Live Report

SKUNK ANANSIE - NEW PAGANS - Casino de Paris (29/03/2022) - 7/4/2022

 
Reportée maintes fois depuis l’automne 2020 pour des raisons que l’on n’a même plus besoin de citer, la date parisienne du groupe britannique Skunk Anansie à l’occasion de ses 25 ans de carrière (27 ans à présent mais je pense que l’on peut tous s’entendre pour dire que les années Covid ne comptent pas) put enfin se tenir le 29 mars au Casino de Paris, pour la plus grande joie d’un public venu en nombre.

C’est le groupe originaire d’Irlande du Nord New Pagans qui assura la première partie, avec un mélange de rock indé et de grunge plutôt frais, assorti d’une attitude bon enfant et sans fioritures. Les cinq musiciens ont su trouver un bon équilibre entre interprétation habitée, énergie punk, moments éthérés et petites blagues sur la ressemblance du guitariste avec Dave Grohl et tentatives de communication du batteur en français. Une bonne entrée en matière malgré un accueil somme toute réservé des spectateurs qui rongeaient leur frein en attendant le clou du spectacle.

Et ce n’est rien de dire que Skunk Anansie mit la barre très très haut dès les premières secondes avec l’entrée en scène grandiose de Skin portant une combinaison noire chic intégralement recouverte de sequins, des hauts talons, et surtout une gigantesque coiffe ornée de cornes multiples, ou de tentacules, difficile de trancher avec certitude (la seule chose sûre étant que c’était incroyable à voir). Ses comparses arrivèrent un par un ; Martin « Ace » Kent à la guitare, Richard « Cass » Lewis à la basse, Mark Richardson à la batterie, et pour compléter la troupe pour la scène Erika Footman aux claviers et aux chœurs. Le ton fut très vite donné avec un démarrage en trombes sur « Yes it’s fucking political », et en effet la chanteuse n’eut de cesse de ponctuer le concert de commentaires d’actualité au sujet du Brexit, de la crise du Covid, de la situation des réfugiés ukrainiens et du fait qu’il faudrait impérativement venir en aide à tous les réfugiés et pas seulement aux « beaux réfugiés » que l’on choisit de secourir selon des critères fallacieux, de religion. Loin de casser l’ambiance, ces prises de parole engagées ne vinrent que renforcer la puissance des textes et des mélodies des chansons du groupe britannique, alliant toujours le fond et la forme avec brio.

La setlist fut évidemment variée, offrant des classiques incontournables tels que « My Ugly Boy », « Because of you » et « Twisted (Everyday Hurts) », des morceaux revisités, comme « Love Someone Else » et « Brazen (Weep) » où Erika Footman vint rejoindre Skin pour chanter avec elle, des titres où Skin joua de la guitare, ainsi que des titres récents, introduits avec humour, comme lorsque la chanteuse présenta la chanson « Can’t take you anywhere » comme l’histoire de ces potes que l’on apprécie beaucoup mais que l’on ne peut pas « sortir » car ils nous font honte à cause de leurs idées et comportements… (Je pense que l’on peut tous visualiser une personne de notre entourage là tout de suite !)

Ace, Cass et Mark Richardson livrèrent une performance remarquable eux aussi, alliant une pêche d’enfer à un sourire carnassier, le groupe a fait danser une bonne partie du Casino de Paris. Et même si Skin a déploré à deux reprises l’impossibilité de se jeter dans la foule pour se faire porter à travers toute la salle en raison de la situation sanitaire, elle a reconnu que c’était tout de même fabuleux de pouvoir reprendre les shows, même dans ces conditions un peu différentes, et que si c’était nécessaire pour que les dates puissent avoir lieu cela en valait la peine. Ce concert était d’une intensité rare, aussi émouvant que galvanisant, et il me restera un bon moment en mémoire.
 
Critique : Elise Diederich
Date : 7/4/2022
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