Interview

WORMFOOD (2016) - Emmanuel, Arnaud et Thomas

Je commence l’interview avec Renaud et Thomas puis, je rencontre Emmanuel dans un second temps pour appuyer certaines réponses des deux autres membres du groupe..


D’où vient le nom de l’album ?

Renaud :
L’envers pour l’envers du décor, l’envers de tout ce qui se passe en coulisse pendant un spectacle, ce qui est un peu caché aux spectateurs. C’est aussi l’année du vers, l’an vers en deux mots, l’année du retour de WF parce que c’est vrai que ça faisait déjà 5 ans qu’on avait plus rien fait et enfin au niveau sonorité c’est aussi assez proche de « l’enfer » .

Quel est l’origine du nom du groupe ?

Renaud :
Ça va être difficile à dire pour nous le groupe est né avant qu’on arrive tous les deux. Mais WORMFOOD c’est un mot art gothique américain qui désigne la mort dans des termes pas très élogieux. C’est joyeux !

Emmanuel : L’origine du nom du groupe c’est parti.. ça remonte à loin loin loin. Je crois que j’ai découvert cette expression, c’est pas très glorieux hein, j’ai vraiment honte de dire ça.. sur un site qui présentais des photos de femmes mortes dans leur cercueils. Et le nom du dossier c’était Wormfood et j’ai trouvé que le nom était assez perturbant et percutant. Ça veut dire mort hein c’est un mot d’argot américain. Je pense qu’il a un sens fort dans le mauvais sens du terme en anglais. Quand le premier line up du groupe a explosé en 2009 on pensait renommer WF en Mangevers et puis a la réflexion ça aurait peut-être été se tirer un balle dans le pied parce que ça aurait été tout un travail à refaire sur un nouveau nom de groupe donc on a gardé WF je pense que ça choque plus personne et que c’est passé maintenant. Mais Mangevers il est resté dans le nouvel album en nom d’un des morceaux en plus c’est une chanson qui parle de la carrière du groupe. Voilà.

Cela fait 5 ans depuis votre dernier album, qui était une réédition du premier, qu’avez-vous fait pendant ce temps ? Cet album vous a pris 5 ans ?

Renaud :
On a fait de la scène, en 2010 y a eu un nouveau line-up après l’enregistrement de Posthume et avant la sortie. Donc on a défendu Posthume sur scène et ensuite on a commencé à composer l’album et ça a duré duré duré et on a pris tous notre temps, on était pas pressés et on a bien fait. Ça a durer parce qu’on a tous des carrières a côté mais ça a duré aussi parce qu’on le voulait. On voulait quelque chose d’assez abouti.

Thomas : A la sortie de Posthume, on a dû apprendre pas mal de morceaux de l’ancienne line up, on l’a fait mais après on a eu aussi besoin d’une période de digestion pour donner a WF un nouvel album pour que ça se passe avec nous mais que ça reste WF en essayant justement de travailler sur une fusion entre les ambiances de France et de Posthume, qui sont différentes pour donner quelque chose de réussi. C’était pas gagné, y avait du travail.

Qui écrit et qui compose ?

Renaud :
Au niveau des paroles, tout est à Emmanuel, il se charge totalement des thèmes, il nous demande notre avis mais de toute façon si il y avait eu un jour quelque chose que j’aime pas dans ses paroles je ne pense pas que je lui dirait, c’est pas arrivé. Au niveau de la composition, ce qui se passe c’est que Manu m’envoyait des débuts de morceaux qu’il avait composé lui-même moi mon premier boulot c’était de les retranscrire pour pouvoir en discuter plus facilement avec les autres musiciens. Ensuite on revoyait essentiellement quand il y avait besoin, la structure au niveau des ponts etc. Après quoi je commençais à bosser sur ma guitare, on faisait des très légères ébauches de batterie qu’on envoyait à Thomas pour qu’il puisse bosser la batterie à partir de ça. Et à partir de là y a les bases qui sont venues se greffée, Emmanuel et Pierre notre claviériste on bosser pendant quelque jours ensemble sur les arrangements claviers et après tout ça Manu compose les paroles et les lignes de chants.

Thomas : En gros quand on compose les morceaux, la musique, on a aucune idée de ce dont ça va parler. Du coup ça créé aussi une cohésion quand t’écoute l’album. C’est un bloc quoi.

Renaud : Ouais on sert la musique et après les paroles se greffent par-dessus. Alors est-ce que Manu est influencer par la musique quand il compose les paroles, je suis même pas si sûr que ça. Forcément un petit peu mais c’est les paroles sur la musique qui vont donner une cohérence donc je pense pas qu’il faille a tout pris donner de la cohérence dans la composition.

A l’inverse de nombreux groupes français, vous écrivez vos chansons en français, pourquoi ?

Renaud :
Oui, l’anglais c’est une langue plus facile à chanter parce que plus tonique, comme l’allemand et l’espagnol. Le français c’est assez plat, donc je pense que c’est pour ça je pense qu’il y a beaucoup de groupes qui préfèrent chanter en anglais. Quand tu scream et growl c’est vachement important de chanter en anglais je pense. C’est pas du tout le cas dans WF d’une part les textes sont vraiment importants pour Manu et il veut absolument qu’on comprenne c’est pour ça qu’il chante en français et qu’il essai de chanter le plus intelligible possible. Il a commencé sa carrière pro par prof de littérature et donc il lit beaucoup, il aime bien la langue française et moi aussi j’aime bien. Voilà. Je sais que en France ça plait pas du tout les textes en français.

Thomas : Moi j’ai des autres projets qui sont en français voir en breton et en langage inventé donc voilà pourquoi pas moi ça me dérange pas spécialement !

Emmanuel : Je ne suis pas anglais. Hasard ? Coïncidence ? Je ne pense pas. (rires) Par ma formation littéraire, ce gout de la littérature et des mots je pense que je maitrise un petit peu donc je pense que j’écris mieux en français que je n’écris en français. Même si il m’arrive d’écrire en anglais pour d’autre projets Heard notamment un projet électro qui est totalement différent et totalement en anglais. J’aime mieux parler en français je trouve qu’il y a un côté mission de prendre le français et le mettre en avant, d’aller déterrer quelque mots obscure et c’est pas dans une démarche de prétention d’écraser les gens en disant regardez comme j’utilise des mots compliqués je trouve qu’il y a une vraie beauté dans la langue française et qu’il faut la remettre en valeur et puis c’est quelque chose que je sais faire alors je le fais tu vois. C’est pas une croisade francophile mais je trouve que c’est bien. Je pense que ce qui fait la différence c’est qu’on essaie de le rendre audible il est pas crier et c’est important pour moi que les gens comprennent ce que je dis et ça donne toute suite une force aux propos. On a pas le même ressenti quand quelqu’un vient chuchoter à 10 cm de ton visage dans ta langue natale ou si il est loin et qu’il hurle. Le type qui braille il gueule pour le monde entier. C’est pas un jugement de valeurs mais si je suis le type qui hurle sur scène et qui crache sa haine il hurle sur tout le monde, moi mon idée c’est de venir tout près de ton oreille et de te dire des choses à voix basses, des choses qui vont te mettre très mal à l’aise mais avec beaucoup d’élégance et de douceur.

Avez-vous des influences artistiques qui vous inspire pour écrire vos chansons ?

Thomas :
Il a déjà beaucoup dans sa tête. Mais il fait beaucoup référence aux personnages des autres albums. Qui sont des facettes un peu caricaturer de certains aspects de la personnalité et du coup il construit avec tout ça.
Arnaud : Oui je pense pas qu’on.. qu’on.. deuille…. Je pense pas que ce soit obligé de s’inspirer d’un artiste, il faut accepter que de toute façon ce qu’on compose est inspiré par tout, ce qu’on écoute, ce qu’on lit ce qu’on mange. Je me vois pas me dire tiens je vais faire un genre à la taille de The Kreator parce que pour moi l’inspiration est présente mais faut pas la provoquer. A part si tu fais un concept album sur Alice aux pays des merveilles dans ce cas-là tu vas t’inspirer de Lewis Caroll.

Thomas : Sans citer de noms vraiment je pense qu’il faut pas en citer mais genre Type o negative ou Gainsbourg ou Tim Burton c’est quand même des univers qui nous sont assez chers. Y a un petit hommage à Type O dans la chanson GOTH avec Paul Bento en guest d’ailleurs qui a participer à Type O. Il joue du cithare et du tempura.

Emmanuel : Dans la peinture un de mes maîtres, un de ceux que je préfère du moins c’est Brueghel l’ancien, on est en plein renaissance et c’est comme Jerome Bosh on est à la fois dans quelque chose de très élégant et en même temps dans un imaginaire très riche et macabre aussi. C’est des fresques gigantesque avec des centaines de personnages, dans un de ses tableaux les plus célèbres y a au moins 500, personnages dans ce tableau. J’aime ces univers dans lesquels tu peux vivre quelque chose comme un disque que tu pourrais écouter, comme un livre que tu pourrais lire ou un film, cette idée de vivre un voyage à travers la peinture. J’aime beaucoup les impressionnistes, je suis un fou du Musée d’Orsay.

Que représente la pochette de l’album pour vous ?

Arnaud :
Ben, elle représente une scène de théâtre. T’avais remarqué c’est ça ? (rires) Ce qui est important pour l’album qui se veut assez narratif et imagé comme une succession de scénettes qui formerait une pièce à part entière. C’est la conjugaison d’une photo de Andy Julia notre photographe depuis un moment qui avait pris donc en photo le petit théâtre de Marie-Antoinette et la femme dessus avec les cheveux en flamme a été rajouté par Isham Adaji qui est le graphiste du groupe depuis un moment aussi. Après je t’avoue que pareil que pour les paroles on nous a solliciter pour nous demander si c’était bien moi comme je suis technicien de la musique je leur fait absolument confiance pour ce qui est du visuel parce que c’est vraiment pas mon domaine…

Emmanuel : Elle est en carton, cette pochette. Je suis parti de l’idée que quand on a commencé a avoir cette discussion avec Isham et Andy, d’un Versailles de cauchemars, Versailles mental, cet espèce de palais la dedans où y a toute sorte de créatures bizarres, de marquis fantôme, de courtisans, de personnages haut en couleurs, de libertins, tous ces monstres voilà. Alors ce théâtre voilà, c’est ancien, d’univers baroque. L’idée de l’artwork c’est pareil l’idée que ça accompagne le voyage de l’auditeur, on voulait vraiment avoir l’objet, le possédé. On a aussi le format digipack qui va aussi faire que la personne va être dans un état de confusion en se demandant est-ce que c’est un film, est-ce que c’est un CD. Donc ce format un peu inhabituel et j’aime bien avoir de l’espace aussi, tu peux développer l’univers justement. Donc c’est Isham qui a écouté le disque et m’a fait rapidement cette proposition. J’ai remarqué aussi qu’il y avait souvent aussi des femmes vénéneuses sur les pochettes, une brune, une rousse et aussi ça colle assez bien avec le dernier titre de l’album Poisonne qui met en scène une femme et aussi différentes entités on peut pas vraiment dire ce que c’est et voilà.

Premiers extraits de l’album « Serviteurs du roi », « ordre de mobilisation générale » puis « G.O.T.H » pourquoi celles-ci ?

Arnaud :
C’est le Label et Emmanuel qui ont choisis. Je crois que l’idée de la première c’était de faire assez mal avec Serviteurs du roi pour dire que WF revenait un peu plus vénère qu’avant. La deuxième Je voulais vraiment qu’elle soit dévoilée, Orde de mobilisation générale, parce que pour moi c’est un morceau qui représente très bien l’album, y’a un peu de tout dedans, y a de la violence, y a de la lourdeur et de la légèreté avec les petites interludes un peu rock et la troisième je pense que c’était pour surprendre et elle est un peu à contre pied.

Thomas : Ça résume bien WF en fait.

Arnaud : Oui, c’est le bordel. (rires)

Avez-vous un clip de prévu ?

Thomas :
Mystèèèèère (rires)

Arnaud : Tu demanderas à Emmanuel, moi quand on me demande je dis que c’est surement à prévoir. Mais c’est confidentiel. (rires)

La chanson G.O.T.H a un univers complètement différente des autres chansons, plus calme, presque joyeuse, qu’en pensez-vous ?

Thomas :
Ben souvent pendant une pièce de théâtre assez longue, assez chiante, y a une entracte, une interlude, on peut sortir respirer un peu, et ben c’est un peu ça. Et puis ça parle aussi de revenir un peu dans un monde sympa pour redescendre après dans un monde un peu moins sympa.
Arnaud : C’est le quatrième morceaux de l’album donc il se place exactement au milieu et pour moi c’est un virage en fait, le début de l’album est assez noir, assez violent et viens cette piste un peu psyché, un peu rock, un peu naïve et ensuite en effet ça repars sur une partie de l’album qui va être je trouve un peu plus proche de Posthume, plus rock.
Thomas : Puis c’est un peu un clin d’œil à Type O negative.
Arnaud : C’est aussi un peu un voyage à Brookline.. c’est BROOKLINESQUE.

Des concerts de prévus ?

Thomas :
C’est le problème quand on fait pas d’album pendant un certain ben y a moins de propositions après on s’est pas bousculer non plus pour en avoir des propositions mais c’est important aussi de prendre notre temps, de s’absenter, de réfléchir, de murir, de pondre quelque chose et d’attendre que ça atteigne les oreilles pour qu’on ait des retours pour que ça nous donne envie aussi de nous produire en live. Même si on y travaille, on va en faire mais pour le moment c’est pas l’objectif, là on se concentre vraiment sur l’album, le fait de le confronter au publique dans une première approche qui est le CD et après on fera des concerts bien sûr.

Un endroit où vous aimeriez beaucoup jouer ?

Arnaud :
Dans le petit théâtre de Marie Antoinette à Versailles ! Ou au théâtre Montansier à Versailles aussi. Dans tous les théâtres un peu ancien. Pour l’acoustique, pour le lieu. Mais c’est mort. C’est complètement mort.

Je vous laisse le mot de la fin pour les fans et lecteurs de SDM…

Thomas :
Tu demanderas à Manu. (rires) Merci ! Achetez le disque !

Arnaud : Achetez-le et venez nous voir en concert. Et lisez les articles de SDM. Et achetez la pâte à dentifrice.. non.
 
Critique : Aurélie
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