Live Report

DROPKICK MURPHYS - Zénith - Paris - 10/2/2023

 
C'est un grand soir pour les fans des sémillants Dropkick Murphys : après plusieurs reports les Américains prennent possession du Zénith pour deux soirs consécutifs, et j'ai la joie d'assister à la première des deux dates en ce vendredi 10 février de l'an de grâce 2023. Et ils ne sont pas venus seuls (façon de parler dans la mesure où ils sont déjà nombreux dans le groupe) puisqu'ils ont amené trois premières parties avec eux : Jesse Ahern, The Rumjacks et Pennywise.

18h45-19h15
Jesse Ahern est seul en scène, avec une belle collection de guitares, un harmonica, et il fait aussi des percussions avec une pédale. Le musicien originaire de Boston écrit et interprète des chansons folk, teintées de blues et d'americana, plutôt agréables à écouter en fond mais vite un peu redondantes, peut-être parce que l'ambiance d'une salle aussi grosse que le Zénith n'est pas ce qui colle le mieux avec ces compos dépouillées, peut-être qu'un pub aurait été plus ad hoc. Jesse est sympathique, il parle au public relativement peu réactif, il nous dit qu'il aime jouer dans le monde entier mais qu'il a un attrait particulier pour la France. Les spectateurs sont calmes et peu nombreux, mais il est encore fort tôt, et rien n'est joué.

19h25-19h55
Après une très courte pause la scène est occupée par une joyeuse bande australienne de punk-folk : The Rumjacks. Le chant énergique est accompagné de batterie, de guitare, de basse, mais aussi de tin whistle, d'accordéon, et si le côté folk est très présent, il est vraiment relevé et rendu bien plus virulent par une énergie et une diction punk, ce qui donne autant envie de danser une gigue que de faire un mosh pit. L'ambiance a déjà changé, le public a plus de répondu, la fosse est plus peuplée, on voit pas mal de silhouettes qui gigotent, les gens tapent dans leurs mains, et quelques titres reconnus par les fans sont acclamés. Je trouve les passages au tin whistle particulièrement jolis, par dessus une rythmique plutôt lourde et martelée. Le bassiste nous dit qu'ils aiment jouer partout mais particulièrement en France - décidément ! C'est au moment où la foule était complètement au taquet et où un maximum de gens dansaient que le concert s'est arrêté, sous des cris de frustration : cela promet un bon défouloir sur Pennywise.

20h15-21h
Place au groupe de punk californien Pennywise qui a mon âge, soit 34 ans. Et pourtant j'avoue être une noob de ce groupe, que je ne connais que de nom, et vaguement de réputation. C'est l'heure de la découverte ! Le concert n'a même pas encore commencé et il y a déjà de la bière renversée dans le pit photo. Le public est réactif dès l'arrivée du groupe, un quatuor, chanteur, guitariste, bassiste et batteur. Le style ne m'emballe pas plus que ça de prime abord car c'est vraiment du pur punk californien, je reconnais pas mal d'éléments qui ont pu inspirer des groupes que j'ai entendus (et non écoutés) pendant mon adolescence tels que Blink 182, Sum 41, Good Charlotte, The Offspring... Ce qui confirme aussi le statut de "pur punk classique" est la récurrence du terme "société" dans les paroles des chansons du groupe ! Sur le deuxième ou troisième titre les slams avaient déjà commencé, le public est on fire. Personnellement je trouve le son un peu bourrin et sans nuances, mais je n'ai pas une oreille façonnée par et pour le punk américain (en revanche j'apprécie le punk anglais comme The Clash et les Sex Pistols et le punk français comme Bérurier Noir et Les Ramoneurs de Menhirs). En tout cas les gens s'éclatent, les musiciens encouragent le public à hurler, faire une battle de décibels côté droit vs côté gauche, un moshpit, quelques spectateurs lancent une chenille... Pennywise fait un sondage pour savoir si le public aime de nombreux groupes parmi une longue liste, et interprète une reprise (?), que je ne préfère pas aux compos originales du groupe, vraiment je ne suis pas réceptive à ce rythme effréné et à ce martelage de grosse caisse. Ils nous disent que si on a l'impression de nous être fait marcher dessus par d'autres personnes, de ne pas oublier que l'on a le pouvoir, que c'est arrivé aux mecs de Bad Religion, de The Exploited, et qu'ils en sont loin aujourd'hui. Ils ont changé un peu de registre avec une reprise de "Stand by me" de Ben E. King... qui est rapidement devenue méconnaissable.

21h30-23h20
Le concert de Dropkick Murphys débute par une longue introduction, une ballade irlandaise entonnée par une voix féminine, dans le noir sur fond d'écran géant où le nom du groupe s'affiche, et l'on distingue plein de petites bougies allumées. Parmi les éléments de décor, deux statues de la vierge Marie. Cette introduction si calme et enjôleuse est un moment suspendu, immédiatement suivi par un jet monumental de serpentins, dont une bonne partie est restée accrochée à des éléments métalliques au plafond. Les musiciens sont arrivés en fanfare, sous les hurlements du public, et dès la première chanson le chanteur Al Barr s'est avancé au plus près du public, sur des blocs fixés contre les crash barrières, afin qu'il puisse aller et venir entre la scène et les spectateurs, en transe, dont il attrapait les mains. Dropkick Murphys est une formation bien particulière car non seulement les musiciens sont nombreux mais plusieurs sont multi-instrumentistes, ce qui fait qu'au total le sextet celtic punk maîtrise la basse, la guitare lead et rythmique, la batterie, le piano, mais aussi le bodhrán, l'accordéon, la mandoline, le banjo, l'harmonica, le bouzouki, le tin whistle... Fiou ! Voilà qui doit en faire, du matériel à emporter en tournée ! En tout cas il est certain que cela contribue à la richesse et à la variété de la musique du groupe et que cela rend les shows plaisants à voir. Autre bonus : tout le monde fait des chœurs, ce qui rend les titres très vivants et crée une super dynamique de groupe où il n'y a pas vraiment de leader. Malheureusement le son n'est pas terrible ce soir au Zénith... Il est trop fort, et les balances ne sont pas incroyables, j'avais beaucoup plus pu profiter des subtilités instrumentales lors du set de Dropkick Murphys cet été au Hellfest, sous un soleil de plomb en pleine journée, même si la mise en scène était plus sommaire. En revanche les jeux de lumières sont superbes, changeants, colorés, il y a une vraie diversité dans les atmosphères visuelles. Entre des jeux de faisceaux dorés et des images rétro de cassettes audio défilant sur un écran géant, on a droit à un jet de confettis, qui renforce encore le côté éminemment festif du concert. Al Barr annonce certains titres, en dédie un aux femmes qui travaillent, mais il n'y a pas de long blabla entre les chansons, c'est vraiment la musique qui prime. Les slams vont bon train, et des gobelets ou de la bière volent, les musiciens sont toujours aussi énergiques et mobiles au fil des titres, de vrais showmen.

Au final le show dura quasiment deux heures, avec plus de 20 titres joués, et c'est un set de même durée mais avec 20 titres originaux totalement différents et quelques reprises qui sera joué demain soir dans la même salle.

Setlist : Introduction Foggy Dew (chanson de Charles O'Neill) 1) The State of Massachusetts 2) The Boys are Back 3) Mick Jones Nicked my Pudding 4) Middle Finger 5) Barroom Hero 6) Ten Times More 7) In the Streets of Boston 8) Blood 9) Turn up the Dial 10) The Black Velvet Band (reprise d'une chanson traditionnelle) 11) The Last One 12) Skinhead on the MBTA (version acoustique) 13) God Willing 14) All you Fonies 15) Prisoner's Song 16) Know How it feels 17) The Bonny (reprise de Gerry Cinnamon) 18) The Fields of Athenry (reprise de Pete St John) 19) Johnny I hardly knew ya 20) The Body of an American (reprise de The Pogues) 21) Going out in style 22) I'm shipping up to Boston

Rappel : 23) Rose Tattoo 24) Kiss me I'm shitfaced

Post-scriptum : il y a vraisemblablement eu plusieurs dizaines de vols de portables dans la fosse pendant le concert, spectateurs des prochaines dates de la tournée soyez vigilants !
 
Critique : Elise Diederich
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