Live Report

HALESTORM - IN THIS MOMENT - Salle Pleyel - Paris - 13/11/2019

 
Mercredi 13 novembre je mettais les pieds pour la première fois à la Salle Pleyel, pour assister au concert de trois groupes, Halestorm que je ne connaissais que de nom et rapidement de réputation, ainsi que des inconnus à mon bataillons personnel New Years Day et In This Moment en premières parties.

New Years Day fut le premier groupe à passer, avec un début plutôt hasardeux, sur des samples et un peu de play-back, rapidement suivis par l’arrivée d'une chanteuse à l’attitude hyper forcée, braillarde, et de musiciens se la jouant tout autant... Mince alors. Le son était 100 fois trop fort, même avec des bouchons spécialement étudiés ça me défonçait la tête, que faisaient les ingé son ? Toute la salle vibrait, pas d’émotion mais bien au sens premier du terme, en même temps que la « musique ». Le groupe californien ne m’a pas émue des masses, avec ce trop-plein d'effets à la noix qui me vrillaient les oreilles. Toute la première chanson se ressemblait de bout en bout, avec un chant pénible ni metal ni rap ni quoi que ce soit de vraimenr identifiable (bien que ce soit parfois, voire même souvent, une richesse de composer hors des sentiers balisés, attention), je n'entendais que du bruit pour sourdingues. La chanteuse faisait l'ambianceuse façon coach sportif, ce qui m’a donné l'impression d'être dans un stade, ou éventuellement dans une messe gospel, donnant des directives telles que « Make some noise » (ça va je trouve qu'il y en avait déjà bien assez comme ça, merci), demandant à tout le monde de lever les mains, redemandant en insistant et montrant du doigt ceux dont elle ne voyait pas les mains… Un peu lourd et poussif comme choix d’attitude scénique. Je suis sortie au moment où elle demandait de faire « the loudest noise » pour une chanson s'appelant « Shut up », ironiquement.

Setlist : 1) Come for me 2) Kill or be killed 3) Fucking hostile (reprise de Pantera) 4) Shut up 5) Skeletons 6) Defame me

Place ensuite à In this moment, dont j’ignorais tout jusqu’à ce soir. Le concert a débuté avec 10 minutes de retard et une intro à rallonge. Le show s’annonçait très visuel, avec l’arrivée sur scène de femmes masquées en costumes blancs, magnifiées par des lumières très esthétiques. La chanteuse était elle aussi en blanc, sous un voile, comme une sorte de statue de la liberté fantôme, je ne saurais situer exactement à quoi cela devait faire référence… Le spectacle était vraiment beau, avec des danseuses en robes très légères, des chorégraphies, un aspect un peu mythologique et cérémonial, mais encore une fois j'ai eu l'impression que c'était du play-back – en même temps comment chanter soi-même au milieu d'un faux cercle de feu pour une sorte de reproduction de sabbat… La performance était trop axée sur le physique de la chanteuse et sur ses poses lascives pour moi, encore plus que pour le premier groupe, qui n’était déjà pas mal situé en termes de racolage. Lors du début d’un morceau les deux danseuses, cette fois déguisées en religieuses, ont fait un signe de croix au milieu d’une épaisse lumière rouge, agrémentée d’un peu de fumée, sur une intro parlée puis chantée de façon un peu éthérée. Je déplore la surdose de samples à mon goût. Musicalement la voix de la chanteuse m’évoquait à la fois Bonnie Tyler ou Anastacia avec des accords généralistes, et des chœurs façon Era, je ne comprenais pas trop ce que j’entendais, pourtant j’aurais pu aimer la plupart des éléments séparément : les lumières, les costumes, le choix de l'atmosphère, l’imagerie un peu Carpenter Brut, le look black metal des musiciens, mais rien ne va ensemble.
J’ai eu l’impression de voir une comédie musicale sur le thème « Bonnie Tyler et les Supremes après le Jugement Dernier ». Par moments les morceaux se rapprochaient un peu de tentative d'opéra qui miaule avec des soupirs érotico-gênants, mais au moins le son était légèrement plus supportable depuis que j'avais ajouté un cache-oreilles par-dessus mes bouchons... Du jamais vu. Pour la chanson suivante les nanas à moitié à poil déguisées plus ou moins en chats faisaient des cabrioles, les musiciens jouaient aux méchants, qu’ai-je vu au juste, une reprise de « Cats » ? Drôle de combinaison que ce son un peu hip hop, cette choré de chattes-démones avec lambeaux de justaucorps et masques, des intonations un peu à la Nova Twins mais sans le flow, trop de voix en fond, de simili play-back… A suivi la mise en scène d'un bûcher pour salopes, comme l’indiquaient les panneaux « whores », pour l’occasion les danseuses avaient revêtu les costumes rouges et les cornettes blanches de « The Handmaid's Tale ». La foule était en liesse tout particulièrement lors de cette chanson, notamment lorsque la chanteuse a énoncé un discours « pro-salopes » dixit celle-ci, grimée en espèce de sorcière-fée à chapeau pointu, dernière une tribune, pour annoncer dernière chanson visant à faire évoluer les mentalités sur ce que les femmes devraient être, nommée « I will be your whore ». Elle nous a demandé de chanter si on connaissait les paroles (désolée), et des ballons géants furent lancés dans la fosse, pendant que les deux danseuses-servantes brandissaient des panonceaux « Shame ». L’ambiance de la dernière chanson était un peu plus à mon goût, et l’ensemble me semblait plus cohérent, dans la mesure où les paroles, l’annonce et le visuel formaient vraiment un tout. Dommage que ce dernier morceau ait un peu été l'exception dans ce show étrange plus comédie musicale que concert, quelque chose comme « La sorcière féministe ou la récupération opportuniste, l'opéra rock ». Je pense que je n’étais pas tellement le bon public pour ça, ou alors il aurait fallu que je sache avant à quoi m’attendre pour apprécier davantage plutôt qu’être relativement décontenancée.

Setlist : 1) Fly like an Eagle (reprise de Steve Miller Band) 2) River of Fire 3) Adrenalize 4) Natural Born Sinner 5) Legacy 6) Big Bad Wolf 7) Blood 8) Whore

Place enfin à la tête d’affiche tant attendue par les fans, Halestorm. C’est la chanteuse qui arriva en premier, lançant tout de suite quelques vocalises un peu soul à la Alicia Keys meets Pink, ainsi que quelques cris plus énervés correspondant bien à sa voix rauque. Elle avait autant misé sur l’aspect visuel que les autres femmes des groupes précédents, avec de très hautes cuissardes en vinyle à talons plateformes, un mini short et des collants, et en prenant des poses pas du tout naturelles en jouant de la guitare pour bien montrer ses jambes.

Décidément c'était la soirée des groupes maniérés... Ce qui ne me dérange pas en soi, mais il faut déjà que la musique me convainque, sans quoi je suis encore plus agacée par une surcharge d’effets quand le son me laisse froide. Troisième groupe dont les chansons incluaient des soupirs poussifs porno également… Les autres membres du groupe – dont un bassiste également claviériste, on peut le noter – faisaient un peu de la figuration, jouaient souvent loin les uns des autres, et j'ai parfois eu l'impression de voir une parodie de groupe de hard rock cheap inventé pour un téléfilm. J’ai préféré les passages où la chanteuse ne chantait pas, avec de bonnes lignes de basse et de guitare, sinon pour moi c'était vraiment de la soupe rock, avec un chant forcé. Pourtant j'aime Brody Dalle, Courtney Love, Crucified Barbara, mais là l'alternance des moments super chiadés et des passages rocailleux ne m’a pas du tout emballée, les chœurs des autres musiciens derrière étaient souvent faux. J’ai eu la sensation d'écouter un groupe punk rock gentiment rebelle, pas mal fichu, mais pour lequel je n’étais vraiment pas la cible idéale… Je trouvais les compositions répétitives et lassantes – effet renforcé par le fait que la chanteuse nous ait dit bonjour et présenté le groupe à chaque morceau… La chanteuse n’avait de cesse de varier les effets de voix, pouvant prendre une petite voix fluette, une voix rauque, ou plus ample, mais ça m’a fait penser à du Pink punk, rien de plus, sans compter qu’il y avait vraiment trop de "eueueurgl" dans les vocalises. Au bout de quelques morceaux j'avais vraiment beaucoup trop mal aux oreilles malgré mes stratagèmes pour atténuer le vacarme et j’ai été obligée de sortir afin d’éviter d'avoir des acouphènes par la suite. (J'espérais ardemment que ce n'était pas une habitude de Pleyel que ce volume sonore, revenant pour Devin Townsend deux jours plus tard, mais non, ouf – la Salle Pleyel peut même avoir un son excellent, allez donc savoir ce qui s’est passé mercredi.)

Setlist : 1) Do not disturb 2) Love bites (So do I) 3) Mz. Hyde 4) I get off 5) Black Vultures 6) Familiar Taste of Poison / Amen 7) Guitar / Drum Solo 8) Freak like me 9) Uncomfortable 10) Vicious 11) Apocalyptic 12) Chemicals 13) Killing ourselves to Live 14) Here’s to us 15) She won’t mind (a capella) 16) I am the Fire (discours hommage au Bataclan) 17) I miss the Misery
 
Critique : Elise Diederich
Date : 13/11/2019
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