Live Report

OOMPH - HELDMASCHINE - La Machine Du Moulin Rouge - Paris - 20/3/2019

 
C'est une soirée 100% allemande qui s'est tenue mercredi 20 mars à la Machine du Moulin Rouge, avec les piliers de l'indus Oomph !, et en première partie leurs compatriotes de Heldmaschine.

Ce n'est pas rien d'ouvrir pour un groupe dont la réputation n'est plus à faire comme Oomph !, mais Heldmaschine s'en est sorti avec les honneurs en assurant une première partie vraiment convaincante. Dès leur entrée sur scène dans une lumière uniformément bleue, les membres du groupe ont su attiser la curiosité du public, en débarquant masqués, quelque part entre les robots et les scaphandriers, dans des tenues noires parsemées de leds bleues ; ils ont un sens certain de la mise en scène, ça commence bien. Leur musique et leur attitude évoquent inévitablement Rammstein, et ce n'est pas un hasard puisqu'ils ont commencé comme tribute band de leurs idoles, avant de se mettre à composer leurs propres titres. Une fois ce constat fait, l'on peut reconnaître que leur musique est efficace et énergique, et qu'ils offrent un show agréable à regarder. Le chanteur René Anlauff est très souriant et ravi d'être là, le batteur fait des grimaces et des poses collector en minaudant avec ses baguettes, le public est gratifié de plusieurs lancers de faux billets à l'effigie du groupe... Le frontman nous explique que le titre « Spring » qu'il introduit signifie « Saute » et nous demande de sauter, et la fosse obéit avec joie. D'autres titres sortent du lot, comme « Weiter » ou « Radioaktiv », qui fait des incursions du côté de Kraftwerk – pour ce titre le chanteur arrive d'ailleurs sur scène nimbé d'une franche lumière verte, avec des tuyaux dans le dos, et relié au plafond par des filins ; pas mal. Peu avant la fin du set il se jette dans le public, et après son slam un peu bordélique il atterrit en vrac sur scène, et sans se démonter continue de chanter allongé sur le dos et hilare. Qui a dit que l'EBM était nécessairement sérieux et austère ?

Après ce sympathique tour de chauffe, place au clou du spectacle. Les musiciens de Oomph ! arrivent sur scène un par un sur une intro instrumentale assez calme, avant de lancer les hostilités avec le très rentre-dedans « TRRR – FCKN – HTLR ». Le groupe est composé de ses trois membres fondateurs : le chanteur et frontman Dero Goi qui est aussi en charge des percussions, le guitariste, claviériste et choriste Andreas Crap, et le guitariste, bassiste et choriste Robert Flux. Ils sont accompagnés sur scène par des membres supplémentaires, nettement moins acclamés par le public mercredi dernier, lors de cette date Hagen Godicke à la basse et aux choeurs, Silvestri à la batterie et Felix aux claviers et aux chœurs. La composition du groupe en deux strates est assez notable puisque Dero, Crap et Flux sont sur le devant de la scène et mis en avant par la scénographie – ce qui n'est pas illégitime puisque le groupe existe depuis 1992 et que Ritual est leur treizième album ! Ils ont eu la bonne idée d'opter pour une setlist faisant la part belle aussi bien aux nouveaux titres qu'aux tubes comme « Augen auf » ou qu'aux morceaux des tout premiers opus, afin de réjouir leurs fans de la première heure comme les petits derniers qui ont rejoint le cortège. Dero a d'ailleurs mentionné la date de sortie de leur premier album, en demandant aux spectateurs nés avant 1992, puis après, de lever la main, afin de saluer la réunion des différentes générations de fans autour du groupe et de la musique indus et EBM – merci quand même pour le coup de vieux !

Le groupe interagit beaucoup avec le public, surtout Dero qui harangue la foule à coups de « Celebrate yourselves », « Merci bien Paris » avec un accent à tomber, et autres « Raise your devil fists », en plus de quoi il tourne sur lui-même en sautant, tape dans ses mains, tabasse ses toms avec enthousiasme sur le petit kit de percussions installé sur le devant de la scène, nous jette de l'eau... En réponse il reçoit de la lingerie, et se balade quelques instants avec une petite culotte posée sur l'épaule. Après une déferlante de titres martiaux et on ne peut plus énergiques, le groupe nous ménage un petit interlude calme avec deux titres en acoustique, et Dero introduit le morceau romantique en nous mettant à contribution : il nous demande de sortir nos briquets, téléphones portables, ou godemichés lumineux si on en a. Manque de chance, personne n'a dégainé d'objet incongru de son sac – en plein quartier Pigalle quand même, on ne fait pas d'effort...

Dero aussi y est allé de son petit slam, bien mieux maîtrisé que celui de René Anlauff – d'ailleurs comment font les gars de Oomph ! pour avoir une telle prestance et une telle assurance tranquille, dans leur chant, leur jeu, leurs déplacements sur scène ? Tout le monde beugle à l'unisson sur « Augen auf » que l'on sent bien comme étant la dernière chanson avant le rappel, bingo, heureusement Oomph ! ne nous fait pas languir trop longtemps et vient nous retrouver pour annoncer la couleur : « Paris ! Est-ce que tu veux une autre chanson ? Est-ce que tu veux deux autres chansons ? » Même pour le rappel c'est carré, le deal est clair, on sait à quoi s'attendre et on ne reste pas sur notre faim après les deux derniers titres, « Mein Schatz » et « Als Wärs das letzte Mal ».

Bilan de ce concert : une découverte d'un groupe prometteur, Heldmaschine, dont j'écouterai l'album Propaganda, suivie d'un show d'une heure et demie plaisant de bout en bout, avec Oomph ! qui ne déçoit décidément pas au fil des années et des concerts.

Setlist : TRRR – FCKN – HTLR / Labyrinth / Träumst du / Jetzt oder nie / Der neue Gott / Mein Herz / Das weisse Licht / Tausend Mann und ein Befehl / Niemand / Kein Liebeslied / Auf Kurs (acoustique) / Fieber + Das letzte Streichholz (acoustique) / Gott is ein Popstar / Gekreuzigt / Alles aus Liebe / Im Namen des Vaters / Jede Reise Hat ein Ende / Kleinstadtboy / Sandmann / Augen auf

Rappel : Mein Schatz / Als Wärs das letzte Mal
 
Critique : Elise Diederich
Date : 20/3/2019
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