Interview

EVERGREY (2017) - Jonas Ekdahl (Batterie)

Depuis sa création en 1996, Evergrey a su s'imposer au fil des années comme l'un des groupes les plus intéressants de la scène metal-prog. Le groupe a conquis l'Europe mais reste encore un peu trop méconnu en France. Leur tout récent passage au Hellfest risque de changer la donne. Rencontre avec leur batteur Jonas Ekdhal.

« Vous avez fêté l'an dernier les vingt ans du groupe. Avez-vous organisé quelque chose de particulier à cette occasion ? »


Jonas : « Non. Nous sommes très heureux de faire ce que nous faisons, de sortir des disques, de tourner. Cela suffit amplement à notre bonheur sans avoir besoin de le célèbrer d'une manière officielle. »

« Il y a eu beaucoup de line-up différents dans Evergrey depuis la création du groupe. Comment expliques-tu cela ? »

Jonas : « Il y a eu 16 membres différents au total dans Evergrey. Chacun a des valeurs différentes dans la vie. Si des gens ne se sentent plus assez concernés par le groupe, il est normal qu'ils partent pour vivre d'autres choses, d'autres expériences. »

« Avec Henrik, vous êtes tous les deux revenus dans le groupe en 2014 après en être partis en 2010. Pourquoi ces départs à cette époque ? »

Jonas : « Je suis arrivé une première fois dans le groupe en 2003 avant d'y revenir il y a trois ans. Lorsque nous avons quitté Evergrey avec Henrik, nous avons réalisé que nous nous devions d'avoir des valeurs en tant que musiciens. Nous étions trop arrogants à cette époque. Nous sommes revenus plus matures, plus humbles. Nous avons compris que nous devions mettre notre énergie au service du groupe. Les autres membres d'Evergrey sont nos meilleurs amis et ils méritent qu'on donne le meilleur de soi. »

« Göteborg a eu une scène metal très forte. Grandir dans cet environnement musical a-t-il aidé le groupe à se construire ?

Jonas : « D'une certaine façons même si Evergrey était différent musicalement de ce que l'on a appellé le son de Göteborg. »

« On pense à In Flames lorsque l'on parle de ce son. Vous êtes proches d'eux ? »

Jonas : « Oui, ce sont de supers amis. Nous trainons dans les mêmes bars, fréquentons les mêmes endroits.Nous nous voyons très souvent. »

« Le groupe est passé au fil des années d'un death progresif à du metal progressif. C'est ce dernier genre qui qualifie le mieux votre musique ? »

Jonas : « Je ne sais pas. Je déteste les étiquettes. Nous sommes un groupe en évolution pepétuel. Notre son change au fil des albums. Après, cela ne me gêne pas que l'on parle du groupe comme d'un groupe de metal-prog. C'est un genre que j'aime beaucoup. »

« Votre son est très puissant mais posséde un aspect mélodique très important. »

Jonas : « J'avais 13 ans lorsque le groupe a commencé donc je ne pourrais définir le son du groupe à ces débuts. Ce que je sais, c'est qu'Evergrey a toujours évolué d'un album à l'autre. C'est l'aspect le plus important de ce groupe. Nous sommes plus sûrs aujourd'hui du son que nous voulons et de nous mêmes. Et c'est vrai que l'aspect mélodique compte énormément pour nous. »

« Comme avec l'apport des claviers qui sont primordiaux dans votre son. »

Jonas : « Oui, ils sont extrêmement importants. Je sais qu'il y a des gens dans la scène metal qui trouvent qu'il ne doit pas y avoir de claviers dans ce genre musical. Pour nous, les claviers sont indispensables. Ils ajoutent une touche mélodique à notre musique et l'équilibre du groupe repose sur cet alliage guitares/ claviers. »

« C'était la première fois que vous jouiez au Hellfest. C'est étonnant, non ? »

Jonas : « Oui, je sais. Cela fait tellement longtemps que nous voulions jouer ici. Nous remercions chaleureusement Roger Wessier de Replica qui nous a permis de s'y produire enfin. »

« Comment as-tu ressenti le concert d'aujourd'hui ? »

Jonas : « Cela a été fantastique. Nous avons senti que plein de gens ne connaissaient pas notre musique et de les sentir entrer de plus en plus dans ce que nous faisions au fur et à mesure du set a été un vrai bonheur. »

« Votre dernier album, « Storm Withhin » est-il pour toi le meilleur du groupe »

Jonas : « C'est une question difficile. J'aime beaucoup cet album. C'est le disque que nous voulions faire. J'en suis très fier. J'adore aussi le second album du groupe qui est sorti lorsque j'avais 16 ans. Je n'étais pas dans Evergrey encore mais le groupe m'en avait filé une copie et j'avais été impressionné. »

« Il y a dans votre dernier disque une ballade, « The Paradox of flame ». Vous aimez ce genre ? »

Jonas : « Oui, nous aimons bien les ballades. Ce morceau est d'ailleurs un titre que j'ai écrit. C'est le dernier que nous avons fait pour l'album. Il était tard lorsque nous l'avons enregistré. Nous avons ouvert une bouteille de vin et avons senti un fantôme. Le studio est à l'arrière d'un cinéma en plein centre de Göteborg où il y a un fantôme qui s'appelle Hans. C'est celui d' un acteur suèdois Ernst Ugo Järegard qui a son siège dans le théâtre. Cela aurait pu être flippant mais ça ne l'était pas. C'était au contraire une sensation géniale. »

« Tu crois aux esprits ? »

Jonas : « A 100% »

« Vous jouez dans plein de festivals cet été notamment le Sabaton Open Air Festival qui fête cette année son dixième anniversaire. »

Jonas : « Oui nous y jouons avec Hammerfall et Avatar notamment. C'est un gros festival métal en Suède. Mais ce n'est bien sûr pas aussi gros qu'ici. »

« Vous faites une tournée européenne cet automne mais la France n'est pas annoncée »

Jonas : « Toutes les dates ne sont pas encore fixées. De nouvelles dates s'ajouteront et nous espèrons vraiment jouer en France. »

« Pourquoi ? Tu aimes la France ? Qu'est-ce qui t'y plait ? »

Jonas : « Tout. Les gens, le vin, la bouffe, surtout le bœuf bourguignon, l'architecture. Vive la France. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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