Interview
SCAR OF THE SUN (2021) - Terry Nikas (Chant)
On connait depuis longtemps la belle scène metal grec, de Septicflesh à Nightfall en passant par Rotting Christ ou Lucifer’s Child. On connaissait un peu moins Scar Of The Sun mais nul doute qu’avec la sortie de leur troisième album « Inertia » chez Napalm Records cette injustice va être réparée. Entretien avec le fort sympathique et fort intéressant chanteur du groupe Terry Nikas.
« Le nouvel album, « Inertia » arrive cinq ans après « In Flood ». Est-ce que vous l’avez voulu dans la continuité de celui-ci ? »
« Nos trois albums sont très différents les uns des autres. Le nouveau disque est plus agressif que tout ce que nous avons fait jusqu’à présent. Les morceaux sont simples et directs. »
« Pour quelles raisons ne sortez-vous des disques que tous les cinq ans ? »
« On a toujours cherché à signer sur un bon label. Il faut être patient pour cela. Nous tournons beaucoup. Nous n’étions pas sur un gros label jusqu’ici donc les choses prennent plus de temps. Le fait que la Grèce ait été en crise a rendu les choses encore plus difficiles. La pandémie a été aussi un moment difficile et a repoussé la sortie du disque. Mais dans le futur nous sortirons des albums plus souvent puisque nous venons de signer avec Napalm. »
« Cette signature est, j’imagine, bénéfique pour le groupe ? »
« Être chez Napalm nous a ouvert plein de portes. On a une couverture média dix fois plus importante que par le passé. Le label a aimé nos deux premiers albums et a décidé de nous signer. On est très heureux qu’après des années de labeur notre travail ait payé. »
« Tous les morceaux du disque parlent des années de crise qu’a connu la Grèce ? »
« Presque tous. Ce qui s’est passé en Grèce concerne le monde entier. On pense que l’humain, comme pour ce qui s’est passé avec le covid peut-être le virus mais surtout que tout est basé sur le pouvoir et l’argent. On pourrait vivre heureux sur cette planète mais l’humanité est en déclin. Nous parlons de cela dans le disque. La crise en Grèce a été terrible. Comment peut-on survivre sans rien ? Je ne dis pas qu’il n’y avait pas de politiciens corrompus en Grèce mais il en y a partout dans le monde et ces derniers nous ont désignés du doigt comme le mal absolu. Des simples citoyens comme moi doivent payer pour ce que des politiciens ont fait de par le monde. C’est pour cela que le disque est agressif. »
«Quantum Leap Zero I » est un morceau sur les événements survenus en Grèce en 2015. Votre album est-il un disque politique ? »
« C’est un disque social. Je ne suis ni d’extrême gauche ni d’extrême droite ni du centre. Je parle des choses que nous devons absolument changer. Ces trois morceaux « Quantum Leap Zero I, II and III » forment une trilogie qui parle de cette révolution qui se passait alors en 2015. Le gouvernement que nous avions à cette époque a négocié avec l’Europe et celle-ci nous a puni encore davantage. C’était intense en Grèce cette année-là. L’Union Européenne ne voulait pas du référendum proposé par notre premier ministre. Il y avait des gens qui faisaient la queue aux distributeurs dans notre pays pour n’avoir au final presque rien puis un jour il n’y a plus eu d’argent du tout. Ce n’était pas juste. »
« Penses-tu qu’à la fin votre premier ministre Tsipras a trahi ? »
« Absolument pas. Il n’a rien trahi. Il a été forcé à changer sa politique avec un flingue sur la tempe. Son gouvernement a été le meilleur que l’on ait eu en Grèce depuis la chute du gouvernement des colonels en 1974. Et de loin. »
« Est-ce que tu penses que ton message peut faire bouger les choses ? »
« Je n’écris pas des paroles pour changer le monde car je sais que le système ne pourra malheureusement pas être changé. Je ne suis pas là pour démarrer une révolution. J’écris sur les choses qui m’énervent. S’il y a une révolution dans le monde ce serait une bonne chose mais cela n’arrivera pas. Ce sont les intérêts financiers qui gouvernent le monde. Ces intérêts financiers ont malheureusement tout le pouvoir. C’est triste car l’humain détruit du coup sa propre planète. »
« Vous avez enregistré le disque à la maison, en Grèce à Athènes. C’était important pour vous ? »
« C’est difficile pour un groupe grec de faire carrière. Nous avons la chance d’avoir notre propre studio. Du coup nous n’avons pas à nous préoccuper du côté financier ce qui est une bonne chose. La plupart des groupes grecs doivent produire leurs disques en home studio ou dépenser beaucoup d’argent pour enregistrer. C’est difficile pour eux. Je suis le propriétaire du Zero Gravity Studios qui est l’un des plus gros studios d’enregistrement en Grèce. Septicflesh a fait son dernier album ici et y fera le prochain également. Je suis d’ailleurs l’ingé son de ce groupe depuis cinq, six ans maintenant et je travaille dans ce studio depuis douze ans. Pas mal de groupes grecs ont enregistré ici comme Firewind. »
« Les gens de Septicflesh et Rotting Christ ont beaucoup aimé votre album. J’imagine que cela te touche ? »
« Bien sûr. C’est un grand honneur pour nous. Je travaille comme je te l’ai dit avec Septicflesh. Je connais Sakis de Rotting Christ même si nous ne trainons pas ensemble. Du coup ses mots me vont encore encore davantage droit au cœur que si nous étions les meilleurs amis du monde. Rotting Christ a été le premier groupe metal grec à avoir une carrière internationale.»
« Vous évoluez dans un style différent de celui de la plupart des groupes metal grecs. »
« C’est vrai. Il y a beaucoup de groupes death ou black en Grèce mais pas beaucoup dans notre genre. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Il n’y a que quatre, cinq groupes dans notre style en Grèce. C’est une chance pour nous d’être différent musicalement. »
« Vous vous considérez comme un groupe de metal moderne ? »
« Oui d’une certaine façon. On joue un genre entre du death suédois, du metal-core américain et du djent anglais. »
« Il y a aussi un côté prog dans ce que vous faites. »
« C’est vrai. Il y a toujours eu ça chez Scar of the Sun mais cet album est celui où l’élément prog est le moins présent. Tu le trouves dans « Quantum Leap Zero I » néanmoins. Ce côté prog vient de la complexité de nos morceaux. Notre premier album, « A series of Unfortunate Concurrencies » était incontestablement le plus prog de tous nos disques. »
« Tu as beaucoup travaillé sur les vocaux sur ce disque, entre growl et voix claire. »
« Oui c’est vrai. Il y a beaucoup de différences sur les vocaux dans l’album car je voulais approfondir les émotions sur ce disque. On voulait exprimer des sentiments agressifs, d’autres tristes. J’ai beaucoup bossé sur les vocaux pour ce nouvel album. »
« Jans Bogren a masterisé le disque. Comment le connais-tu ? »
« J’ai eu le plaisir de travailler avec lui sur plusieurs albums dont des disques de Septicflesh. Je sais comment il bosse. J’adore tous les groupes avec lesquels il a travaillé de Opeth à Katatonia. Il a un son vintage moderne que j’aime. Les guitares sont chaudes avec lui et j’aime cela. On retravaillera de la même façon sur le prochain album. »
« Vous allez tourner pour ce disque ? »
« On attend de voir si cela sera possible bientôt. Nous adorons tourner. On bosse avec un booker pour trouver des dates. On viendra jouer partout où l’on pourra. On viendra bien sûr jouer chez vous en France. »
« Le nouvel album, « Inertia » arrive cinq ans après « In Flood ». Est-ce que vous l’avez voulu dans la continuité de celui-ci ? »
« Nos trois albums sont très différents les uns des autres. Le nouveau disque est plus agressif que tout ce que nous avons fait jusqu’à présent. Les morceaux sont simples et directs. »
« Pour quelles raisons ne sortez-vous des disques que tous les cinq ans ? »
« On a toujours cherché à signer sur un bon label. Il faut être patient pour cela. Nous tournons beaucoup. Nous n’étions pas sur un gros label jusqu’ici donc les choses prennent plus de temps. Le fait que la Grèce ait été en crise a rendu les choses encore plus difficiles. La pandémie a été aussi un moment difficile et a repoussé la sortie du disque. Mais dans le futur nous sortirons des albums plus souvent puisque nous venons de signer avec Napalm. »
« Cette signature est, j’imagine, bénéfique pour le groupe ? »
« Être chez Napalm nous a ouvert plein de portes. On a une couverture média dix fois plus importante que par le passé. Le label a aimé nos deux premiers albums et a décidé de nous signer. On est très heureux qu’après des années de labeur notre travail ait payé. »
« Tous les morceaux du disque parlent des années de crise qu’a connu la Grèce ? »
« Presque tous. Ce qui s’est passé en Grèce concerne le monde entier. On pense que l’humain, comme pour ce qui s’est passé avec le covid peut-être le virus mais surtout que tout est basé sur le pouvoir et l’argent. On pourrait vivre heureux sur cette planète mais l’humanité est en déclin. Nous parlons de cela dans le disque. La crise en Grèce a été terrible. Comment peut-on survivre sans rien ? Je ne dis pas qu’il n’y avait pas de politiciens corrompus en Grèce mais il en y a partout dans le monde et ces derniers nous ont désignés du doigt comme le mal absolu. Des simples citoyens comme moi doivent payer pour ce que des politiciens ont fait de par le monde. C’est pour cela que le disque est agressif. »
«Quantum Leap Zero I » est un morceau sur les événements survenus en Grèce en 2015. Votre album est-il un disque politique ? »
« C’est un disque social. Je ne suis ni d’extrême gauche ni d’extrême droite ni du centre. Je parle des choses que nous devons absolument changer. Ces trois morceaux « Quantum Leap Zero I, II and III » forment une trilogie qui parle de cette révolution qui se passait alors en 2015. Le gouvernement que nous avions à cette époque a négocié avec l’Europe et celle-ci nous a puni encore davantage. C’était intense en Grèce cette année-là. L’Union Européenne ne voulait pas du référendum proposé par notre premier ministre. Il y avait des gens qui faisaient la queue aux distributeurs dans notre pays pour n’avoir au final presque rien puis un jour il n’y a plus eu d’argent du tout. Ce n’était pas juste. »
« Penses-tu qu’à la fin votre premier ministre Tsipras a trahi ? »
« Absolument pas. Il n’a rien trahi. Il a été forcé à changer sa politique avec un flingue sur la tempe. Son gouvernement a été le meilleur que l’on ait eu en Grèce depuis la chute du gouvernement des colonels en 1974. Et de loin. »
« Est-ce que tu penses que ton message peut faire bouger les choses ? »
« Je n’écris pas des paroles pour changer le monde car je sais que le système ne pourra malheureusement pas être changé. Je ne suis pas là pour démarrer une révolution. J’écris sur les choses qui m’énervent. S’il y a une révolution dans le monde ce serait une bonne chose mais cela n’arrivera pas. Ce sont les intérêts financiers qui gouvernent le monde. Ces intérêts financiers ont malheureusement tout le pouvoir. C’est triste car l’humain détruit du coup sa propre planète. »
« Vous avez enregistré le disque à la maison, en Grèce à Athènes. C’était important pour vous ? »
« C’est difficile pour un groupe grec de faire carrière. Nous avons la chance d’avoir notre propre studio. Du coup nous n’avons pas à nous préoccuper du côté financier ce qui est une bonne chose. La plupart des groupes grecs doivent produire leurs disques en home studio ou dépenser beaucoup d’argent pour enregistrer. C’est difficile pour eux. Je suis le propriétaire du Zero Gravity Studios qui est l’un des plus gros studios d’enregistrement en Grèce. Septicflesh a fait son dernier album ici et y fera le prochain également. Je suis d’ailleurs l’ingé son de ce groupe depuis cinq, six ans maintenant et je travaille dans ce studio depuis douze ans. Pas mal de groupes grecs ont enregistré ici comme Firewind. »
« Les gens de Septicflesh et Rotting Christ ont beaucoup aimé votre album. J’imagine que cela te touche ? »
« Bien sûr. C’est un grand honneur pour nous. Je travaille comme je te l’ai dit avec Septicflesh. Je connais Sakis de Rotting Christ même si nous ne trainons pas ensemble. Du coup ses mots me vont encore encore davantage droit au cœur que si nous étions les meilleurs amis du monde. Rotting Christ a été le premier groupe metal grec à avoir une carrière internationale.»
« Vous évoluez dans un style différent de celui de la plupart des groupes metal grecs. »
« C’est vrai. Il y a beaucoup de groupes death ou black en Grèce mais pas beaucoup dans notre genre. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Il n’y a que quatre, cinq groupes dans notre style en Grèce. C’est une chance pour nous d’être différent musicalement. »
« Vous vous considérez comme un groupe de metal moderne ? »
« Oui d’une certaine façon. On joue un genre entre du death suédois, du metal-core américain et du djent anglais. »
« Il y a aussi un côté prog dans ce que vous faites. »
« C’est vrai. Il y a toujours eu ça chez Scar of the Sun mais cet album est celui où l’élément prog est le moins présent. Tu le trouves dans « Quantum Leap Zero I » néanmoins. Ce côté prog vient de la complexité de nos morceaux. Notre premier album, « A series of Unfortunate Concurrencies » était incontestablement le plus prog de tous nos disques. »
« Tu as beaucoup travaillé sur les vocaux sur ce disque, entre growl et voix claire. »
« Oui c’est vrai. Il y a beaucoup de différences sur les vocaux dans l’album car je voulais approfondir les émotions sur ce disque. On voulait exprimer des sentiments agressifs, d’autres tristes. J’ai beaucoup bossé sur les vocaux pour ce nouvel album. »
« Jans Bogren a masterisé le disque. Comment le connais-tu ? »
« J’ai eu le plaisir de travailler avec lui sur plusieurs albums dont des disques de Septicflesh. Je sais comment il bosse. J’adore tous les groupes avec lesquels il a travaillé de Opeth à Katatonia. Il a un son vintage moderne que j’aime. Les guitares sont chaudes avec lui et j’aime cela. On retravaillera de la même façon sur le prochain album. »
« Vous allez tourner pour ce disque ? »
« On attend de voir si cela sera possible bientôt. Nous adorons tourner. On bosse avec un booker pour trouver des dates. On viendra jouer partout où l’on pourra. On viendra bien sûr jouer chez vous en France. »
Critique : Pierre Arnaud
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