Interview

ETHS (2016) - Staif (guitares)

Ayant très peu suivi, en détails j’entends, les débuts de Eths, j’ai tout de même sauté sur l’occasion afin de couvrir la promotion de la sortie de son quatrième album intitulé Ankaa. De ce fait, j’ai pu avoir un œil neuf -mais surtout des oreilles neuves- afin de découvrir cet opus. Point de pro « période Candice » ou pro « période Rachel », Eths s’écoute sur le moment, en toute sincérité. Voici donc mon interview avec Staif (guitares), principal compositeur et dernier rescapé du combo originel marseillais.


Staif, merci pour le temps que tu m’accordes, d’autant qu’avec vos répétitions et la release party de ce soir, j’imagine que tout doit être minutieusement chronométré.
Oui c’est un peu la course, mais il n’y a aucun problème, merci à toi !

C’est le premier album avec Rachel. A-t-elle participé à sa composition, en écrivant les paroles, par exemple ?
Non, elle ne se sent pas encore prête. C’est pourquoi je m’en suis occupé moi-même, avec l’aide de Faustine Berardo (La Nébuleuse d’Hima). Avant, c’est surtout Candice qui s’occupait des paroles. C’est un des grands changements dans la conception de cet album par rapport aux précédents, à savoir une implication plus importante de ma part dans l’écriture du chant.

Justement, tu t’es occupé d’énormément de paramètres dans cet album, à savoir la compo, les paroles, la musique et même la production. Je suppose que cette sortie doit te tenir particulièrement à cœur. Ca va, pas trop stressé ?
C’est vrai que Ankaa est un peu plus mon bébé que les précédents. Mais, je ne suis pas stressé non. En toute franchise, j’ai mis dans cet opus énormément d’envie, de passion, mais surtout de sincérité. Et ce qui me touche, ce sont les retours que je commence à recevoir de cette sortie. A la fois la presse spécialisée et les fans, que ce soit en France ou à l’étranger d’ailleurs, tous ont apprécié l’album. C’est donc à la fois rassurant et très motivant pour la suite.

La force du groupe est que les albums se suivent sans se ressembler. Cependant, la « touche Eths » (principalement axée sur le chant féminin en français avec growls et chant clair ainsi qu’un riffing très lourd et agressif) reste présente, mais… (il me coupe)
Tout à fait, et cela me fait plaisir, car ce n’est pas quelque chose que je recherche absolument. Comme je te l’ai dit plus tôt, j’écris ce que je ressens, rien n’est calculé ou prémédité. D’ailleurs, mon ami et luthier Laurent Cavé m’avait fait la même réflexion que toi lorsque je lui avais fait écouter les premières ébauches de l’album. J’ai donc continué sa composition un peu plus sereinement.

Malgré cette marque de fabrique, tu as intégré des éléments nouveaux, tels que de l’électro ou du chant arabisant. En fait, nous sommes en plein « changement dans la continuité », non ?
Oui, se renouveler reste primordial. C’est un peu ce qui s’est passé pour chaque album d’ailleurs ; toujours dans l’esprit d’écrire des sensations et des sentiments réels. J’ai la chance de pouvoir jouir d’une certaine liberté d’écriture, et cette liberté me convient parfaitement. De plus, l’âge passant, j’écoute de moins en moins de metal, donc la variété des morceaux, des ambiances et des sons enrichit mes compos. Quand j’entends que la direction que prend l’album est comprise et appréciée du public, et bien je me dis que je suis sur la bonne voie et que travailler jours et surtout nuits (rires) sur cet album en valait vraiment la peine. En toute franchise, je savais qu’il y avait un risque tant cet album est « difficile » d’accès à la première écoute ; et que s’il n’était pas apprécié, il aurait pu être le dernier album de Eths. J’ai toujours eu conscience de cette éventualité, en totale humilité.

Continuons dans la nouveauté avec l’apparition de plusieurs guests, à savoir Dirk Verbeuren et Björn Strid (Soilwork), Sarah Layssac (Arkan) et Jon Howard (Threat Signal). Comment as-tu fait ton choix et ont-ils accepté de suite ?
En fait, tout est parti de Francky Costanza (Dagoba). Effectivement, après le départ de Guillaume Dupré (batterie), j’ai contacté Francky pour lui proposer d’enregistrer l’album. Je lui ai envoyé les titres. Puis, il m’a répondu que les morceaux étaient excellents, mais qu’il n’était peut-être pas le bon batteur pour ce style. Il m’a conseillé de demander à Dirk. D’un côté, j’étais rassuré de savoir qu’un batteur du niveau de Francky me dise que l’album était de qualité, mais d’un autre côté, j’étais à la fois sceptique et presque nerveux à l’idée de proposer le poste à Dirk. Car sans le conseil de Francky, je n’aurais jamais osé le contacter ! (rires) Au final, il a adoré et m’a dit qu’il se sentait capable et ravi de participer à Ankaa. Cette période a également été déterminante dans le sens où j’ai eu la confirmation que j’avais fait du bon boulot reconnu par mes pairs.
Pour Björn et Jon, l’idée et la rencontre se sont faites grâce à Rachel. Via les réseaux sociaux -et également par la vidéo buzz de l’émission « la France a un incroyable talent » à laquelle elle a participé- elle les a contactés et ils ont très rapidement accepté avec plaisir. Enfin, pour Sarah, j’adore sa voix et je la connaissais déjà, bref, je voulais absolument qu’elle soit sur l’album. Notre label (Season Of Mist) a fait le nécessaire et j’en suis absolument ravi.

Entre l’artwork, le digipack, le vinyle et les photos promo, vous avez frappé très fort. De nos jours, le son n’est définitivement plus suffisant ?
En fait, cela fait partie d’un tout. Le public metal est réputé pour son côté collectionneur, donc offrir un produit fini et de qualité est presque la moindre des choses. J’en profite d’ailleurs pour saluer et remercier Nicolas Delpierre et Nicolas Senegas qui se sont, une nouvelle fois, occupé, respectivement des photos et de l’artwork.
Pour revenir à ta question, fort heureusement, le son reste majeur, même si je trouve que certains « jeunes » groupes abusent de l’image. J’avoue que désormais avec Internet, c’est devenu très « simple et rapide » de faire un clip ou un montage qui claque, mais si la musique ne suit pas, cela ne sert à rien. Il faut rester dans la sincérité, et le public -qui plus est metal- ne s’y trompe pas, et peut facilement repérer les « fakes ».

Jusque-là, comment a été reçu l’album par la presse et les fans ?
Plutôt très bien. Que ce soit les fans de la première heure (voire même les afficionados de Candice !), les auditeurs néophytes (Ndlr : comme moi) ou la presse spécialisée, le retour est très positif. A l’étranger ou en France, il a été assez unanimement apprécié.

Toi qui as connu beaucoup de changement dans le line-up du combo, te risquerais-tu à dire que celui-ci va et peut durer ?
Ce que je peux t’assurer, c’est qu’on est un groupe à part entière. Nous nous apprécions tous autant humainement que musicalement. J’espère donc vivement que l’aventure Eths continue le plus longtemps possible avec ce line-up. Après, tu le sais, il ne faut jamais dire jamais… (rires)

Par rapport au changement de musiciens justement. Est-ce que le départ de Candice a déterminé le changement typo de votre logo ?
Tout à fait. Candice était quand même un membre emblématique du groupe. Son départ a déstabilisé beaucoup de fans, c’est pourquoi repartir avec une nouvelle team imposait des modifications. Pour tout te dire, à un moment, je me suis même demandé si je devais garder le nom de Eths ou en changer. Finalement, mes proches m’ont confirmé qu’il me fallait le garder.
Pour le logo, c’était dans le même esprit et je suis très satisfait du résultat, car le côté « bâtons » de l’écriture correspondant mieux au chant de Rachel, beaucoup plus tranchant et hargneux que celui de Candice.

Préfères-tu jouer dans des festivals ou dans des salles ?
Les deux. Chacun de ces endroits est différent et appréciable. C’est sûr que quand tu fais un Hellfest, c’est à la fois gratifiant et jouissif de voir autant de monde ! Mais d’un autre côté, petites ou grandes salles, ça peut être très chaud aussi ! (rires)

Vous avez tourné un clip avec vos fans, vous avez donné un concert événement au Jas’ Rod (Les Pennes Mirabeau) et ce soir (Ndlr : l’interview a été réalisée le jeudi 21 avril 2016), vous proposez une release party à Marseille (Maison Hantée). C’est important pour vous de ne pas « lâcher » Marseille ?
Effectivement, nous avons toujours gardé un contact privilégié avec nos fans et avec notre ville. Après, et tu le sais aussi bien que moi, faire des concerts à Marseille est toujours compliqué. On est ravi de jouer à domicile, cependant, on n’a jamais la certitude que la salle sera pleine. Ça reste le souci majeur de cette ville, et, en discutant avec des groupes étrangers, c’est également ce qui en ressort.

D’ailleurs, suis-tu les autres groupes marseillais ?
Non pas vraiment. Non pas qu’ils ne sont pas de qualité, mais plutôt parce qu’avec le temps et l’âge, je n’écoute que très peu de metal, comme je te l’ai dit précédemment. Par contre, j’ai quand même remarqué qu’avec les années, la scène bouge vraiment, autant au niveau des groupes qu’au niveau des orgas. Et ça, c’est plutôt positif !

Vous avez récemment tourné un clip, as-tu déjà une date de sortie ?
Exact, on l’a tourné à la Maison Hantée, là où aura lieu la release party de ce soir. Difficile de te dire une date exacte, mais ça devrait être pour mi-mai. Je bosse également sur un projet visuel un peu secret, je ne peux rien te dévoiler tant que rien n’est encore bien avancé, mais j’espère pouvoir mener à son terme mon idée.

Une tournée pour promouvoir Ankaa est-elle prévue ?
Bien sûr, d’ailleurs, elle a un peu commencé et se poursuivra la semaine prochaine. Nous aurons des dates en headlining, en France mais également à l’étranger. Nous avons hâte !

Un grand merci à toi, bravo pour cet album et à très bientôt.
Merci Fred, à bientôt, avec plaisir !


Merci à Roger Wessier (Replica rec.) et Season of Mist pour avoir rendue cette interview possible.
 
Critique : Secret Sfred
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