réveil ! Pourtant je veux absolument voir The Lazys qui jouent à 11h45, pour avoir fait rapidement une recherche sur eux je sais qu’ils ont des bonnes bouilles, et que leur jeu de scène a l’air vraiment pêchu : je me fie à mon a priori qui m’incite à ne surtout pas les louper, et je file comme le vent. J’arrive trop tard pour entrer dans le pit photo mais je peux me placer devant pour photographier les 5 Australiens survitaminés qui balancent un rock auquel j’adhère dès les premières secondes. Leur joie de vivre est communicative et pour un premier concert de dimanche matin, il y a un paquet de monde ! Je suis contente de voir qu’un groupe qui se donne à fond comme ça a le public qu’il mérite. La voix aigue un peu éraillée du chanteur et les chœurs des musiciens s’accordent parfaitement, on sent qu’il y a une vraie cohésion dans le groupe, ils semblent s’éclater comme des fous, c’est quasiment impossible de ne pas avoir envie de faire la fête sur ces accords, tout est entraînant dans l’attitude et le son du quintet. Les quelques titres auxquels j’ai pu assister sont passés bien trop vite mais m’ont laissé le temps de devenir instantanément fan, et je suis sûre de ne pas être la seule à avoir eu un coup de cœur ce matin.

Autre quintet mais sur la Suppositor Stage cette fois et pour du death italien, j’ai nommé Beheaded. Pas tellement ma came, trop rapide et beuglant pour moi, mais les mecs envoient, rien à redire là-dessus, donc en passant un peu outre la musique qui m’indiffère un peu je suis capable d’apprécier la prestation. Le chanteur a une vraie présence, les deux guitaristes, le bassiste et le batteur ont des poses et expressions qui valent le coup d’œil, et le pit voit défiler des spectateurs en fin de slam, sous un soleil enfin radieux. Un bon petit coup de boost pour poursuivre ce début de programme.

Et l’ambiance n’est pas près de se calmer tout de suite puisque sur la scène principale c’est maintenant Get the Shot qui entre en piste ! Nouveau quintet voix, deux guitares, basse et batterie d’une autre origine, puisque le groupe de hardcore thrash metal nous vient du Québec. Autant je ne suis pas trop adepte de la violence musicale du groupe sur CD, autant c’est une tuerie à voir sur scène, surtout dans les interactions que le chanteur a avec son public. Tout le groupe vit ses chansons, bouge dans tous les sens, difficile de rester stoïque devant un show d’une telle intensité, et le chanteur incarne tout ce qu’il peut y avoir de galvanisant à voir du hardcore en live : JP incite le public à transformer le pit en zone de guerre – ce qui tombe bien vu que c’était déjà parti pour être un beau foutoir –, il se contorsionne en hurlant de manière possédée, se jette plusieurs fois dans le public sans cesser de chanter, et va même jusqu’à marcher sur la foule tel un Jésus 2.0 sur une ondée humaine. Get the Shot c’est une grosse claquasse bien vénère qui nous emporte qu’on aime ou non ce qu’on entend, les mecs ont au moins un talent de performers qui est indéniable, et la musique, après ça, c’est presque du bonus.

Je me place devant la Dave Mustage pour aller voir Vampillia en me disant que je resterai un morceau ou deux puis que je retournerai à la Suppositor pour voir Hate, groupe que j’apprécie beaucoup. Mais Vampillia, groupe japonais déconcertant et difficile à faire entrer dans des cases (tant mieux), m’a happée et j’ai voulu en savoir plus. Le groupe existe depuis 2005 mais fait de plus en plus parler de lui, et c’est mérité. La formation comprend trois vocalistes, un batteur, un guitariste, un bassiste, un pianiste, une violoniste et un DJ, et est définie comme du « brutal orchestra ». Le concert démarre sans chanteur, et la musique instrumentale est plutôt expérimentale, entre délicatesse et dissonance. Le contraste entre l’impassibilité des musiciens et le côté bruitiste de certaines plages sonores est assez saisissant, on se demande un peu à quelle sauce on va être mangés ensuite. C’est alors que se profile un début de réponse, avec l’arrivée du chanteur principal depuis le haut de du chapiteau, qui opère une descente depuis le pilier ! C’est ce qui s’appelle réussir son entrée ou je ne m’y connais pas. Le public tombe des nues, et le chanteur paraît ravi de son effet. Cet homme est globalement fascinant : on dirait un enfant, heureux d’être sur scène, qui se pavane, fait tout ce qui lui passe par la tête, de façon totalement décomplexée ! Comme afficher des mines extatiques, multiplier les grimaces, se moucher dans les airs, se donner des coups de poings pleine face… Le décalage entre ce frontman excentrique et le reste du groupe plus discret est assez étonnant, et pourtant l’ensemble est cohérent, tant le concept Vampillia est de toute façon hors catégorie. Je parviens à m’arracher à la fascination exercée par ce groupe pour aller voir un peu ce qui se passe du côté de la Suppositor pour Hate, ce qui m’a malheureusement fait louper le featuring avec Neige d’Alcest sur un morceau, mais je retiens la découverte d’un sacré phénomène, sur lequel je vais me pencher davantage.

C’est à l’air libre que se produisent les Polonais de Hate. Comme la description de leur style musical, « Voice of Unholy Blasphemy », le laisse deviner, on va se prendre un assaut de bon black des familles dans les esgourdes. Le quatuor est badass même en plein soleil (quel affront des éléments envers ce groupe so d4rk), la prestation est crédible, le son correct, tous les musiciens sont carrés (depuis quasiment 30 ans d’existence pour le groupe c’est l’expérience qui parle), toute la panoplie black metal est là : headbangs de qualité, corpse paints, poses de méchants Disney, solos de guitare démoniaques… Hate n’obtiendra certainement pas la palme de l’innovation de cette cuvée Motoc’ 2019 mais je passe un bon moment devant ce set équilibré, 6 titres extraits de 5 albums.

J’ai rendez-vous avec Pensées Nocturnes au pied de la scène principale (je vous ai déjà dit qu’elle était beaucoup trop haute ou c’est le moment d’insérer ici un peu de comique de répétition ?), un projet musical d'avant-garde black metal néo-classique composé d'un seul membre, Vaerohn. Le gus est un homme-orchestre : il chante, au micro ou au mégaphone, fait du trombone, de la trompette et de l’harmonica. Sur scène il ne se suffit tout de même pas à lui-même et est accompagné d’un batteur, d’un bassiste, de deux guitaristes, et d’un accordéoniste-claviériste. Le one man band appartient à l’écurie des Acteurs de l’Ombre, autant dire que l’on peut s’attendre à du black moderne, potentiellement dissonant, déglingué, sombre au possible mais technique. Le style est défini comme du « déglingué black metal de ver en vice », et entre deux accords depressive black on peut parfois entendre des extraits de sketchs de Coluche ou de Raymond Devos ! La musique en elle-même est un croisement génial entre du folk, du metal avant-garde, des plages instrumentales sombres au possible, et des cuivres de fête foraine triste ou de remballage de cirque, c’est sinistrement génial, les mecs sont en corpse paints et en clowns tristes simultanément, il y a vraiment une intensité poétique en bloc dans ce projet-là, et je me sens vraiment brimée de ne rien comprendre aux paroles à cause du son médiocre de la grande scène… À écouter davantage chez moi donc, je veux en savoir plus sur les clowns obscurs que je viens de voir là.

Après cet interlude sombre et baroque, place à l’énergie survoltée de The Vintage Caravan, un trio de jeunes Islandais formé il y a déjà 13 ans. Les trois potes ont déjà sorti 4 albums, et ont une sacrée assurance scénique ; pas de doute, ils semblent vraiment faits pour ça. Leur combinaison de rock classique, prog et blues avec des touches psyché fait mouche dès le premier titre et c’est un kif absolu que de contempler les mimiques extatiques de ces trois prodiges. Leur set de 45 minutes fut composé de 8 titres, dont 4 issus de leur dernier album, « Gateways ». J’ai dû me forcer à ranger mon appareil photo pour ne pas blinder une carte SD avant même la moitié des concerts du jour tant les mecs étaient fendards et charismatiques à l’image, en plus d’être talentueux et si plaisants à écouter. Très très bonne prise de contact live avec ce groupe qui était sur ma « to listen list » depuis un petit bail.

Changement d’univers en retournant devant la scène principale pour le concert de Voivod. Au programme avec les Québécois, du thrash un peu prog et barré, aux sonorités old school. Malheureusement la qualité du son n’est pas au rendez-vous pour ce show et cela sonne un peu faux par moments, j’ai du mal à suivre ce qui se passe, dommage… Néanmoins les fans de ce groupe phare de la scène thrash, qui a amplement fait ses preuves depuis 37 piges au compteur, sont au rendez-vous et ne boudent pas leur plaisir, et même si je suis un peu frustrée de ce que j’entends, je capte quand même bien l’énergie des musiciens, leur agitation plutôt drôle, bien assortie à leur look tout en jean, cuir et boucles hair metal.

Suite à quoi je vais voir du stoner pour la première fois de la journée, avec les Italiens de Ufomammut. C’est parti pour une bonne tranche de doom sludge psychédélique, aux influences évidentes d’Electric Wizard, au cours d’un set composé de longues chansons aux riffs ultra massifs répétés, à la voix bourdonnante, et emplies d’effets sonores. Inutile de préciser que l’air est saturé de fumée, comme attendu pour ce type de concert et de public ! Le groupe défend très bien son style musical, tous les membres sont appliqués et doués, mais je finis par trouver le tout un peu classique par rapport aux prestations précédentes dont je suis encore imprégnée et qui m’ont paru sortir un peu plus des sentiers battus, aussi tant que je le peux encore, je pars faire un tour du côté du pit d’Incantation, le temps de patasser dans la boue jusqu’à la Suppositor de l’autre côté du terrain.

C’est parti pour une petite séance de death somme toute assez classique, avec le quatuor du New Jersey, qui pèse 30 ans d’existence et 9 albums studio. Incatation cumule tout l’arsenal death : lourdeur puis rapidité, distorsion des guitares, blasts impitoyables, growls, paroles blasphématoires et occultes, moulinets de cheveux et mines patibulaires… Sauf du côté du batteur qui est radieux, c’est plutôt rigolo à voir, on dirait qu’il ne fait pas partie du même groupe avec son énergie positive ! Je ne suis pas transcendée par Incatation vu que décidément, le death, ce n’est pas ma came, et encore moins le deathgrind, mais au moins j’ai pu voir deux groupes qui n’ont pas révolutionné ma journée en un seul créneau horaire. (Je ne suis moi-même pas certaine que mon application du FOMO soit réellement un plus.)

Roulement de tambour pour le concert le plus attendu, et à la fois le plus inattendu, du festival, peut-être toutes années confondues : j’ai nommé Monsieur Henri Dès, venu avec Ze Grands Gamins (dont l’un des deux n’est autre que le sien). Après 53 ans de carrière musicale, essentiellement dans la chanson pour enfants, avec rien que 18 albums, et quelques années de boutade quant à une possibilité de faire du « Dès metal », le grand ponte des comptines a saisi la perche avec joie et fait face à une des plus grosses foules de ce week-end à rallonge. L’idole des jeunes (celle qui est encore debout) chante en jouant de la guitare, et est accompagné de son fils à la batterie et d’un musicien déguisé en fruit des bois en pagne (seems legit) à la guitare et à la basse. Les deux collègues sont d’ex-membres du groupe Explosion de Caca… Du grind pour enfants certainement. Ce qui est sûr c’est que ces 50 minutes de concert donnèrent lieu à une des meilleures ambiances de concert qu’il ait été donné de voir à tous les festivaliers présents ! On n’a pas tous les jours l’occasion de voir des « wall of Dès », des slams d’enfants, initiés par des parents confiants, des true black metalleux sautiller sur « La petite Charlotte », franchement la fosse était en trois dimensions et par-dessus les têtes s’ouvraient de véritables couloirs aériens. Qui aurait pu dire que la sécu allait déployer le maximum de ses ressources pour encadrer le concert d’un chanteur pour enfants à moustache, chemise et air bonhomme, dans une ambiance de feu, au milieu de milliers de festivaliers réunis et conscients de vivre là un moment vraiment hors du commun ?

Une fois remise de ce coup de nostalgie digne d’une madeleine de Proust je me déplace jusque sous le chapiteau de la Massey Ferguscene pour aller voir une figure du black metal, Ihsahn. Le fondateur, chanteur, guitariste et claviériste du groupe Emperor évolue maintenant en solo depuis 2006 et est l’heureux papa de 7 albums. Sur scène il est néanmoins accompagné d’un autre guitariste, d’un batteur et d’un claviériste pour incarner son black prog technique, mais à mon sens les musiciens ne semblent pas très soudés, ils ont chacun leur style de jeu, leur attitude, et autant parfois cela crée un mix vraiment réussi, autant là j’ai plus l’impression d’un assemblage un peu hasardeux et circonstanciel, qui ne me permet pas d’entrer totalement dans le show, qui est très calme, voire statique. J’assise à une représentation de musiciens produisant de la bonne musique mais je ne vois pas de plaisir, juste quelque chose de carré et bien exécuté, sans rien qui déborde. Je vais voir ce qui se passe sur la Suppositor parce que je sais que si je ne vais pas préférer ce que je vais entendre, au moins cela va être plus mouvementé.

Et pour cause puisque de l’autre côté, c’est Aborted qui a commencé son set. Le quintet flamand évolue dans le death, le hardcore et le grindcore, autant dire que dans le public personne n’est venu pour la finesse ! Deux guitaristes, un bassiste, un batteur, et un chanteur qui se met des beignes (décidément on semble atteindre un nombre record de frontmen qui veulent se fracasser le crâne en direct cette année), pour un maximum de décibels, de vitesse, de riffs en pagaille et de glapissements. Le groupe, qui a choisi son nom pour arriver en preums’ dans les racks des CD, est aussi le premier pour foutre le dawa, c’est une avalanche de festivaliers qui déferle sur les gars de la sécu, c’est une vraie cour de récré. Je n’ai pas compris une seule bribe de paroles, mais est-ce bien le but de toute façon ? Probablement pas. Les Belges ont eu le temps de jouer 12 titres (dont 4 issus de leur dernier album « TerrorVision », sinon assez répartis sur le reste de leur discographie) en 50 minutes : le genre de différence avec le doom ou le stoner dont l’on peut clairement prendre conscience au Motocultor au vu de la variété de la programmation.

Me voilà en ébullition devant la grande scène pour un des groupes que j’attendais le plus cette année : Avatar. Pour avoir adoré chaque seconde de leur concert au Trianon, je sais que le spectacle va être grandiose, mais je n’ai qu’une crainte : que le son ne suive pas. Heureusement, ce n’est pas le cas, et je peux profiter de l’image et du son de mes chouchous suédois. J’ai réussi à motiver des amis à venir découvrir le groupe, et ils m’en remercient, adhérant eux aussi à l’imagerie très théâtrale, à la fois soviétique et issue de l’univers du cirque, du groupe déjanté. J’aime toujours autant la voix de Johannes Eckerström, qui ne faillit pas en live, et le jeu super juste et parfaitement incarné de tous les musiciens, qu’il s’agisse du « roi » d’Avatar Country Jonas Jarlsby, à la guitare, ou de l’autre guitariste, du bassiste ou du batteur. Les cinq clowns soldats maîtres de cérémonie (ou quoi que ce soit d’autre dans leur univers bien à eux) prennent vraiment possession de la scène et offrent un spectacle total, avec une part de pantomime, plusieurs changements de costumes, des accessoires… Je suis conquise par la setlist, 9 titres répartis sur 4 albums, dont « Hail the Apocalypse » en ouverture, « Bloody Angel », « The Eagle has landed » et « Smells like a Freakshow » que je suis toujours heureuse d’entendre. (En revanche je guette toujours un petit « Torn apart » qui n’arrive jamais, mais je ne désespère pas, un jour peut-être…)

La tête encore au pays d’Avatar je me dirige vers la Massey Ferguscene pour aller voir Primordial, un groupe qui est un grand classique des festivals, que je n’ai pourtant jamais vu. Je suis immédiatement saisie par l’ambiance, qu’il s’agisse des lumières, de l’atmosphère, des mouvements et des regards du chanteur A.A. Nemtheanga, c’est de la pure beauté qui se dégage de ce black metal mâtiné de folk, de ce pagan doux et profond. Tous les gestes, toutes les poses qui pourraient paraître too much, des artifices scéniques, sont en fait extrêmement justes, tous les éléments de la musique font corps et je trouve vraiment un sens supérieur à ce qui se passe là sous mes yeux. Le groupe existe depuis avant ma naissance, a sorti 13 albums, est plus que rompu à l’exercice de la scène, et pourtant je sens une sincérité d’écorché vif là qui me touche à l’âme. Je tombe vraiment amoureuse de cette musique, de ces harmonies, de ces paroles articulées et que je comprends pour une fois, ce qui n’est pas si fréquent dans le metal et vaut la peine d’être relevé ! De plus A.A. Nemtheanga est un homme sage puisqu’il a apporté son vin rouge sur scène, le festival étant sponsorisé par 8.6 (de prime abord j’ai eu peur qu’il nous le verse sur la tête, mais non, c’était purement pour sa consommation personnelle, un grand homme). 6 titres ce soir, « Where greater men have fallen », « Lain with the wolf », « Nail their tongues », « No Grave deep enough », « To Hell or the Hangman » et « Empire Falls ». Je dois aller recharger ma batterie d’appareil à l’espace VIP mais franchement à ce moment-là je m’en fiche, je savoure tant et plus ce concert, j’ai oublié d’avoir faim, d’avoir froid, d’en avoir plein les pattes au bout de plus de trois jours de fest, je n’ai plus besoin de rien à part de me nourrir de musique par tous les pores.

Je m’arrache à cette ambiance onirique pour aller faire un petit tour devant Hatebreed. Le moment passé dans le pit photo, le temps d’une vague d’un seul morceau afin de permettre à tous les photographes de faire quelques clichés, me semble durer 30 secondes : dans le hardcore et le punk metal on n’a pas le temps à perdre en salamalecs alors c’est droit au but dans ta face et efficace. Le quintet du Connecticut, tête d’affiche de ce public, a 55 minutes pour exhorter le public à la baston, avec succès. La sécu n’est franchement pas épargnée vu l’afflux de festivaliers qui leur arrivent dessus par les airs, mention spéciale à la cascadeuse qui a effectué un superbe slam dans une poubelle – plusieurs jours après le chanteur du groupe ne s’en était toujours pas remis. Je ne suis pour ma part pas transportée par Hatebreed, mais ce n’est pas mon style, et puis j’ai déjà donné tout mon quota d’amour à Primordial.

Je vais voir ce qui se passe du côté de la Suppositor une fois encore pour Napalm Death, un de ces groupes dont j’ai entendu mille fois le nom sans jamais écouter le moindre son. Le quatuor de Birmingham est censé faire du grindcore, mais du grind gentil alors, parce que je ne trouve pas ce qui se passe très décoiffant, du death ou du thrash à la limite… Mais en même temps je ne sais pas trop, c’est bizarre ce que j’entends, le son n’est pas terrible, le chanteur mange son micro, et puis quel jeu de scène ultra dérangeant, mince… Il court partout mais plutôt lentement, de façon molle, s’ébroue, se tape dessus (encore un), se secoue comme s’il était malade, je ne sais pas à quelle drogue il carbure mais ça a l’air plutôt gratiné. Je ne comprends franchement pas trop ce que je suis censée saisir de tout ça. Next.

L’avant-dernier groupe de ce soir est Carpenter Brut, soit le projet de synthwave ou darksynth de Frank Hueso, qui a rassemblé énormément de monde : je crois que c’est la plus grosse foule que j’ai pu voir de tout le fest, non seulement le chapiteau est blindé, mais il y a encore autant de monde derrière le chapiteau, presque jusqu’à l’entrée ! Le public est calme, et profite de l’ambiance générale, du spectacle son et lumière fait de rayons colorés et d’images de vieux films et de séries B, plus qu’il ne danse – il faut dire que le froid qui s’installe, ainsi que la fatigue générale, n’aide pas trop à se déchaîner. Aussi c’est une atmosphère assez contemplative qui règne devant Carpenter Brut, où les musiciens sur scène ne sont que des silhouettes sombres, comme des figurants à l’identité préservée, au service d’un univers plus vaste. Le set déroule 8 titres, dont « Roller Mobster », « Le Perv », « Turbo Killer », pour finir comme de juste sur la reprise culte de « Maniac ».

Pour finir, un dernier petit tour devant la scène principale pour aller voir Bloodbath. On m’avait prévenue que les conditions pour faire des images étaient difficiles, et c’est bien le cas : monochrome rouge, monochrome bleu ou monochrome rose, et brume épaisse. Je ne vois pas trop ce qui se passe, le death metal du groupe suédois ne m’atteint pas vraiment, il faut dire que le son est de nouveau mauvais pour ce set, et il y a peut-être quelque chose à tirer du côté brut et sans compromis de ce que la formation envoie, mais là je ne capte que du brouhaha, les musiciens sont des silhouettes, je n’arrive même pas à dire combien ils sont, ni à faire la netteté sur quoi que ce soit… Désolée Bloodbath, je jetterai peut-être une oreille plus attentive à ton œuvre ultérieurement, mais là ce soir je crois que je suis amplement saturée de musique et d’images, avec 18 groupes vus aujourd’hui, et tellement tout ce week-end, depuis jeudi soir !

Pour conclure, je garderai comme meilleurs souvenirs scéniques et musicaux de cette édition 2019 du Motocultor : Kadavar, Sólstafir, Harakiri for the Sky et Avatar pour les confirmations, Mustasch, Tribulation, Gaahl’s Wyrd, Wolvennest, The Lazys, Vampillia, The Vintage Caravan et Primordial pour les révélations.

Petit bémol pour le manque de toilettes sur le camping pendant toute la durée du festival, pour les gobelets qui ne sont plus consignés alors que le fest avait mis l’accent sur le côté écologique des gobelets consignés lors d’éditions précédentes, le sponsor par 8.6, l’attente beaucoup trop longue à l’accueil et au camping faute de bénévoles en nombre suffisant, le son pas toujours top dès que l’on s’éloignait un peu de la régie, la scène principale trop haute… Mais encore merci pour l’efficacité de Budo Sécurité, la gentillesse des barmen de l’espace VIP, les sourires et les déguisements, le plaisir d’être là de la plupart des artistes, et surtout pour la qualité et la diversité de la programmation ! J’ai plus que hâte de voir ce que l’édition 2020 du Motocultor nous réserve.
 
Critique : Elise Diederich
Date : 10/9/2019
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