Chronique

PERIPHERY - PERIPHERY IV : HAIL STAN / 2019 Century media

Si aujourd'hui mettre du metalcore dans les riffs de Meshuggah est complètement évident, c'est largement grâce à Periphery. Les américains ont porté le djent comme genre à part entière, un genre influent au coeur d'une hype pour le métal progressif qui ne s'est jamais aussi bien porté. Et ce n'est pas prêt de s'arrêter puisque Periphery III : select difficulty est un succès commercial grâce auquel le groupe se permet de franchir une nouvelle étape : monter son studio et produire un album end-to-end en toute indépendance.

Ici, Periphery remet sa carrière en jeu avec l'album le plus schyzophrène, le plus clivant et le plus tranchant de sa carrière. Hail Stan présente un métal Extrêmement rugueux et étrange d'un côté comme Exagérément mainstream et soyeux de l'autre. Mis en plein milieu de la face de l'auditeur; Reptile pose cette dualité, joue cartes sur table sur 16 (putain de) minutes pour ce qui sonne commela mise en bouche la plus ambitieuse de toute l'histoire du métal. Le groupe y a mis tout le fruit de son labeur, des amples, des orchestrations très présentes, une électronique intelligement dosé, une subtile touche de guitare rétro, et enfin la voix de Spencer Sotelo présente sur tous les tableaux : émo, growlo, électro, proggo... yolo ? L'exercice est difficile, le lien entre les différentes séquences n'est pas audible à la première écoute, mais le titre fonctionne. La chronique se serait arrêté là si Periphery n'était pas allé aussi loin par la suite.

Loin dans la violence tout d'abord. Blood eagle et CHVRCH BURNER proposent les moments les plus oppressants de la discographie. L'orchestration massive se surperpose aux guitares pour produire à l'auditeur la sensation d'être à l'intérieur d'une machine infernale. Touchant ainsi du bout du petit doigt, un mélange entre le nu métal et le mathcore. Cette façon de produire sonne comme la réponse américaine à l'album Sonder des britanniques de TesseracT. Il est possible de retrouver le même style planant, doux et onirique lors des accalmies.

Periphery prend pourtant bien ses racines aux pays de l'oncle sam, au travers du pop-punk et du métal alternatif, l'objet de sa schyzophrènie. Car là aussi, le groupe a poussé le bouchon. Si Garden in the bones ne fait qu'ouvrir la paranthèse, It's only smiles a complètement les pieds dedans. Au départ, l'air de rien, il se présente presque comme un morceau du groupe de prog-instrumental-de-la-plage Chon avant de carrément virer sur du métal alternatif de teenager, avec Spencer Sotelo qui joue à fond sur le terrain du pop-punk. A la limite de l'écoeurement. C'est d'ailleurs sur cette note là que l'album se clôturera, ce qui n'empêchera pas le groupe se poser Follow your ghost pour rattraper les fans perdu en cours de route, comme son strict opposé Crush, une expérimentation électro batterie/voix.

Provocateur d'une série constante d'ascenseurs émotionnels, j'ai donc mal à coire que Hail Stan soit écoutable d'un seul tenant par le commun des métalleux. C'est une oeuvre extrêmement ambitieuse à la croisée de plusieurs mondes incompatibles par nature. Heureusement, à l'écoute répété le côté nian-nian de la face mainstream permet de digérer l'opulence des premiers titres et des coups derrière le crâne calés tout au long de l'album. L'approche classique des solis est très intéressante car elle vient vraiment en contraste du nouveau son, plus froid et parfois chaotique. Au final, s'il doit y avoir un coup de coeur en 2019, c'est assurément pour un album de cet envergure.

Line-up
Misha Mansoor - guitares, production
Spencer Sotelo - chant
Jake Bowen - guitares
Matt Halpern - batteries
Mark Holcomb - guitares


Tracklist
01. Reptile
02. Blood Eagle
03. CHVRCH BVRNER
04. Garden in the Bones
05. It's Only Smiles
06. Follow Your Ghost
07. Crush
08. Sentient Glow
09. Satellites


Date de sortie : 5 avril 2019
Recommandation :
TesseracT - Sonder


 
Critique : Weska
Note : 8/10
Site du groupe : Page facebook
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