Live Report

LAIBACH - Le Cabaret Saubage - Paris - 22/1/2023

 
Dimanche 22 janvier c'est par un temps bien frisquet que je traversais le parc de la Villette pour me rendre dans sa salle de concerts la plus confidentielle et edgy, le Cabaret Sauvage, qui est un ancien cirque, afin d'assister au concert de Laibach. La file d'attente était déjà constituée, et personne n'avait l'air trop sûr ni de l'heure de début du concert, ni de l'heure d'ouverture des portes, ni de s'il y aurait une première partie ou non. Une soirée qui s'annonçait mystérieuse à plus d'un titre donc. Finalement les spectateurs les plus ponctuels, dont moi, auront attendu plus de 40 minutes dans le courant d'air froid et l'humidité du canal, et le concert commença à 20h30, sans première partie. Les membres de Laibach étaient six sur scène : un chanteur, une choriste et guitariste (acoustique), un guitariste (électrique), un batteur, et deux musiciens aux synthétiseurs. La musique du groupe slovène est changeante, variée et toujours pointue, oscillant entre indus, darkwave, électro, musique martiale, avant-gardiste et expérimentale, et j'avoue que je ne savais pas trop à quelle sauce j'allais être mangée au vu de leur actualité, à savoir une espèce de comédie musicale romantico-cosmique, "Love is still alive", avec un même morceau décliné en 8 variantes. Le chanteur Milan Fras est arrivé avec un chapeau de cow-boy par dessus son éternel petit couvre-chef (qui doit être pratique au quotidien d'ailleurs car il le rend identifiable sur scène mais je suppose que sans le chanteur n'est pas trop reconnu et ennuyé dans la rue finalement), en costume, la choriste portait des santiags, et ils étaient encadrés par le guitariste au fond sur une petite estrade, le batteur au fond à droite, et un musicien au synthétiseur de chaque côté de l'avant de la scène. C'est avec "Love is still alive" que le concert démarra, sur fond animé d'images de fusées, de constellations, de petits personnages mignons, de lettres défilantes, contrastant avec l'attitude très digne et droite des musiciens dans l'ensemble (exception faite du guitariste, qui était le plus expressif et mobile de tous, ce qui animait heureusement un peu la scène). Je reconnais ne pas avoir été transportée par le début du concert, où les 8 déclinaisons de "Love is still alive", quand même très semblables les unes par rapport aux autres, ont été jouées d'affilée, et je commençais à entrer dans un état sérieusement hypnotique lorsqu'un entracte de 15 minutes fut annoncé, pour nous remettre de nos émotions ! Voilà un format de concert qui était bien spécial...

Après cet intermède les musiciens revinrent et le ton du concert changea un peu, avec des titres à la fois plus martiaux et plus disco (oui), parfois planants mais sans être aussi redondants dans la longueur que la première partie vraiment conceptuelle du show, avec quelques touches country, soul, blues par moments, dont des passages sans Milan Fras mais avec uniquement la chanteuse et guitariste Marina Mårtensson au chant. Pas mal de lignes mélodiques évoquaient les robots de Kraftwerk. Le frontman devint progressivement un peu plus mobile également, même s'il était loin d'esquisser des pas de danse, mais il se mit à se rapprocher un peu du public, devenir légèrement plus expressif. De même les décors étaient plus variés, les écrans englobant les musiciens de couleurs psychédéliques, de motifs artistiques, d'images de statues, de photos de propagande, un joyeux (ou austère parfois) bazar qui invitait à une rêverie contemplative, le tout au son d'un rythme martelé et d'une voix grave et monocorde. La setlist était bien équilibrée entre de nombreux albums de la discographie du groupe, et l'on eut droit à deux rappels, encadrés ludiquement par des écrans informatifs, "We'll be back, soon... Maybe...", puis "Maybe yes, maybe not...", incitant le public à réclamer le groupe. Il y eut deux rappels, comprenant notamment deux reprises, une de "The Future" de Leonard Cohen et une de "Sympathy for the Devil" des Rolling Stones. Ce qui fait que le groupe joua environ 1h30 après son retour suite à l'"intermezzo", pour environ 2h de show ! Bref un concert atypique de bout en bout, dans un lieu singulier, avec un groupe s'affranchissant des catégories musicales et toujours surprenant. Merci à Base Productions pour l'accréditation.

Setlist : 1) Love is stille alive I (Moon, Euphoria) 2) Love is still alive II (Venus, Libidine) 3) Love is still alive III (Mercury, Dopamine) 4) Love is still alive IV (Neptune, Oxytocin) 5) Love is still alive V (Uranus, Prolactin) 6) Love is still alive VI (Saturn, Insomnia) 7) Love is still alive VII (Jupiter, Tristitia) 8) Love is still alive VIII (Mars, Dysphoria)
Entracte 15 minutes
9) Ordnung und Disziplin (Müller versus Brecht) 10) Ich bin der Engel der Verzweiflung 11) Das Nachtlied I 12) Als Geist 13) Glück Auf ! 14) Lepo - Krasno 15) Smrt za Smrt 16) Krvava gruda 17) Ti, ki izzivas
Rappel : 18) The Future (reprise de Leonard Cohen) 19) Sympathy for the Devil (reprise des Rolling Stones) 20) The Coming Race
Rappel 2 : 21) Getting closer
 
Critique : Elise Diederich
Date : 22/1/2023
Vues : 285 fois