Chronique

MEMORIES OF A DEAD MAN - (RE) M.A.Z.E.D / Season Of Mist 2020

Memories of a Dead Man, groupe de Seine et Marne dont la formation a totalement évolué depuis 2005 et qui a fait un retour en 2019, se définissent comme « des rockers qui font du metal dans un groupe de hardcore » avec un style caractérisé par « un mélange de douceur et de violence, de mélancolie et de rage ». J’ai donc quelques idées de ce qui m’attend lors de l’écoute de (re)M.A.Z.E.d, le 6ème album du groupe, qui sort ce mois-ci.

Le premier titre Shapeshifter offre un démarrage direct, énergique, avec le scream de Maya qui file la patate, avant d’embrayer sur un duo masculin / féminin en voix plus claire. Le morceau alterne vigueur et douceur, avec un chanté/parlé qui par moments me rappelle un peu Nova Twins, mais aussi la chanteuse d’Atrox. Do you accept ? laisse plus de place à la voix masculine qui entre en scène en premier. Les sonorités un peu intrigantes, et le duo de voix donne une impression d’affrontement ou d’émulation, ce qui m’évoque certaines chansons de P.O.D.. Des influences diverses sont perceptibles, la différence d’interprétation entre le chanteur et la chanteuse est assez marquée, et le titre propose un passage un peu dissonant prog assez surprenant vers le milieu, avec cuivre et piano, plutôt inattendu. Le groupe est effectivement difficile à classifier, et tant mieux, si chacun des huit membres du groupe apporte son propre univers en réussissant à en faire un mix unique. La fin est nette et précise, cela ne traîne pas en longueur.

Scaring Stars offre un début très doux, puis la voix masculine s’impose, sans être toujours très juste malheureusement, ou du moins pas en accord avec la guitare et la basse, j’ai un peu crissé des dents… Il y a pourtant pas mal de potentiel dans ce morceau mais je trouve qu’il part un peu trop dans différentes directions à la fois, cela m’évoque Opeth, A Perfect Circle, Steven Wilson, mais avec plusieurs morceaux superposés, lancés en même temps par inadvertance sur YouTube… Les riffs froids et techniques en fond me paraissent plus réussis. Avec Hold your Breath on a un retour à un chant plus rentre-dedans, féminin cette fois paradoxalement, l’album joue l’alternance. Le morceau est plus post-hardcore que le précédent, mais avec toujours des oscillations entre délicatesse et rage. Avec So Shine le chant triste masculine et le piano monocorde installent une atmosphère très mélancolique, pluvieuse, sépia. C’est très calme et recueilli, j’ai tendance à attendre le déferlement qui va probablement s’abattre sur moi, habituée que je suis aux changements de registres ! Mais non, ce morceau est bel et bien un pur interlude de douceur. Le sixième titre, Ignition, débute façon Soen, très postrock, d’ailleurs même le titre me fait beaucoup penser à ce groupe. Je suis vraiment partagée pour le chant, certains passages sont très jolis, d’autres vraiment faux, je trouve qu’il y a trop de changements de registres pour garder la cohérence dans le morceau, je décroche et essaie de filtrer auditivement, dommage car l’alliance de la batterie, de la guitare et de la basse est très appréciable, alternant toujours entre volupté et vigueur. Mais le chant m’achève, je passe vraiment mon tour sur ce titre.

Deceiving Utopia m’évoque Leprous au démarrage, très prog de prime abord, j’adore une fois encore la batterie, la basse et la guitare, mais suis gênée par les faussetés et l’accent au chant. Le moment au chant mi-doux mi-rauque, avec une voix voilée, est un peu too much, façon comédie musicale… Suit Inner Shout qui est un des morceaux les plus pêchus, techniques, prog et énervés, avec quelques ponts plus lumineux entre deux déferlements sonores. L’enchaînement avec A Framed Window est très fluide, l’alliance des deux voix et des instruments est plaisante, parfois un peu sur le fil mais en restant harmonieuse, et le chant de Maya vraiment semblable à celui des Nova Twins sur certains passages de ce titre. C’est une chanson qui doit prendre toute sa dimension sur scène.

Et enfin le morceau final, Wavelength, offre beaucoup de douceur avec le début de ce titre, presque surprenant, plus metal ou posthardcore du tout, qu’est-ce que ça cache ? Le morceau monte en puissance progressivement, certains accords sont bien trouvés et à la fois envoûtants et apaisants, mais le chant me vrille un peu la tête lors de certains passages à l’intensité pas très bien dosée, mon avis n’arrête pas de changer en cours d’écoute, toujours basé sur le chant – essentiellement masculin. La fin est jolie et nuancée, il y a toujours deux trois faussetés à mettre de côté, mais on peut noter de la puissance dans l’interprétation.

Bref il y a beaucoup de bons éléments dans cet album, qui peut être mélodieux, entraînant, et inventif, à la fois doux et énervé, mais avec toutefois trop de canards pour moi qui m’ont trop souvent sortie de l’harmonie de l’ensemble. Peut-être que la formation est plus juste sur scène, ou que l’accord entre tous les membres du groupe va s’affiner avec le temps, vu que la voix masculine est l’ajout le plus récent.
 
Critique : Elise Diederich
Note : 6.5/10
Site du groupe : Page Facebook du groupe
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