Interview

DEMANDE A LA POUSSIERE (2024) - Simon (Chant)

Trois ans après « Quiétude Hostile » Demande à la Poussière revient avec un superbe « Kintsugi ». Un disque qui mélange intelligemment black, sludge et doom pour un résultat d’une grande beauté. Entretien avec Simon, nouveau chanteur-guitariste du groupe.

« Je trouve que l’album est à la fois dans la continuité de « Quiétude Hostile » et en même temps différent. »


« Tout à fait. On a voulu conserver la base de ce qu’est Demande à la Poussière tout en introduisant plus d’éléments doom. Il y a eu aussi un changement notable pour ce disque : avant on composait puis les paroles venaient se greffer sur la musique. Là les paroles sont arrivées avant la musique. »

« Tu as remplacé Krys Fruit-denhez au chant. Comment cela s’est-il passé ? »

« J’ai remplacé Krys qui est parti faire d’autres choses. J’avais vu sur la page FB du groupe qu’il cherchait un remplaçant après le départ de Krys. Ce dernier m’a appelé dans l’heure qui a suivi pour me dire qu’il voulait que je postule pour le remplacer. Et cela s’est fait. »

« Tu étais dans un groupe black metal à l’époque, Supplices. »

« Oui et je le suis toujours. »

« Tu viens du black donc ? »

« Non à la base je viens du stoner et du sludge. Mais j’ai toujours écouté du black. Le mélange black/sludge me va parfaitement. Krys trouvait qu’il fallait garder cet aspect black dans DLP. »

« Quel est ton style d’écriture ? »

« Elle est assez crue. Il y a pas mal de jurons dans ce que j’écris. J’ai envie de provoquer l’auditeur. Neil qui écrit l’autre moitié des textes est plus dans un truc poétique. Ca fait une bonne balance. »

« Qu’as-tu amené au groupe avec ton arrivée ? »

« Plus de doom et plus de chant black. J’ai amené pas mal de riffs doom. On a testé pas mal de riffs pour avoir de la matière. J’ai peut-être amené mon influence Electric Wizard, groupe dont je suis très fan. »

« L’influence sludge est très forte dans ce disque. »

« C’est la racine du groupe. On aime les côtés lourd, lent et oppressant du sludge. »

« Que signifie « Kintsugi » le titre de l’album ? »

« C’est un art japonais qui consiste à reconstruire les céramiques avec de la poudre d’or. C’est une métaphore de la reconstruction de soi. Ce qui ne tue pas rend plus fort. »

« Et l’autre titre en japonais de l’album, « Ichinawa » que veut-il dire ? »

« C’est une forme de bondage. « Ichinawa » en japonais signifie corde. »

« Pourquoi écris-tu en français ? »

« Ecrire dans sa langue est plus authentique je trouve. C’est important de se faire comprendre du public. J’ai commencé à chanter en français avec Supplices. La langue française est très riche. »

« Le disque est-il un concept album ? »

« Oui et non. Il ne l’est pas vraiment même si tous les morceaux parlent de la reconstruction de soi. »

« Le disque est long, plus de cinquante minutes. A une époque où l’on s’interroge sur la pertinence du format album. »

« Ecouter cet album demande un certain effort. Le questionnement sur la pertinence du format album vient du fait que l’on dit que les gens ont de moins en moins de temps. Mais en ont-ils vraiment moins ? N’est-ce pas une illusion ? »

« Les textes de l’album font référence à des expériences personnelles ? »

« Oui. Nous avons tous vécu dans le groupe des expériences plus ou moins tragiques en 2023. Le disque parle de cela. Il y a un côté cathartique dans ce que nous exprimons. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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