Interview

MAUDITS et SAAR - Olivier (Maudits) et Yann (Saar) - Guitares

Saar et Maudits deux des formations les plus intéressantes de la scène post-metal hexagonale se sont unis le temps d’un split. Résultat : une œuvre superbe qui s’apparente plus à un mini-album qu’à un single. Entretien avec Olivier, guitariste de Maudits et Yann, guitariste de Saar.

« Comment vous est venue l’idée de ce split ? »


Olivier Dubuc, Maudits : « Notre batteur avait du temps en studio. Il a joué ce qu’il sentait. On a mis des arrangements dessus. On voulait le sortir en numérique à la base puis on a pensé à un split. Je joue avec Julien le batteur de Saar dans Throane et Outrenoir. C’était presque logique du coup de le faire avec eux. »

« Le titre de Saar est plus aérien, moins dur que ce que propose le groupe en général. C’est l’influence de Maudits ? »

Yann Desti, Saar : « Objectivement je ne sais pas. Je n’ai pas senti une influence particulière. On a suivi le mood du moment. En tout cas tant mieux s’il y a une continuité avec le titre de Maudits. Tu trouves le titre moins dur que ce que l’on propose généralement mais il y a dans ce titre les riffs les plus véners que nous ayons jamais faits. Après il est vrai qu’une moitié du morceau est très atmosphérique. Et cela rejoint ce que fait Maudits. »

« Vous avez discuté de ce qu’allait produire l’autre groupe ? »

Yann et Olivier : « Pas du tout. Nous ne sommes pas consultés. Et pourtant il y a un thème commun dans ces deux titres ce qui crée une cohérence. »

« Le thème c’est la rupture, la cassure ? »

Yann, Saar : « Oui. Notre titre parle évidemment de rupture. Je parle dans ce morceau de la rupture avec ma femme avec qui j’étais depuis seize ans. J’éprouvais le besoin de parler de cela. Le titre de Maudits lui est sur la cassure. Même sur ce thème nous ne nous sommes pas consultés. Après on se doute que Saar et Maudits ne vont pas parler de fêtes à Ibiza. »

« Les deux morceaux sont très longs. »

Yann et Olivier : « C’est un pur hasard. Vu que l’on savait qu’il n’y aurait que deux titres sur le disque, peut-être qu’inconsciemment on s’est dit qu’il fallait qu’ils soient longs. »

« Il y a un côté doom dans le titre de Maudits. »

Olivier : « Oui il y a un côté sombre et lourd. Notre musique, comme celle de Saar reflète le climat de la société dans laquelle nous vivons. Les tensions sociétales sont très fortes. On vit sans doute un moment de rupture. Il n’a jamais été aussi difficile de faire de la musique mais nous y mettons toute notre énergie. »

« Le morceau de Maudits fait très bande originale avec trois parties distinctes les unes des autres. »

Olivier : « Tout à fait. On voulait cela. Les trois parties ne se ressemblent pas du tout, tout en développant un thème comme c’est le cas dans les BO. On a fait cela de manière très humble car les compositeurs de Bande originale sont d’un très haut niveau musical. On a écrit le morceau à l’instinct. »

« Il y a peu de splits actuellement. »

Yann et Olivier : « Il y en a dans les musiques extrêmes. Dans notre style c’est plus rare et c’est dommage. C’est intéressant car tu rentres dans l’univers de deux groupes. Et pour nous c’était simple car nous sommes potes. »

« Il y a ce côté humain entre vous d’ailleurs. »

Yann et Olivier : « Il est essentiel. Il fallait qu’il y ait cette dimension. Elle est essentielle. Il y a un profond respect mutuel entre nous, entre les deux groupes. »

« Vous pensez collaborer ensemble de nouveau à l’avenir ? »

Olivier : « Suite au split nous allons faire un clip. Nous allons proposer un morceau qui soit comme un mix des titres du split avec un thème du morceau de Saar et un de celui de Maudits qui vont s’entrecroiser. Une sorte de mix avec de l’impro. »

« Le disque sort chez Source Atone. »

Olivier : « C’est le label de Saar. Ils se sentent bien chez eux. Peut-être qu’avec Maudits nous collaborerons davantage avec Source Atone dans le futur. »

« Qui a fait l’art-work du disque ? »

Yann et Olivier : « Un artiste, Guillaume. On lui a envoyé les thèmes. Il nous a fait quatre propositions, toutes très bien. On a choisi celle-là. Elle représente bien l’amour brisé. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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