Chronique

TURILLI LIONE RHAPSODY - ZERO GRAVITY (Rebirth and Evolution) / Nuclear Blast 2019

Friends Will Be Friends. C’est en quelque sorte le titre le plus représentatif de cette version 3.0 de Rhapsody. Après quelques péripéties, Luca Turilli avait en effet annoncé son retrait, et ce pour une durée indéterminée, de la scène Metal. Mais son entourage (famille, comparses musiciens etc.) a réussi à le motiver pour revenir dans une nouvelle aventure avec ses compagnons de route du Farewell Tour, mais aussi amis et partenaires de scène de longue date Fabio Lione, Dominique Leurquin, Patrice Guers et Alex Holzwarth.
Un méli-mélo qui perturbe est divise les fans de part ces retournements de situations incessants entre Rhapsody Of Fire et le Rhapsody de Luca Turilli. Mais la confiance est au rendez-vous côté Nuclear Blast qui soutient Luca et ses projets depuis son album « Ascendant To Infinity », ce malgré les apparences faites avec cette campagne de Crowdfunding réalisée, qui a permis au groupe de constater que la loyauté de ses fans est toujours au rendez-vous (et qui a aussi permis de bien budgétiser l’album, sa promotion (clip vidéos etc.), la préparation des concerts à venir et j’en passe). Il ne faut pas oublier que le marché de la musique est entré dans une nouvelle ère avec ce type de campagne participative et la dématérialisation des supports.

Ce sera sans oublier que le maestro Luca Turilli avait déjà opéré un changement d’orientation musicale avec son dernier album en date: Prometheus. Encore plus travaillé au niveau des arrangements, des orchestrations, au niveau chant et surtout avec un ensemble musical global plus moderne, laissant de côté les épées, les dragons et le monde de l’Heroic Fantasy.
Le titre de l’album en dit long: Zero Gravity - Rebirth And Evolution.
L’aspect moderne semble maintenu avec le Zero Gravity, et le Rebirth And Evolution pointant du doigt le fait que le groupe s’est réuni, et est prêt à renaitre de ses cendres pour aller de l’avant.
Pour cette renaissance, le groupe revient aux sources, avec une production cent pour cent locale faite aux Domination Studios de Simone Mularoni (Enregistrement, Engineering, Mixage et Mastering).

A fin d’illuminer nos lanternes sur cette version 3.0 l’album se lance avec un titre logique: Phoenix Rising qui non, n’est pas une simple intro. C’est un titre complet. Son électronique, ligne de piano, discours d’ouverture de type lancement de fusée avec compte à rebours et c’est parti. Le duo guitare Luca / Dominique lance la machine, les choeurs réalisés entre autres par Ale Conti et Emilie Ragni propulsent la musique qui explose quand Fabio débarque. Envolé, puissant, moderne c’est la grosse surprise. On comprend aisément où le groupe va aller dans cet album niveau ambiance / tonalité. Le Phoenix s’est embrasé et nous a aussi enflammé au passage, avec un moment grandiose sur le premier solo guitare juste devancé par un chant féminin léger. Prenant, tout simplement !
Le second titre est celui qui représente une bonne partie de la pochette: D.N.A (Demon And Angel). Quelle surprise quand on découvre que la première personne a chanter sur ce titre est Elise Ryd qui a l’habitude de performer sur ce type de musique moderne et rapide avec son groupe Amaranthe. Le duo Fabio / Elise est explosif, donnant des frissons sur ce rythme racé, rappelant l’album Lost Horizons de Luca’s Dreamquest sortit en 2006. Autant dire que l’embrasement est déjà total à ce moment là. Le titre éponyme Zero Gravity est lancé par une belle envolée lyrique d’Emilie Ragni, un break, Fabio prend les rennes, et c’est partit pour un morceau percutant sur lequel on peut apprécier tout le talent d’Alex Holzwarth à la batterie, mais aussi celui de Patrice Guers qui appuie tout ça avec profondeur et précision. Que dire du couplet, si ce n’est qu’il est captivant et que sur scène ça va faire mal, très mal ! Surtout qu’il est suivi d’un break avec un double solo guitare Dominique (plus classique) / Luca (plus shred virtuoso). Dur de s’en remettre, ou plus plutôt de décrocher de cette pépite.

Rien qu’avec le titre Fast Radio Burst, on se doute que ça ne va pas être de la dentelle. Nouveau message d’astronautes pour Houston, son électronique puis on rentre dans ce morceau dominé par une ambiance metal électro . Le passage mid tempo mélodique qui le lance, suivi de cette montée vocale saisit, un peu comme une viande saignante sur un grill bien chaud. La sauce ? Fabio avec un passage grunt s’il vous plaît. On sera saisit jusqu’à être à point. Pas de demi mesure, la chaleur ne fait que monter encore et encore, sans parler de ce duel guitare Simone Mularoni / Dominique cette fois ci, dans lequel ils se rendent la pareille et ce pour notre plus grand plaisir.
On continue dans cet univers moderne avec Decoding The Multiverse, qui cette fois ci nous replonge en 2006, comme si c’était l’évolution de l’album The Infinite Wonders Of Creation. Une grand ligne de piano en fond, des orchestrations, et un tempo endiablé, un Fabio au top de sa forme que ce soit sur les montées vocales ou les lignes plus douces. On en parle aussi du moment où Fabio tout guilleret se la joue falsetto à la Freddie Mercury avec son « ha ha, ha ha, hahaaaa » suivi par un solo clavier démentiel ?! Sans oublier le final en apothéose.
Autant vous dire que Origins avec ses deux minutes posées en instrumental / choeurs uniquement, nous permet de laisser retomber la pression qui jusque là est montée bien haut. Cet interlude façon opéra de haute volée rappelle grandement l’intro Quantum X de l’album Ascending To Infinity de Luca Turilli.

Effectivement, ce break est pour mieux nous replonger dans cet univers Multidimensional épique. Et c’est Alex derrière ses fût qui nous la régale de part son jeu versatile. Un titre qui alterne passages puissants, posés et langoureux (Fabio encore… ! ), orchestrales ou modernes. Un mélange divinement concocté et appuyé une fois de plus par la voix d’Emilie sur les choeurs.
Une sorte de « faux duo » qui servira d’introduction à l’inattendu Amata Immortale, qui là est un vrai duo Emilie / Fabio. Rien qu’aux premières notes de piano on pense avoir une légère idée de ce qui va arriver. Et bien non. Alors certes le combo vocal Fabio posé sur la ligne de piano délicate est prenante, mais quand Emilie s’insert dans cet ensemble et que les orchestrations se mettent en place, c’est le frisson assuré. Ce titre opéra, ces montées vocales sont juste à couper le souffle. Ca nous explose comme ça au visage sans crier garde et on se voit revenir dix sept ans en arrière avec l’apparition du magnifique Lamento Eroïco. Luca et Fabio ont avec ce titre une nouvelle pièce majeure dans leur set live et dans leur discographie tout simplement.

Au tour maintenant de I AM. Simplement nommé, mais discrètement il pointe le bout de son nez avec Mark Basile (DGM) au chant, délicat qui propose un duo monstrueux pour ce titre aux envolées vocales accrocheuses. Un mid tempo de la plus belle facture qui une fois que l’on s’est remis des refrains catchy boostés par cette puissance et limpidité vocale propre aux deux chanteurs, nous met une gifle marquante avec un passage piano chant à la Bohemian Rhapsody de Queen. Masquerade ! J’en reste encore scié de la claque que j’ai prise sur ce passage, et que je prends d’ailleurs à chaque fois que je l’écoute; comme tout le morceau d’ailleurs. Quelle pépite.
Ni une ni deux, on arrive déjà à la fin de l’album avec Arcanum (Da Vinci’s Enigma) qui lui, revient sur du un peu plus traditionnel avec son ambiance plus proche de LT’s Rhapsody (avec un titre très proche du final d’ Ascending To Infinty : Of Michael The Archangel And Lucifer’s Fall) avec tous ces choeurs mais qui garde son identité propre à cette nouvelle norme et structure musicale plus moderne. On peu considérer cet arcane comme le feu d’artifice final de cet album. On en prend plein la face et c’est cadeau !

Que dire si ce n’est que cet album est une grande et très bonne surprise qui risque d’en faire jazzer plus d’un.
Ce Rhapsody n’a plus rien à voir avec ce que l’on connaissait, il faut se mettre ça en tête une bonne fois pour toute. Il est en quelque sorte la suite / l’évolution logique des derniers albums solo de Luca Turilli (2006) avec la touche de modernité du Prometheus; sans oublier un groupe qui a une forte volonté d’aller de l’avant, de prendre des risques, et de faire la musique qui leur tient à coeur. Ca paye, et s’ils poursuivent cette aventure, c’est certain, le public suivra !
 
Critique : Lionel
Note : 9/10
Site du groupe : Page Facebook du groupe
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