Interview
OBSIDIAN KINGDOM (2020) - Rider G Omega (Guitare)
Obsidian Kingdom vient de sortir avec « Meat Machine » un album d’une très grande richesse musicale. Dépassant les frontières du post-metal, le groupe propose une musique désormais totalement inclassable et totalement novatrice. Rencontre avec leur guitariste Rider G Omega.
« Vous sortez un nouvel album tous les quatre ans. Ce n'est pas une énorme production. »
« Il y a deux raisons à cela. D'abord, nous changeons souvent de line-up. Nous sommes à un âge où être dans un groupe demande beaucoup de sacrifices. Nos membres veulent souvent se concentrer sur leurs jobs ou leurs vies de famille ce que nous respectons bien évidemment. Mais du coup, à chaque fois nous devons repartir de zéro. Cela prend deux, trois ans pour faire un disque. Nous aimerions sortir plus d'albums, bien sûr. Nous ne vivons pas de la musique. Ce groupe se fait dans nos périodes de temps libre ce qui est difficile. Nous sommes à un moment de nos vies où nous espérons vraiment pouvoir vivre de la musique. »
« En même temps la notoriété du groupe est de plus en plus forte. Vous venez de faire la couv de Metal Hammer Espagne. »
« Cela prouve que les choses sont possibles. Quand nous sommes en tournée, nous rencontrons des groupes qui vivent de leur musique. On dit souvent qu'il est difficile d'en vivre, encore plus lorsque tu fais du metal prog mais c'est possible. »
« Vous évoluez musicalement d'album en album. Vous avez débuté comme post-metal puis avais trouvé d'autres voies et encore aujourd’hui de nouvelles avec ce « Meat Machine ». »
« Oui car nous écoutons plein de musique et pas seulement du metal. Nous voulons à chaque fois introduire de nouveaux éléments dans ce que nous faisons. Le metal est trop limité au niveau des émotions. Si tu veux exprimer des sentiments tristes, tu te dois introduire des éléments drone ou jazz dans ta musique. »
« J'ai senti une influence de Pink Floyd dans l'album. »
« On a toujours écouté Pink Floyd. Ils étaient les premiers à créer une musique en dehors des genres. Ils se foutaient de faire du rock, du jazz ou du prog. »
« Naked Politics » est assez Floyd à cet égard. »
« Oui mais cela a aussi une influence brit-pop à la Suede ou à la Blur avec ce genre d'émotion que cette musique pouvait créer. »
« Vous écoutez de tout, j'imagine. »
« Oui en ce moment je n'écoute plus trop de metal. Plutôt du néo-classique ou de la musique électronique. »
« Que représente cette pochette avec ce gros morceau de viande. C'est un appel pour devenir végétarien ? »
« (Rires). Non je suis un grand carnivore pour ma part. Il y a des végétariens dans le groupe, c'est vrai. C'est une réflexion sur la façon dont nous consommons. Cela interroge sur notre façon de consommer le sexe, le travail. Sur la façon dont nous abusons de notre pouvoir. »
« Est-ce un concept-album ? »
« D'une certaine façon. La nourriture est une métaphore de tout ce que nous consommons. C'est inscrit dans notre chair. Mais le disque est plus ouvert qu'un strict concept-album. »
« La pochette possède un côté film d'horreur. Vous venez de recevoir le prix de la meilleure vidéo internationale pour « Meat Star » au récent festival du film d’horreur de Santiago. J’image que c’est une grande joie pour le groupe ? »
« C'est un honneur car c'est la première fois que nous remportons un prix dans un festival de cinéma. On voulait faire du disque quelque chose d’horrifique à la Lynch ou à la Jodorowsky, un genre d’horreur élégante. Jodorowsky a d'ailleurs inspiré cette vidéo. Son style correspond beaucoup au nôtre. Il fait appel à l'inconscient et il y a un message important dans tous ces films. »
« Vous êtes très branchés cinéma d'horreur ? »
« J'adore le cinéma d'horreur. Cela a beaucoup influencé notre musique. « A year with no summer était plus influencé par la science-fiction mais « Mantiis » et « Meat Machine » sont très influencés, eux, par le cinéma d'horreur. »
« Ce cinéma est souvent méprisé alors qu'il est l'exact reflet de nos sociétés. »
« Je suis tout à fait d'accord avec toi. Les films d'horreur sont essentiels pour comprendre l'âme humaine. Ils nous permettent d'affronter les monstres pour grandir. »
« Votre musique est très complexe avec des éléments metal, d'autres pop ou électroniques. »
« Nous ne voulons pas faire une musique trop complexe. Nous voulons produire un son que les gens peuvent mémoriser. Nous avons pour ambition de faire une musique qui soit facile à écouter. On ne pourrait pas être pop même si écrire des hits pop est un challenge. C'est très difficile d'y réussir. Nous parlons de sexe, d'anxiété, thématiques que tu ne trouveras pas dans la musique pop. »
« On ne connait pas grand-chose de la scène metal espagnol. »
« Il y a eu une grosse scène rock en Espagne avec Baron Rojo ou Heroes del Silencio autrefois. Au niveau metal, il n'y a pas énormément de choses, c'est vrai même s’il y a des groupes intéressants comme Wormed ou Foscor. Espérons que cela change. »
« C'est votre deuxième album chez Season of Mist. »
« C'est en fait le troisième car ils ont réédité le premier. Season of Mist est un gros nom, ils aiment la musique, ne font pas cela que pour l'argent. C'est notre dernier album dans notre contrat avec eux. Nous verrons pour la suite. »
« Votre premier album était une totale auto-production. Les gens payaient le prix qu'ils voulaient pour l'acquérir à sa sortie. »
« Personne ne nous connaissait et l'on préférait que des gens nous découvrent en l'achetant à bas prix plutôt que de ne vendre que 100 disques. Cela a super bien marché, d'ailleurs. »
« Vous avez participé à plusieurs occasions à des événements dans des musées, notamment la création d’une bande-son pour le classique du muet « The Phantom Carriage » à l’initiative du Centre de culture contemporaine de Barcelone. Vous aimez ce genre d’événements ? »
« Oui. Nous sommes parfois invités à faire des trucs dans les musées et cela nous plait. Quand tu joues dans un festival metal tout le monde connait la grammaire du genre. Dans un musée, c'est différent. Tu dois expliquer pourquoi tu joues aussi fort. C'est intéressant. Nos sets pour ces événements sont totalement différents de ce que l'on produit habituellement. Nous réalisons une pièce unique de musique dans ces cas-là. »
« Cela vous amène aussi un autre public. »
« On essaie d'élargir notre audience. La plupart de nos fans sont des metalheads. Les gens qui viennent nous voir lorsque nous jouons dans un musée n'iront pas nous voir à un concert « normal ». Mais en revanche des metalheads peuvent venir nous voir jouer au musée et c'est une bonne chose. »
« En ce moment il y a peu de live possible. Vous allez quand même donner des concerts ? »
« On a de la chance car nous allons jouer « Meat Machine » à Barcelone le mois prochain au Château de Montjuic lors d'un Festival. Et nous tournerons en Europe en Mai 2021. »
« Dans votre prochain album allez-vous encore plus expérimenter. Mettre encore plus d'éléments électroniques par exemple ? »
« On voulait à la base que « Meat Machine » soit à 100 % électronique. On l'a réalisé comme cela à la base. On a montré le résultat à notre producteur et il nous a dit : « c'est de la merde ». On a tout refait. On ne sait rien faire d'autre que du rock en fait. Du rock bizarre mais du rock. »
« Vous sortez un nouvel album tous les quatre ans. Ce n'est pas une énorme production. »
« Il y a deux raisons à cela. D'abord, nous changeons souvent de line-up. Nous sommes à un âge où être dans un groupe demande beaucoup de sacrifices. Nos membres veulent souvent se concentrer sur leurs jobs ou leurs vies de famille ce que nous respectons bien évidemment. Mais du coup, à chaque fois nous devons repartir de zéro. Cela prend deux, trois ans pour faire un disque. Nous aimerions sortir plus d'albums, bien sûr. Nous ne vivons pas de la musique. Ce groupe se fait dans nos périodes de temps libre ce qui est difficile. Nous sommes à un moment de nos vies où nous espérons vraiment pouvoir vivre de la musique. »
« En même temps la notoriété du groupe est de plus en plus forte. Vous venez de faire la couv de Metal Hammer Espagne. »
« Cela prouve que les choses sont possibles. Quand nous sommes en tournée, nous rencontrons des groupes qui vivent de leur musique. On dit souvent qu'il est difficile d'en vivre, encore plus lorsque tu fais du metal prog mais c'est possible. »
« Vous évoluez musicalement d'album en album. Vous avez débuté comme post-metal puis avais trouvé d'autres voies et encore aujourd’hui de nouvelles avec ce « Meat Machine ». »
« Oui car nous écoutons plein de musique et pas seulement du metal. Nous voulons à chaque fois introduire de nouveaux éléments dans ce que nous faisons. Le metal est trop limité au niveau des émotions. Si tu veux exprimer des sentiments tristes, tu te dois introduire des éléments drone ou jazz dans ta musique. »
« J'ai senti une influence de Pink Floyd dans l'album. »
« On a toujours écouté Pink Floyd. Ils étaient les premiers à créer une musique en dehors des genres. Ils se foutaient de faire du rock, du jazz ou du prog. »
« Naked Politics » est assez Floyd à cet égard. »
« Oui mais cela a aussi une influence brit-pop à la Suede ou à la Blur avec ce genre d'émotion que cette musique pouvait créer. »
« Vous écoutez de tout, j'imagine. »
« Oui en ce moment je n'écoute plus trop de metal. Plutôt du néo-classique ou de la musique électronique. »
« Que représente cette pochette avec ce gros morceau de viande. C'est un appel pour devenir végétarien ? »
« (Rires). Non je suis un grand carnivore pour ma part. Il y a des végétariens dans le groupe, c'est vrai. C'est une réflexion sur la façon dont nous consommons. Cela interroge sur notre façon de consommer le sexe, le travail. Sur la façon dont nous abusons de notre pouvoir. »
« Est-ce un concept-album ? »
« D'une certaine façon. La nourriture est une métaphore de tout ce que nous consommons. C'est inscrit dans notre chair. Mais le disque est plus ouvert qu'un strict concept-album. »
« La pochette possède un côté film d'horreur. Vous venez de recevoir le prix de la meilleure vidéo internationale pour « Meat Star » au récent festival du film d’horreur de Santiago. J’image que c’est une grande joie pour le groupe ? »
« C'est un honneur car c'est la première fois que nous remportons un prix dans un festival de cinéma. On voulait faire du disque quelque chose d’horrifique à la Lynch ou à la Jodorowsky, un genre d’horreur élégante. Jodorowsky a d'ailleurs inspiré cette vidéo. Son style correspond beaucoup au nôtre. Il fait appel à l'inconscient et il y a un message important dans tous ces films. »
« Vous êtes très branchés cinéma d'horreur ? »
« J'adore le cinéma d'horreur. Cela a beaucoup influencé notre musique. « A year with no summer était plus influencé par la science-fiction mais « Mantiis » et « Meat Machine » sont très influencés, eux, par le cinéma d'horreur. »
« Ce cinéma est souvent méprisé alors qu'il est l'exact reflet de nos sociétés. »
« Je suis tout à fait d'accord avec toi. Les films d'horreur sont essentiels pour comprendre l'âme humaine. Ils nous permettent d'affronter les monstres pour grandir. »
« Votre musique est très complexe avec des éléments metal, d'autres pop ou électroniques. »
« Nous ne voulons pas faire une musique trop complexe. Nous voulons produire un son que les gens peuvent mémoriser. Nous avons pour ambition de faire une musique qui soit facile à écouter. On ne pourrait pas être pop même si écrire des hits pop est un challenge. C'est très difficile d'y réussir. Nous parlons de sexe, d'anxiété, thématiques que tu ne trouveras pas dans la musique pop. »
« On ne connait pas grand-chose de la scène metal espagnol. »
« Il y a eu une grosse scène rock en Espagne avec Baron Rojo ou Heroes del Silencio autrefois. Au niveau metal, il n'y a pas énormément de choses, c'est vrai même s’il y a des groupes intéressants comme Wormed ou Foscor. Espérons que cela change. »
« C'est votre deuxième album chez Season of Mist. »
« C'est en fait le troisième car ils ont réédité le premier. Season of Mist est un gros nom, ils aiment la musique, ne font pas cela que pour l'argent. C'est notre dernier album dans notre contrat avec eux. Nous verrons pour la suite. »
« Votre premier album était une totale auto-production. Les gens payaient le prix qu'ils voulaient pour l'acquérir à sa sortie. »
« Personne ne nous connaissait et l'on préférait que des gens nous découvrent en l'achetant à bas prix plutôt que de ne vendre que 100 disques. Cela a super bien marché, d'ailleurs. »
« Vous avez participé à plusieurs occasions à des événements dans des musées, notamment la création d’une bande-son pour le classique du muet « The Phantom Carriage » à l’initiative du Centre de culture contemporaine de Barcelone. Vous aimez ce genre d’événements ? »
« Oui. Nous sommes parfois invités à faire des trucs dans les musées et cela nous plait. Quand tu joues dans un festival metal tout le monde connait la grammaire du genre. Dans un musée, c'est différent. Tu dois expliquer pourquoi tu joues aussi fort. C'est intéressant. Nos sets pour ces événements sont totalement différents de ce que l'on produit habituellement. Nous réalisons une pièce unique de musique dans ces cas-là. »
« Cela vous amène aussi un autre public. »
« On essaie d'élargir notre audience. La plupart de nos fans sont des metalheads. Les gens qui viennent nous voir lorsque nous jouons dans un musée n'iront pas nous voir à un concert « normal ». Mais en revanche des metalheads peuvent venir nous voir jouer au musée et c'est une bonne chose. »
« En ce moment il y a peu de live possible. Vous allez quand même donner des concerts ? »
« On a de la chance car nous allons jouer « Meat Machine » à Barcelone le mois prochain au Château de Montjuic lors d'un Festival. Et nous tournerons en Europe en Mai 2021. »
« Dans votre prochain album allez-vous encore plus expérimenter. Mettre encore plus d'éléments électroniques par exemple ? »
« On voulait à la base que « Meat Machine » soit à 100 % électronique. On l'a réalisé comme cela à la base. On a montré le résultat à notre producteur et il nous a dit : « c'est de la merde ». On a tout refait. On ne sait rien faire d'autre que du rock en fait. Du rock bizarre mais du rock. »
Critique : Pierre Arnaud
Vues : 2534 fois