Live Report

CRADLE OF FILTH - ACOD - La Machine Du Moulin Rouge - Paris - 25/4/2019

 
C’est un concert événement qui a eu lieu le 25 avril dernier à la Machine du Moulin Rouge puisque Cradle of Filth y a donné sa seule date française pour la tournée célébrant les 20 ans de leur album culte « Cruelty and the Beast ».

Les Britanniques ont été précédés par le groupe français Acod, originaire de Marseille, qui a remplacé au pied levé la première partie initialement prévue, The Spirit. Pas de temps perdu, Acod nous met directement dans l’ambiance avec leur black death teinté de thrash ultra efficace, avec un set parfaitement cohérent puisque composé de 7 titres extraits de leur dernier album, « The Divine Triumph ». Les chansons s’enchaînent parfaitement, les quatre musiciens font bloc et leur jeu de scène est très bien rodé, et on n’a pas le temps de s’ennuyer une seconde à l’écoute de ce set rapide, direct, très énergique mais plein de subtilités. Une mise en bouche adéquate qui donne envie de se pencher davantage sur la discographie du groupe, notamment pour prendre connaissance de leurs paroles et creuser un peu plus leur univers.

Setlist : Omnes Tenebrae / Road to Nowhere / Broken Eyes / Between Worlds / Tristis Unda / Fleshcell / Sleeping Shores

Place maintenant au clou du spectacle : Cradle of Filth. La tension est palpable dans la salle avant même l’arrivée des musiciens sur scène, beaucoup de spectateurs gardent précieusement leur place et celle de quelques amis parmi les premiers rangs, et c’est l’euphorie dès que les premières notes d’introduction de l’album « Cruelty and the Beast » commencent. Dani Filth et ses comparses arrivent avec grandiloquence et sont acclamés comme il se doit. À côté de moi, deux filles disent, en voyant arriver le chanteur, « Oooh il est drôle », d’un ton attendri ; une façon peu banale d’accueillir une rockstar. 7 titres et 3 samples de « Cruelty and the Beast » se succèdent, dans l’ordre, d’où une setlist pas très surprenante, mais fidèle à ce que la tournée promettait, et qui semble réjouir les fans massés devant la scène. Pour ma part, je suis un peu déroutée par ce que je vois et entends : j’écoutais Cradle quand j’étais adolescente, soit il y a une moitié de ma vie, c’est l’un des groupes qui m’a initiée au metal, mais mes goûts ont pas mal évolué depuis, au point que je n’aie plus écouté Dani Filth et ses sbires depuis des années. De plus, « Cruelty and the Beast » n’a jamais été un de mes albums favoris de leur discographie. J’ai à la fois l’impression d’avoir à nouveau 15 ans, tout en ressentant soudainement un sacré coup de vieux, c’est assez étrange comme sensation.

Le combo Cradle très caractéristique est bien au rendez-vous : guitares distordues et ultra rapides, basse très présente, voix suraiguë de Dani Filth à laquelle répondent en écho les chœurs lyriques de la claviériste. Les deux guitaristes et le bassiste sont très charismatiques et ils jouent clairement avec le public, ils assurent le show, et l’ambiance se fait de plus en plus animée : le public se met à chanter, pogoter, prendre des milliers de photos et de vidéos, parfois pendant des chansons entières, les bousculades se font de plus en plus bourrines – merci à l’aimable spectateur du premier rang qui m’a littéralement prise sous son aile pour nous protéger des coups, mon appareil et moi. Néanmoins, au bout d’un moment, je tourne un peu en rond : j’ai un peu trop perdu contact avec ce style de black metal horrifique, et j’ai l’impression d’entendre la même chose en boucle après quelques titres, d’autant que le son n’est pas parfaitement équilibré. Les musiciens font et refont les mêmes poses sur scène, les mêmes interactions avec le public. D’un coup je vois bien le côté « berceau » (« cradle ») quand Dani s’égosille dans le micro en tenant la note, me faisant penser à un subtil mélange d’enfant faisant une colère et d’un troll. Voire d’une mandragore hurlante sortie de son pot dans « Harry Potter ».

Au bout d’une heure le chanteur nous adresse la parole pour la première fois : « Hello gai Paris, we are Cradle of Filth ! » C’est toujours utile comme info pour ceux qui en plus d’avoir loupé le début se seraient trompés de salle en pensant venir voir Etienne Daho. Il enchaîne en nous disant qu’il va dédier le titre suivant aux metalheads, puis rectifie en demandant s’il y a des belles femmes parisiennes dans la salle – tant pis pour les moches. En une intervention, la petite dose de machisme ordinaire qui fait plaisir. L’un des guitaristes fait quand même bien l’animation au fil du concert en variant ses facéties ; tournant sur lui-même comme un derviche, se mettant à genoux pour faire mine de se laisser dominer par Dani Filth (pas très crédible), se collant son mediator sur le front pour se faire un troisième œil…

Le long rappel, composé de 4 titres, change un peu de registre puisqu’il pioche dans 3 autres albums du groupe, « Cryptoriana : The Seductiveness of Decay », « Dusk and her Embrace », et « Midian ». De quoi satisfaire des fans de diverses époques, même dans une tourné dédiée à un album spécifique. La soirée s’achève après ce concert qui m’aura paru un peu longuet, 4 ou 5 titres de trop pour moi pour ne pas avoir une impression de rengaine, mais qui était quand même un spectacle de qualité, et qui a vraisemblablement ravi les fidèles du groupe.

Setlist : Once upon Atrocity / Thirteen Autumns and a Widow / Cruelty bought three Orchids / Beneath the howling Stars / Venus in Fear / Desire in violent Overture / The Twisted Nails of Faith / Bathory Aria : Benighted like Usher - A Murder of Ravens in Fugue - Eyes that witnessed Madness / Portrait of the Dead Countess / Lustmore and Wargasm (The Lick of Carnivorous Winds)
Rappel : Malice through the Looking Glass / Heartbreak and Seance / Wester Vespertine / Saffron’s Curse
 
Critique : Elise Diederich
Date : 25/4/2019
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