Chronique

KADINJA - DNA / Arising empire 2019

La sortie cette année de leur dernier album Super 90' a donné une idée aux français. Probablement une idée à la con au départ et qui devient aujourd'hui un album de reprises de Nu-metal, ou, comme on le disait alors, de Néo-métal. L’exercice ne se limite pas à rejouer des morceaux cultes, mais à livrer une nouvelle interprétation, une interprétation djent pour la nature sonore, et métal progressif sur les structures. La promesse est comaque. Sur le papier, c'est Noël en avance!

Et la réaction à chaud devant ce cadeau est celle du pull de noêl tricoté par tati Jeannette. Sourcils froncés, pouce sous le menton, index le long du visage, vous faite une série de « non » de la tête, partagé entre la surprise et l'incompréhension. Vous n'êtes pas prêt.

Au début, on ne sent pas le coup venir. Malgré un choc musical assez marqué, pour ce qui est de la pilosité du son djent, DNA réussit son entrée avec Hot dog, grand classique de Limp Bizkit. Choix non sans clin d'œil à l'absence de titre de Nine inch nail. Musicalement, il copie trait pour trait le style d'origine, à l'exception d'un breakdown djent qui casse les dents et donne un vrai coup de frais avant le refrain. Le curseur du remake est bien placé.

Puis il y a Point of authority de Linkin Park. Ce titre très épuré à la base s'avère indigeste à la moindre fioriture. En plus, Kadinja en fait des caisses : superpositions de sons, d'arrangements, d'effets de guitares et de voix, parfois lointains, décalés. Too much. Je ne sais pas si le terme technique « suproduit » est réellement approprié, mais je peux vous dire le résultat : c'est bruyant. A cela s'ajoute le style dissonant du prog/djent qui donne un résultat très curieux, ou les choix sur les chants qui semblent sonner faux. Les refrains des titre Alive et Between angels and insects passent difficilement.

Un peu plus à froid, et en assimilant l'opulence grotesque de ce concept, les grands hits du Nu-metal en milieu d'album s'avèrent assez géniaux et inversent le ressenti. Le mur de son, à base de guitare à la graisse de gras et d'effets dubstep, va particulièrement bien à Falling away from me. Outre le double clin d'oeil à Korn et Jonathan Davis, il se dégage, juste par la technique, un profond malaise qui colle parfaitement à l'esprit du titre d'origine. My own summer de son côté un effet de guitare djent qui colle au crâne, dans un titre totalement revisité, prouvant que cette approche fonctionne. Autre kiff encore avec This is the news shit et Spit it out. Les amateurs apprécieront l'appui d'Aaron Matt, le frontman du groupe de deathcore Betraying the martyr. En terme de bruyantitude, il se pose là celui-là aussi, mais sur du Slipknot bas du front ça passe.

Il est donc temps de conclure au calme avec la balade en guitare claire et arabesque pour Aerials de System of a down. Oui, le challenge était extrêmement difficile, oui, ce n'était pas une super idée d'en faire des tonnes en studio, et oui, Dedication.Nostalgia.Addiction est difficile d'accès. Pourtant, j'ai déjà envie d'un DNA 2. Cette saveur aigre-doux, djent-nu, est assez agréable, et avec plus de contrôle, cela peut vraiment devenir génial. A date, c'est le seul concept de reprise sans parodie qui tient la route. Point.

Enfin, parlons peu, parlons bien. 10€ l'album numérique en précommande sur le bandcamp. Faites pas vos rapias !

Tracklist
1.Hot Dog
2.Points Of Authority
3.Falling Away from Me (feat. Malyka Johany)
4.My Own Summer (Shove It)
5.This Is the New Shit (feat. Tom Gadonna)
6.Spit It out (feat. Aaron Matts)
7.Between Angels and Insects
8.Alive
9.Passive
10.Aerials (feat. Malyka Johany)


Sortie : 27 septembre 2019
 
Critique : Weska
Note : 6/10
Site du groupe : page bandcamp
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