Chronique

ACHERON - KULT DES HASSES / Listenable records 2014

Le metal extrême américain est, comment dire... radicalement différent de sa version européenne. Par exemple aux states, le black metal ne se mange pas seul ; un peu comme s'il était impossible de manger un hamburger sans frites v'voyez ? Vous avez un bon exemple avec Acheron qui après plus de 20 ans de carrière, reste un groupe difficile à étiquetter, bien loin des facilités de nombre de groupes norvégiens. Enfin paraît-il.

Ceci dit il faut vraiment digérer les trois premier morceau de "Kult des Hasses" (Culte de la haine allemand, ndr) pour comprendre où ils veulent en venir. Par exemple, en l'espace de ses 8 minutes "Daemonum Lux" m'a transporté des riffs lents clichés du death aux solis ultra-speed ou ultra-posé du trash en passant par la catharsis habituelle du black. "Raptured to divine perversion" remue également les miches avec une dominante trash ultra-mélodique sur le départ, aussi vite rattrapé par l'univers lugubre du trio.

"See us, Ear us, Face us, Fear us" - Satan holds dominion

Alors, où va-t-on ? Et bien justement, ce soupçon de manque de cohésion est rattrapé par une triplette qui joue sur le même registre. J'avais d'ailleurs pensé un morceau représentatif de l'esprit du goupe dans "Misanthropic race" avec une musique assez rentre-dedans et bien rhythmé. Du genre à envoyer son lot de blast beat, et à se conclure par un petit coup de mou qui précède un solo un peu foufou.

Mais ça, c'était avant de tomber à nouveaux sur deux aliens. Il y a tout d'abord "Whores and harlots" un morceau complètement alcolisé, délirant à la structure complètement tordue. Assomant. Ensuite il y a "Asphyxiation (hands of god)" qui contrairement à son nom est une vrai bouffée d'oxygène dans cet album de part sa construction. Ce morceau ressemble à un voyage à travers l'histoire du metal. Il y a d'abord l'ère primitive et son accroche trash bien lourde et bien sale, ensuite une propagande sauvage black, puis quelques choses de plus mélancholique ou pervers qui abouti vers le solo le plus délicat de l'album qui s'ouvre à nouveau sur du black.

Dans cette sauvagerie, il y a une forte tendance à faire hurler la guitare sur les soli. Alors, pour aller au bout du vice, le groupe a composé "Concubina do diabo" quasi-entièrement dédié à cela. On doit être à 1 ou 2 sur l'échelle de richter de l'intéressant ; prenons ça pour un délire perso.

Conclusion : Dans son ensemble Kult des Hasses surprend par sa musique et ses enchaînement. Le groupe a bel et bien une marque de fabrique qui le distingue et qui mérite une bonne série d'écoute pour en incorporer tous les éléments. Certains morceaux assez atypique come Asphyxiation ou Jesus Wept accrochent de suite mais beaucoup d'autres vont afficher un manque de cohésion et des soli qui se ressemblent tous plus ou moins. Les amateurs de metal extrême underground devraient tout de même pencher une oreille dessus, car cela vaut le détour. Son basique, guitare pêchue et basse qui vibre dans le bide : l'essence est là.

Tracklisting :
1) DAEMONUM LUX
2) SATAN HOLDS DOMINION
3) RAPTURED TO DIVINE PERVERSION
4) JESUS WEPT (Again and Again)
5) THY FATHER SUICIDE
6) MISANTHROPIC RACE
7) WHORES AND HARLOTS
8) ASPHYXIATION (Hands of God)
9) CONCUBINA DO DIABO
10)DEVIL’S BLACK BLOOD
 
Critique : Weska
Note : 6.5/10
Site du groupe : Twitter du groupe
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