Live Report

Mon week-end se finit en beauté ce dimanche 12 février puisque j'ai la chance et la joie de me rendre à la Salle Pleyel, que j'apprécie beaucoup, pour assister au concert de Leprous, organisé par Base Productions.

Mais d'abord c'est Kalandra qui se charge d'envoûter le public de 19h-19h30. Kalandra est un groupe norvégien et suédois mêlant joliment le folk, la pop, la musique nordique traditionnelle, en un style délicat et original, plein de sonorités mélancoliques et invitant à la rêverie. Par moments la musique du groupe m'évoque un peu Lili Refrain et Solstafir. La voix de la chanteuse dégage quelque chose de très pur et poétique, vulnérable et volontaire à la fois. Le groupe se compose d'une chanteuse, de deux guitaristes (dont un qui a joué à un moment de la clarinette, ou peut-être du duduk) et d'un batteur. La chanteuse a un côté un peu magicienne ou prêtresse avec sa longue robe froissée et corsetée, les musiciens ont certains éléments de tenue lacés, qui évoquent des habits traditionnels ou médiévaux. Kalandra a joué un set aérien, plutôt intimiste et empreint de poésie, auquel j'aurais aimé voir figurer "The Waiting Game", la chanson qui m'avait fait découvrir le groupe et que j'avais écoutée en boucle à l'époque. Tant pis, une prochaine fois peut-être ?

De 19h50 à 20h30 c'est une ambiance radicalement différente qu'installe un autre quatuor, celui des Britanniques de Monuments, pour une bonne tranche de metal moderne, entre prog, djent et metalcore. Le groupe se compose d'un chanteur, d'un guitariste, d'un bassiste et d'un batteur, pas besoin d'être plus nombreux pour tout déblayer sur leur passage ! Le groupe offre une bonne alternance de moments très énergiques et plus sensibles, un combo qui peut être pas mal résumé par une phrase que le chanteur a prononcée juste avant un wall of death, "Be safe and respectfully kill each other" (ça pourrait être marqué sur un de leurs t-shirts au merch'). D'ailleurs le chanteur est remarquable par son attitude survoltée et écorchée vive, et surtout par son coffre impressionnant par rapport à sa stature relativement fluette.

À 21h place à Leprous, en version enrichie puisque le quintet norvégien accueille cette fois sur scène un violoncelliste. En 2021 nous avions eu droit à un trompettiste lors du concert à l'Elysée Montmartre ; les concerts se suivent mais ne se ressemblent pas tant que cela, Leprous étant un groupe qui se réinvente en permanence. Le chanteurEinar Solberg nous dit qu'il s'agit du onzième concert sur 40 pour cette tournée "Aphelion". Et il n'a pas sa langue dans sa poche puisqu'il répond à un spectateur qu'il sait qu'il fait ce qu'il veut, et qu'après "Illuminate" en troisième titre ils ne vont plus jouer d'"old crap" mais des nouveaux titres issus du dernier album, "Aphelion" donc. Certains titres combinent des parties plus orchestrales, proches de la musique classique, et des envolées électriques, dans des compositions riches et sophistiquées, très réussies. Einar dédie un titre au peuple ukrainien, "Castaway Angels", des lumières au fond de la scène figurent le drapeau jaune et bleu, le titre commence en douceur et ne fait que monter en puissance progressivement. Le son est très bon ce soir (comme souvent Salle Pleyel) et on peut vraiment profiter de la subtilité des voix et des différents instruments, et c'était déjà le cas pour Kalandra et Monuments. Les solos de violoncelle comme sur "Alleviate" ajoutent vraiment quelque chose, les touches de styles différents (classique, jazzy, djent) sont vraiment mises en valeur, et la force et la subtilité s'entremêlent et fusionnent en permanence. La voix de Solberg est au top, en place, juste, puissante, il semble chanter avec moins d'efforts que lors des précédents concerts de Leprous que j'avais pu voir, il semble se balader avec aisance, c'est impressionnant à voir.

Einar nous dit qu'il ne connaît que des mots bizarres en français, "fourmilier", "ornithorynque", "marmotte", que des animaux étranges, que c'est son truc, mais qu'il tâchera d'apprendre d'autres phrases d'ici la prochaine fois. Plusieurs musiciens sont polyvalents et changent d'instrument en cours de set, plusieurs participent aux choeurs, la dynamique de groupe est très plaisante. Je suis contente d'entendre "The Cloak", un peu moins qu'il s'agisse du seul titre issu de l'album "Coal". Je n'aurais pas craché sur "The Valley", "Coal", "Passing Away", car je suis définitivement une fan de la période des débuts de Leprous, mais ce concert était magistral, avec une présence incontestable de tous les musiciens, une musicalité remarquable et pas mal d'animation sur scène. C'est l'album "Aphelion" qui est évidemment le plus représenté (logique dans la mesure où c'est le nom de la tournée, pas de publicité mensongère ici), suivi par "Pitfalls".
Einar nous relance : "You're clapping like we're done, are we done ? But we're getting close to the end. ("Nooooo !") It was not information that required an answer. We're getting close to the end. Well we can say that we have more left. ("Yeaaaaah !") It's all about the angle you see." Il nous dit que comme tous les groupes de la planète ils ont composé un album pendant la période Covid, que ce n'est pas très original, et présente une chanson dont ils ont diffusé en stream toutes les étapes de composition pendant le Covid, "Nighttime Disguise". Ils sont deux à la batterie sur le dernier titre "The Sky is red", le titre le plus long du set, et aussi celui à l'ambiance la plus intrigante, sombre et complexe, qui constitue un morceau parfait pour clore un concert : d'ailleurs en 2021 le groupe avait déjà terminé avec des deux mêmes derniers titres. Le groupe s'éclipse après un peu plus d'une heure trente d'un show parfait qui nous laisse des étoiles dans les yeux.

Setlist : 1) Have you ever 2) The Price 3) Illuminate 4) Running Low 5) On Hold 6) Castaway Angels 7) From the Flame 8) Alleviate 9) Out of here 10) Slave 11) The Cloak 12) Below
Rappel : 13) Nighttime Disguise 14) The Sky is Red