Interview

OPPROBRE (2018) - Baptiste (claviers), Clement (guitare), Olivier (guitare - chant)

Les montpelliérains de Opprobre ont sorti l’an dernier un premier album, « Le Naufrage », un disque splendide qui deviendra à coup sûr au fil des années une référence dans le style post black metal. Leur musique mélange l’extrême à des envolées planantes à la Pink Floyd pour un résultat intriguant et fascinant. Rencontre avec le groupe chez eux à Montpellier.

« Que signifie Opprobre ? »

« Le nom renvoie au sentiment de rejet social. Cela nous a inspiré car le groupe développe des thèmes liés à la solitude et à la rêverie. Dans nos compos, il y a toujours la violence, la mélancolie mais aussi l’espoir latent. Notre premier album « Le Naufrage » est très introspectif et va plutôt vers le côté négatif des choses mais le prochain ira vers un côté plus positif. »

« Comment s’est crée le groupe ? »

« Il y avait eu une rencontre avec Vincent notre chanteur il y a quelques années puis en 2015, nous avons rencontré des musiciens sur Montpellier. L’album est sorti en 2017 et nous avons à ce moment là recruter d’autres membres dans la perspective des live à venir. A la base Opprobre n’était prévu pour n’être qu’un groupe de studio parce que les musiciens étaient dispersés un peu partout en France. Nous venons tout juste de donner notre premier concert, au BlackSheep à Montpellier. Certains membres du groupe avaient l’expérience de la scène avec d’autres groupes dans le passé. »

« Il y a une grosse influence Pink Floyd chez vous. »

« Oui tout à fait. Nous aimons le côté atmosphérique. Nous sommes fans de Pink Floyd, de la musique progressive, de groupes comme Yes ou Goblins. Il y a beaucoup d’arrangements, d’interludes chez Opprobre car nous voulons faire rêver le public. »

« Vous mêlez chant clair et chant growlé. »

« Oui, nous voulons qu’il y ait à la fois dans notre musique des éléments extrême et d’autres planant. C’est pour cela que nous mêlons les deux chants. Nous aimons le black metal mais aussi beaucoup d’autres choses. Nous trouvons que le black metal pur a un peu tendance à tourner en rond et qu’il est nécessaire d’y incorporer d’autres éléments pour que le genre se renouvelle. »

« Vous qualifieriez votre musique de post black metal ? »

« Tout à fait. Il y a cette influence du post-rock chez nous, cette envie de crescendos à l’intérieur des morceaux. »

« A quoi renvoie le titre de votre album « Le naufrage » ? »

« Il y a un thème récurrent dans le disque : celui de l’eau et à travers l’eau, le flux et le reflux, le calme et la tempête. Les compos forment comme un naufrage psychologique de l’individu. La pochette est un tableau de Turner qui exprime d’une certaine manière cette idée de naufrage. »

« Vous chantez en français. C’est rare dans le black metal. »

« On avait envie de mettre en avant la langue française pour les subtilités de notre langue. On s’inspire beaucoup du romantisme allemand et la langue française est plus pertinente pour cela que l’anglais. On est en train de penser pour le second album à faire une explication des textes. »

« Quand sortira cet album ? »

« On a maquetté 50% du disque. L’idée est de l’enregistrer l’année prochaine. »

« Comment est la scène metal montpelliéraine ? »

« En black metal, il n’ y a pas grand chose. En revanche, il y a beaucoup de groupes punk, death-core ou metal-core. On est un peu à part à Montpellier de par notre côté atmosphérique. »

« Sur scène, vous êtes habillés de blanc et de noir. Pourquoi ? »

« On avait envie de créer une ambiance particulière pour casser les codes classiques du black-metal. On voulait le blanc pour la pureté, la renaissance et le mêler au noir pour le côté sombre. Par ce code vestimentaire, on veut aussi exprimer le je de l’individu. C’est comme une mise en abyme du groupe. »

« Vous avez des projets de concerts ? »

« On va jouer à Bordeaux le 24 mars. On commence à prospecter pour d’autres dates. Il y a des concerts qui se feront sans doute à Toulouse. »

« Pouvez-vous nous parler de votre label, Endless Decrepitude Productions ? »

« C’est un label de Albi. Nous n’avons pas de contraintes au niveau partenariat car nous pouvons être distribués par d’autres labels. On trouve chez eux des groupes black-metal, pagan. C’est un label qui a été conçu à la base pour exporter la musique de Thomas puis il en est venu à le développer et l’a ouvert à d’autres groupes. »

« Vos morceaux sont longs. »

« Nous avons envie de n’être pas répétitifs, d’avoir différentes nuances à l’intérieur d’un même morceau. Nous voulons faire monter l’émotion. Nous utilisons pas mal de structures particulières avec des accords dissonants. »

« Vous avez des goûts musicaux ultra variés. »

« Oui, ça va d’Emperor à Yes, en passant par le trip-hop et la musique électronique. On aime également le death-prog. »

«Le nouvel album sera dans le même style que le premier ? »

« Il n’y aura pas de révolution dans le style. Ce sera toujours du post black metal. Mais les compositions ont été plus réfléchies. On est plus exigeant dans nos post-prod. On veut apporter plus de nuances. Les arrangements seront plus lumineux que ceux du premier. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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